L'heure de vérité pour DDV

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Villepin à l’heure de vérité

Les sondeurs sont des gens extraordinaires. Question : le contrat première embauche (CPE) augmente-t-il la précarité ? Ô surprise, près de deux Français sur trois répondent par l’affirmative ! On aurait pu tout aussi bien leur demander s’il fait plus froid en hiver !


En réalité, la seule question qui importe est de savoir si le CPE va aider les jeunes à trouver un emploi. Or, même si les experts font la fine bouche, ce nouveau coup de canif au Code du travail va incontestablement dans le sens que tous prônent : des mesures ciblées sur des populations à fort taux de sans-emploi, comme en atteste la formidable baisse du chômage en Italie, plutôt que des mesures générales, comme aurait pu l’être l’extension du contrat nouvelles embauches à toutes les entreprises. Seul couac : essayez donc de trouver un job aujourd’hui quand vous avez passé le seuil fatidique de la vingt-sixième année : au-delà de cette limite, le ticket anti-chômage n’est plus valable !


Sans être « le projet le plus social jamais élaboré pour les jeunes » , ainsi que l’a qualifié exagérément Dominique de Villepin sur Europe 1, le CPE porte la triple marque de fabrique du Premier ministre, comme le détaille notre dossier de couverture ( lire page 52 ) : d’abord, le choix du mouvement et de la vitesse, le pilote de Matignon ayant la conviction que ses prédécesseurs (Lionel Jospin et Edouard Balladur) avaient été balayés au premier tour de la présidentielle à cause de leur immobilisme en année préélectorale ; ensuite, la préférence pour l’expérimentation, qui rapproche Villepin d’un Tony Blair, une référence qui redevient furieusement tendance, et plus seulement à droite (merci Ségolène !) ; enfin, son habileté à profiter de chaque fenêtre de tir, avec, d’un côté, des statistiques du chômage fort opportunément en régression et, de l’autre, une opposition politique et syndicale en capilotade. Qu’a-t-on retenu finalement de la journée de manifestations anti-CPE ? La trop classique grève sauvage des contrôleurs aériens d’Orly !


En prenant un risque majeur sur le CPE, Dominique de Villepin s’est donc affranchi du rôle tristounet de dauphin que Jacques Chirac lui avait assigné, avec pour mission annexe d’écarter Nicolas Sarkozy. Les « meilleurs ennemis » du gouvernement se retrouvent tous deux adeptes de la rupture, le premier sans l’afficher, le second sans vergogne. Et si Sarkozy, par sa pédagogie à la hussarde, a fait finalement la courte échelle à Villepin, ce dernier pourrait à son tour rendre un service à son rival : lui prouver que la rupture n’est pas synonyme de débordements.

Sources : CHALLENGES

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans CHÔMAGE

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