Egypte : La colère enfle contre la hausse des prix
Un petit aperçu de ce que vit l'Egypte avec l'inflation. Les gens vivant en dessous du seuil de peuvreté est de 20 %. Il ne faut pas croire que cela ne peut arriver qu'aux autres. Malgré les sondages bidons qui donnent le chômage en recul, la misère va aussi grandissant chez nous.
Egypte : La colère enfle contre la hausse des prix
La flambée des prix des produits de base depuis le début de l'année provoque une grogne sociale en Egypte, avec des heurts parfois meurtriers et des menaces de grèves en cascade.
Ouvriers de l'industrie textile, professeurs et même médecins du secteur public ont multiplié les mouvements de protestation avec pour slogan commun "Halte à la vie chère".
Fin février, au moins 10.000 ouvriers de la plus grande usine textile d'Egypte ont manifesté contre la hausse des prix, exigeant l'augmentation de leur rémunération.
Une nouvelle poussée des prix, pour des raisons intérieures ou exogènes, est manifeste. Le taux officiel de l'inflation, en rythme annuel, est repassé à deux chiffres, atteignant 12,5 % fin février.
Selon les chiffres officiels, les prix des denrées alimentaires se sont envolés, comme celui du pain hors subvention, dont les Egyptiens sont les plus gros consommateurs au monde, qui a bondi de 26.5% en un an.
Les produits laitiers ont grimpé de 20 %, contre 40 % pour l'huile. La presse a publié une liste de produits de base dont certains auraient augmenté de 122% de février 2007 à février 2008.
"Et il faut savoir que l'inflation est de loin supérieure aux chiffres avancés par le gouvernement", affirme à l'AFP l'économiste Ahmed al-Naggar, du Centre d'études stratégiques d'Al-Ahram au Caire.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), les dépenses du ménage moyen égyptien auraient augmenté de près de 50% depuis le début 2008.
Pour le gouvernement, cette inflation est principalement engendrée par une hausse des prix sur les marchés mondiaux, comme celui du blé, dont l'Egypte est l'un des plus gros importateurs au monde.
Mais pour l'opposition, c'est la politique libérale du régime du président Hosni Moubarak qui est la cause d'une telle situation, en enrichissant les plus riches et appauvrissant les plus pauvres.
En septembre, la Banque Mondiale a délivré un satisfecit économique à l'Egypte, dont le taux de croissance dépasse les 7% par an, tout en soulignant que la pauvreté s'était encore aggravée depuis 2000.
Désormais, 20% des 78 millions d'Egyptiens vivent au-dessous du seuil de pauvreté (2 USD par jour) et 20% se retrouvent juste au-dessus de cette ligne. 3,8% sont considérés comme étant dans un état d'extrême pauvreté.
Signe de la tension sociale, au moins quatre personnes qui tentaient d'acheter du pain subventionné sont mortes et un grand nombre blessées dans des heurts qui deviennent quasi-quotidiens dans plusieurs régions d'Egypte, selon un responsable des services de sécurité.
"Etant donné que les salaires n'ont pas augmenté proportionnellement aux prix des aliments, il devient de plus en plus difficile pour les gens de survivre, en particulier ceux qui ne font pas partie du programme de subventions", affirme le PAM.
"Si le gouvernement ne prend pas conscience de la gravité de la situation, nous nous dirigeons vers une explosion plus forte encore que celle de 1977", estime Mahmoud al-Asqalani, le porte-parole de "Citoyens contre la hausse des prix", un mouvement tout récent.
Il faisait allusion aux "émeutes du pain", provoquées il y a 30 ans par l'annonce de la suppression des subventions sur le pain.
Ces émeutes, l'une des dernières démonstrations de soulèvement populaire en Egypte, avaient fait au moins 70 morts et obligé le gouvernement à revenir sur sa décision.
L'Union des travailleurs a indiqué qu'elle demanderait que le salaire minimum soit porté à 800 livres égyptiennes (un peu moins de 150 USD). Le salaire moyen actuel est de près de 200 livres.
La presse, elle, titre régulièrement sur la hausse "folle" des prix de produits de base.
"Il semble que le citoyen égyptien n'ait plus de solutions. Tous les jours, il est accueilli à son réveil par une nouvelle hausse des prix des produits de base, au point que la hausse des prix le poursuit comme un cauchemar", dénonce Nahdet Misr (opposition).
Sources Jeune Afrique
Posté par Adriana Evangelizt