La trahison des élites
Sans vouloir être défaitiste, il nous semble que Dominique de Villepin est en train de s'égarer. Il s'égare tellement que cela risque de lui être fatal. Où est passé l'homme des débuts ? Où est-il ? Nous n'en apercevons même plus l'ombre. Il est en train de devenir le sosie parfait de Sarkozy. Et il nous déçoit. Beaucoup. Beaucoup trop pour continuer à le suivre dans une voie qui n'est plus la notre. A trop vouloir en faire, il fait mal. Il bacle l'ouvrage et pour persuader tout le monde qu'il a raison, il fait comme son homologue, le coup de force. Le choix n'est même plus permis. On est obligé d'en passer par là ou par la porte. Il impose d'office. Nous n'aimons pas les dictateurs. Et nous n'aimons pas non plus les gens qui veulent nous persuader qu'ils ont raison alors qu'ils ont tort. A trop vouloir surpasser son adversaire ou le dépasser, il finit par lui ressembler. Il n'y a plus rien de gaulliste là-dedans. D'autant que le chômage n'est pas la pire calamité de la France. Ce qui la ronge c'est qu'elle se vend mal ailleurs. Son déficit de commerce extérieur en est la preuve flagrante. Dominique de Villepin s'en prend aux chômeurs, il ment sur les chiffres, il triche... il est en train de devenir ce que nous haïssons. L'autre. Et à cause de cela, il est en train de creuser sa propre tombe. On ne bâtit rien en copiant. On se grandit en inventant... en créant... le poète serait-il en manque d'inspiration ?
Villepin fait le coup de force contre le Parlement
par Sébastien Crépel
Assemblée nationale . Le premier ministre a engagé, hier, la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi sur l’égalité des chances, qui sera adopté sans vote.
Le texte créant le CPE ne fera pas l’objet d’un vote solennel des députés. Alors que l’amendement qui le crée sur l’initiative du premier ministre a été accepté dans la nuit de mercredi à jeudi par la majorité UMP à l’Assemblée nationale (UDF, PS et PCF ont voté contre) le gouvernement a choisi le coup de force du 49-3 pour en finir avec les débats sur le projet de loi sur l’égalité des chances, prévus à l’origine jusqu’à dimanche.
Absent tout au long des débats sur le projet de loi, le premier ministre est venu dans l’hémicycle, hier soir, signifier sa décision. Une procédure d’exception qui permet à Dominique de Villepin « d’engager la responsabilité de son gouvernement » pour adopter, sans vote des parlementaires, le texte en cours d’examen. Il a justifié son choix par « l’obstruction » que la gauche aurait pratiquée depuis « une dizaine de jours ». En réalité, Dominique de Villepin s’est surtout montré pressé d’entériner un texte rejeté par l’opinion, comme l’ont attesté les manifestations de mardi dernier qui ont rassemblé près de 400 000 personnes dans 178 rassemblements dans toute la France, ainsi que les différents sondages indiquant tous qu’une majorité de Français est hostile au contrat première embauche (CPE). Après les ordonnances de juillet sur le CNE, son nouveau coup de force démontre donc avant tout sa position de faiblesse.
Comme le veut le règlement de l’Assemblée nationale, son président, Jean-Louis Debré, a immédiatement mis un terme aux débats sur le projet de loi. Dans la foulée, le groupe socialiste a annoncé une motion de censure à l’encontre du gouvernement, dont devrait tomber le 21 février. Le groupe communiste, qui ne peut en faire autant faute de réunir un dixième de l’Assemblée, a indiqué qu’il votera la motion. L’UDF ne la votera pas. Mais celle-ci n’a aucune chance d’être adoptée.
Un texte non amendable
La représentation nationale est donc bafouée. Seul le Sénat sera en effet saisi, à partir du 28 février, de la trentaine d’articles restant en débat au moment de la décision du premier ministre, en vertu de la procédure d’urgence utilisée par le gouvernement. Parmi les mesures non débattues, le contrat de responsabilité parentale, la création de nouvelles zones franches urbaines, le transfert de pouvoirs de police élargis aux maires, la création d’un service civil volontaire, ne seront donc pas soumises aux députés. Le texte ne reviendra en dernier lieu devant les deux Assemblées que sous une forme non amendable, élaborée par une commission mixte de sénateurs et de députés.
Bernard Accoyer, président du groupe UMP, a justifié le 49-3 en invoquant « les manoeuvres » répétées de la gauche pour « éviter le vrai débat ». Pour Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste, la décision du premier ministre s’expliquerait par une UMP « minoritaire » au Palais-Bourbon suite au départ en vacances précipité de ses membres. Maurice Leroy, pour le groupe UDF, s’est aussi élevé contre le 49-3, une « mascarade » qui ne « grandit pas le premier ministre ». « Après le coup de force des ordonnances, puis de la déclaration d’urgence et de l’amendement CPE, le 49-3 est une nouvelle atteinte à la démocratie pour imposer la casse du contrat de travail », a déclaré quant à elle la députée et secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet, appelant « le monde du travail et la gauche à se mobiliser pour sauver le CDI ».
Car le texte n’est pas pour autant définitivement adopté, loin s’en faut. Au Sénat, où le gouvernement ne peut utiliser le 49-3, l’UMP est en position de fragilité, ne disposant plus de la majorité absolue depuis les dernières sénatoriales. Le président des députés communistes, Alain Bocquet, a déjà mis au pied du mur les sénateurs UDF en leur demandant « des initiatives » pour exprimer leur rejet du CPE au Palais du Luxembourg au côté de la gauche. D’ici là, la mobilisation peut reprendre la main.
Sources : L'Humanité
Posté par Adriana Evangelizt