SARKOZY, LE TEMPS DU DOUTE
Il est déjà difficile d'être un homme ordinaire alors combien est-il plus encore ardu d'être un homme public. Que ce soit dans l'artistique ou dans la politique. Lorsque nous avons commencé ce blog, nous nous sommes laissés allée à notre perception tant de Dominique de Villepin que de Nicolas Sarkozy... or, il est certain que tout sépare ces deux êtres. Tant au physique qu'au psychique. Nous le répétons, il y a quelque chose qui taraude Nick le terrible et qui lui sera néfaste à la longue. Il nous fait penser à Icare... à trop vouloir se précipiter, il va se brûler les ailes. Il possède un très fort ego qu'il lui faudrait maîtriser, certes, mais il a aussi tendance à croire qu'il possède la science infuse et que seules ses idées sont les bonnes. Il lui manque aussi une certaine perspicacité et intuition sur les évènements à venir et qu'il provoque bien souvent... il ne faut pas confondre la bravade avec la bravoure. Il faudrait qu'il apprenne à comprendre les personnes qui vivent sur notre sol, pour commencer... qu'il soit plus fin psychologue... et les personnes qui gravitent autour de lui et qui "le conseillent", qu'en penser ? En attendant, nous voilà en pleine guerre des banlieues parce que des paroles et des actes déplacés ont visé une frange de notre population. Etait-ce vraiment ce qu'il désirait ?
« Un pied dedans, un pied dehors »
Sarkozy le temps du doute
par Carole Barjon
Ministre à part entière ou franc-tireur à l'UMP ? Avec ses pas de deux, Nicolas Sarkozy a altéré son image de présidentiable. Simple mauvaise passe ? Peut-être. A condition que son goût pour le star-système ne dévore pas le personnage politique
Sarkozy le temps du doute
Il y a aujourd'hui deux Nicolas Sarkozy. Le premier est un homme politique aux responsabilités multiples. Le second est un personnage people, héros des médias, aux confins de la politique et du show-biz, dont les faits et gestes alimentent les conversations dans les dîners en ville et la presse à sensation (voir pages suivantes). Ces temps-ci, le second a tendance à éclipser le premier. Au point que ses amis politiques s'inquiètent : où est passé le ministre de l'Intérieur ?
Invité de « Question ouverte » sur France 2 ce jeudi, celui-ci s'efforcera certes de les rassurer et de reprendre la main. Mais depuis plusieurs mois maintenant, Sarkozy est bien plus président de l'UMP que ministre de l'Intérieur, des Cultes et de l'Aménagement du Territoire. Certes, il se rend toujours sur le terrain - ce mercredi encore, il était avec les gendarmes et les policiers des GIR (groupements d'intervention régionaux) - ; certes, il intervient sur les expulsions de squats ou d'immigrés clandestins, mais Villepin lui laisse bien peu d'espace, que ce soit sur la Corse ou sur le dossier de l'immigration. Enfin, les questions de sécurité passent dans l'esprit des Français après celle du chômage. Du coup, en dehors de l'épisode de La Courneuve et du Kärcher, les projecteurs et les micros sont ailleurs.
On entend surtout Sarkozy parler de l'élection présidentielle, de la «rupture» nécessaire pour 2007, de sa manière de faire de la politique comparée à celle des autres, du système de primaires qu'il veut mettre en place à l'UMP. Bref, il parle boutique, de son avenir, de lui. On l'entend ainsi, un dimanche soir sur TF1, en plein débat sur l'emploi, tonner, la mâchoire serrée, que «rien ni personne ne m'empêchera d'aller jusqu'au bout». Message reçu cinq sur cinq par les militants de l'UMP, mais pas forcément par tous les téléspectateurs. «Avant, Sarkozy s'occupait des problèmes des Français; maintenant, les Français sont forcés de s'occuper des problèmes de Sarkozy», déplore un sarkozyste inquiet. A l'Elysée, Jacques Chirac a évidemment vu la faille : «Le devoir de tout ministre est de faire son travail. C'est le contrat passé avec les Français en 2002. Sinon à quoi servent les hommes politiques? Dire aux gens «on s'occupera de vous dans deux ans», c'est irresponsable et dangereux», lâche, mine de rien, et bien sûr sans viser personne, un conseiller du chef de l'Etat.
Doer, « celui qui fait » : c'est ainsi que les Américains désignent un homme d'action. C'est notamment parce que les Français ont été séduits de 2002 à 2004 par sa capacité à prendre les problèmes à bras-le-corps, à se colleter avec la réalité et à la maîtriser que Nicolas Sarkozy est devenu populaire et a acquis son statut de présidentiable. Or son image s'est aujourd'hui dégradée dans les études d'opinion. «Normal, dit Brice Hortefeux, ministre délégué aux Collectivités territoriales, l'un de ses fidèles, il séduit moins à gauche. Nicolas savait bien qu'en devenant président de l'UMP il courait le risque d'avoir une image plus partisane, plus politicienne. Mais au total il en tire une majorité d'avantages pour une minorité d'inconvénients.» Sans doute. Mais il n'y a pas que cela.
La nervosité de Sarkozy depuis plusieurs mois, ses petites phrases vachardes, ses attaques contre Chirac, son manque de sang-froid face à la montée en puissance de Villepin, ses bouderies lui ont forgé une image d'impatience et de dureté. En outre, son discours sur la « rupture », thème éminemment décalé lorsqu'on est membre d'un gouvernement, l'évocation régulière de son « boulot de dans deux ans » contribuent au brouillage - «un pied dedans, un pied dehors», observe un ministre. Du coup, se pose une nouvelle fois la question du bien-fondé de son entrée au gouvernement et de son retour dans un ministère où il avait déjà fait ses preuves. «C'est vrai, il y a un problème de lisibilité», constate, ennuyé, l'un de ses fidèles. Bref, pas d'erreurs grossières, pas de fautes, mais de petites failles, des contretemps qui créent un climat et instillent le doute sur sa dimension présidentielle. Pour la plupart de ses proches, Sarkozy doit d'urgence retrouver la sérénité qui sied à tout postulant sérieux à l'Elysée et «faire à nouveau le ministre».
L'essentiel cependant est sauf. Dans les sondages d'intentions de vote pour la présidentielle, Sarkozy est toujours, loin devant tous les autres, le meilleur candidat de la droite. «Il a toutes les caractéristiques d'une personnalité centrale de la vie politique», note Pierre Giacometti, directeur des études d'Ipsos. Le socle de popularité de Sarkozy demeure d'une remarquable solidité notamment parce qu'il dispose d'un noyau de partisans exceptionnellement déterminés.
Convaincu que Villepin n'est qu'une baudruche qui se dégonflera à la première occasion, Sarkozy entend donc creuser son sillon. Tout en ayant déjà commencé à rectifier le tir et à modérer ses propos, notamment face à Chirac. «Dans l'histoire du lièvre et de la tortue, assure Hortefeux, la tortue, c'est Nicolas. Il a son calendrier et il sait où il va.»«Il reste le meilleur sur le fond, estime Pierre Méhaignerie, secrétaire général de l'UMP. Outre sa détermination, il a une vision et les plus grandes qualités pédagogiques pour faire passer ses messages. A condition qu'il fasse attention aux formes, la phase de flottement est derrière lui.» A condition aussi que le président de l'UMP ne l'emporte pas de nouveau sur le ministre. A condition enfin que le personnage people ne dévore pas l'homme politique.
Posté par Adriana Evangelizt