En campagne à Toulon ?
Un article avec beaucoup d'humour... et Dieu sait qu'il en faut pour supporter ce qu'on supporte !
Toulon, Villepin a serré les mains et joué les parfaits candidats.
"Ce goût de noisette, formidable..."
par Michel Henry
Ne dites pas à Villepin qu'il fait campagne sur le marché de Toulon : il croit qu'il visite la rénovation du centre-ville. Vendredi, il est venu pour ça, paraît-il. La rénovation, ça sera réglé tout à l'heure en deux minutes, devant trois panneaux, face à l'Opéra. Pour l'instant, il serre des louches, cours Lafayette. Trouvez ça louche ? Pas du tout. «Il est magnifique», dit une dame. Le Premier ministre gobe une huître. «Goût de noisette. Formidable.» Pose devant des poissons, des olives, du raisin. Et de l'humour, avec ça : «Vous êtes serrés contre les patates, ça va faire de la purée...» Il trouve tout «formidable». «Formidable, cette ville ! Cette hospitalité !» Il paraît qu'il a «une passion pour les anchois». C'est dire si cet homme ira loin. D'ailleurs, un type l'interpelle : «Bonjour, M. le futur président de la République !» Comment il sait ? «Ah vous êtes gentil», répond le Premier ministre. «Je voterai pour vous !» «Inch Allah !» En plus, il parle arabe. Formidable.
Une dame s'extasie : «D'habitude, ils sont gros et gras.» Là, il est grand et mince. Et beau. Une autre fan : «Vous êtes charmant !» Un type pousse sa femme : «Fais-lui la bise ! Mais si ! Faut pas se gêner !» Il est là pour ça. Et quand Dominique de Villepin n'a plus de réponse, Jean-Louis Borloo, son boute-en-train, fait une vanne. Jeanine, qui vend des salades : «Toute l'année, j'en vends des salades ! C'est pas évident !» Borloo, ministre de l'Emploi : «Je sais ! Je suis le marchand de salades du gouvernement !» Une commerçante résume : «Alors, M. Villepin, on est content, on se promène dans Toulon ? Et on va faire quelque chose pour la jeunesse ?» Mais oui, il est content. Et pour la jeunesse, il fait déjà. Il ne fait que ça.
Le Premier ministre avance dans les rues de Toulon comme un type qui a un destin pour la France et inversement. Il offre son corps au pays et aux photographes. Avant, à l'hôtel de ville, il a fait un discours, mi-accents gaulliens, mi-sermon de curé de campagne. En campagne, plutôt. Dans la rue, il voit des jeunes. Les jeunes, en ce moment, c'est important. Alors, il dit : «Belle jeunesse !» Formidable. Il se souvient qu'il a été enseigne de vaisseau, ici, en 1977. «J'arpentais les rues de Toulon...» Va-t-on glisser vers le petit Chicago, les restes du quartier chaud, les bars à filles ? Non, hélas. Ça ne doit pas être dans le périmètre de rénovation.
Alors, au moins, après le bain de foule, le bain tout court ? «Sitôt qu'il n'y a plus les photographes, je prends un bain ! Elle est à combien ? 14 ? Ça va.» Là, le Premier ministre nous mène en bateau. Direction La Seyne-sur-Mer, une entreprise à visiter. Sur le bateau, encore des photos. Toujours aussi beau. Comme sa devise qu'il nous dévoile, au retour : «Humilité, simplicité.» C'est tout lui. «Rien n'est gagné, aucune place n'est réservée, tout est à conquérir», dit-il encore. Certains y voient un message politique. Pour la présidentielle. Ah bon ?
Sources : LIBERATION
Posté par Adriana Evangelizt