L'apprentissage et le travail de nuit

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Alors pondre des lois, c'est bien joli mais encore faut-il en connaître les répercussions. Dans l'article ci-dessous, il est question des apprentis et du travail de nuit. L'apprentissage désormais commencera à 15 ans. Nous avons travaillé en restauration pendant plus de 20 ans. Et nous avons vu des apprentis défiler dans de nombreux établissements. Outre que les patrons leur demandent souvent de travailler bien plus qu'ils ne devraient pour un salaire de misère -200 frs par mois à l'époque-, outre les insultes et les coups qu'ils reçoivent... outre que ce sont malgré tout des adolescents donc encore enfants, l'apprentissage en France est une honte car le trois quart des patrons se conduisent avec ces jeunes comme des tyrans. Le fait que l'on est raccourci l'âge de la scolarisation ne va sûrement pas arranger le problème...

Dès 15 ans, les apprentis pourront travailler la nuit 

par Carine FOUTEAU

L'un des effets collatéraux du dispositif d'apprentissage à 14 ans risque d'être une hausse du travail de nuit des mineurs. Après une passe d'armes avec les députés socialistes en fin de semaine dernière, le gouvernement a en effet concédé que les apprentis, dès 15 ans, pourraient travailler de nuit dans les secteurs déjà soumis à dérogation pour les mineurs de 16 et 17 ans. Mais, a justifié Laurent Hénart, le rapporteur du texte, « la réalité, c'est que les ministres successifs ont laissé pendant des décennies des apprentis travailler de nuit, le dimanche et les jours fériés, sur la base d'un simple texte réglementaire ».

L'historique du travail de nuit des mineurs est, de fait, sinueux : après des années de flou juridique, une ordonnance du 22 février 2001 a prévu que des dérogations à l'interdiction du travail de nuit des mineurs puissent être accordées dans certains secteurs. Dans un premier temps, seule la boulangerie a été concernée. Puis, le décret du 13 janvier 2006 est venu compléter et préciser la liste : outre la boulangerie et la pâtisserie (à partir de 4 heures du matin), sont cités la restauration et l'hôtellerie (de 22 heures à 23 h 30) ainsi que les spectacles et les courses hippiques (de 22 heures à minuit).

Au-delà du contexte juridique, qu'en est-il dans la pratique ? Le sujet est étrangement peu documenté : à l'Insee, on estime à 171.200 le nombre de jeunes de 15 à 24 ans travaillant habituellement de minuit à 5 heures du matin et à 154.600 le nombre de ceux étant soumis occasionnellement à des horaires de nuit (enquête emploi 2003), sans plus de détail (sur les moins de 18 ans), notamment sur l'impact que cela peut avoir sur leur santé.


La dérogation devient la règle

Quels pourraient être les effets de la réforme de l'apprentissage ? Jusqu'à présent, les jeunes âgés de 15 ans devaient obtenir une dérogation pour signer un contrat de travail comme apprenti. A partir de maintenant, la dérogation devient la règle, si bien que le nombre des jeunes travaillant à cet âge devrait automatiquement augmenter, de même que la part de ceux exerçant la nuit, puisque l'hôtellerie, la restauration, la boulangerie et la pâtisserie représentent à eux seuls 21 % des apprentis. A titre indicatif, la métallurgie est le premier secteur à avoir autorisé le travail nocturne des femmes en 1986-1987. Nulle à cette époque-là, la part des ouvrières de l'industrie travaillant la nuit est passée progressivement de 2,5 % en 1993 à 8,7 % en 2002.
Sources : LES ECHOS

Publié dans CHÔMAGE

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