Sarkozy, la «main-d’œuvre» tunisienne et «l'intelligence» française

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Nous pensons que si nous avions été Tunisiens, nous aurions sifflé, hué, et dieu sait quoi d'autre ? lorsqu'il a eu l'audace de parler d’unir l’«intelligence» et les « formations» françaises à une «main-d’œuvre [tunisienne] qui ne demande qu’à être formée »... et d'ajouter plus loin « soyez assurés qu’on ne pille pas vos élites. » et que dire de « Il y a un rivage où l’on invite, il y a un rivage où l’on est invité si on est bien élevé. » Se rend-il compte des mots qu'il profère ? Nous traduisons... On veut votre main-d'oeuvre mais pas vos élites parce que nous possédons l'intelligence. Sur votre rivage, on invite mais sur le notre, on est invité si l'on est bien élevé. Mais pour qui se prend-ON et pour quoi prend-ON les autres ? La réponse est claire «La France est le premier partenaire économique de la Tunisie. » Voilà à quoi se résume la bonté de Sarkozy ! Le business. Non seulement il dévalorise un Peuple en prenant des airs supérieurs, mais en plus, comme si ce n'était pas assez, il vend pour des milliards ses avions et ses centrales nucléaires alors que les Tunisiens se serrent la ceinture encore plus que les Français. Et c'est peu dire. Et nous ne parlerons pas là de tout ce qu'ils subissent sous la férule du despote. Mais faire l'impasse sur les droits de l'homme, c'est remercier le dictateur parce qu'il adoube l'Union Méditerranéenne et Israël en prime. Et ça, franchement, ça mérite qu'on mette une croix sur tous les crucifiés tunisiens ! Et que dire de sa tirade : «La France sera entendue des autres sur toutes les questions, y compris les plus sensibles, y compris les droits de l’homme, si, elle-même, fait des efforts.» On a bien entendu là ? Si elle même fait des efforts ? Qui est le président de la France et qui approuve les camps de détention pour les émigrés et les sans-papier ??? Qui n'amélirore pas leur condition de détention ? Qui embastille à tour de bras alors que les prisons sont bourrées à craquer ? La France ne peut pas faire d'efforts avec le président actuel car tout est fait pour qu'elle n'en fasse pas. Bien au contraire. Alors il faudrait éviter de parler de la France comme si c'était un pays étranger dont ON ne connaîtrait pas le chef d'Etat. Il y a beaucoup trop de gens qui souffrent aujourd'hui chez nous et qui savent très bien pourquoi et à cause de qui. Le quarantième anniversaire de Mai 68 pourrait peut-être bien se tranformer en barouf. C'est ce que disent les augures. Avis.



Sarkozy, la «main-d'œuvre» tunisienne et «l'intelligence» française



Le président français souhaite unir les «formations françaises» aux Tunisiens qui demandent «à être formés». Mercredi, il a renouvelé ses félicitations au président Ben Ali en matière de liberté.

Le président tunisien Ben Ali peut commencer une collection de bons points. Ce mercredi, Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois salué les progrès accomplis par la Tunisie en matière de liberté et de tolérance. Si le président français a convenu que «tout n’est pas parfait en Tunisie», c’était seulement pour ajouter: «Tout n’est pas parfait en France non plus». Et de demander, au risque de faire rougir son hôte tunisien:
«Quel pays peut s’enorgueillir d’avoir autant avancé en un demi-siècle sur la voie du progrès, sur la voie de la tolérance, et sur la voie de la raison?»

Pour ceux qui en doutaient encore, l’éloge de «l’espace des libertés» qui «progresse» en Tunisie n’était donc pas un dérapage. Pas plus que la proposition d’unir l’«intelligence» et les «formations» françaises à une «main-d’œuvre [tunisienne] qui ne demande qu’à être formée» faite mardi devant des patrons des deux pays à Tunis. La tête et les jambes à la sauce Sarkozy en somme.

Souci de clarté

Pour Nicolas Sarkozy, l’idée est de concurrencer l’Asie en créant «un pôle gagnant-gagnant». Quelques minutes plus tard, le Président martèle: «Ensemble, avec votre main-d’œuvre, avec nos écoles, nos universités, avec ce que nous échangerons, nous pouvons créer un modèle qui triomphera dans le monde entier.» Mais attention, Sarkozy ne voudrait pas que l’on pense que l’échange est inégalitaire: «Gérons ensemble les flux migratoires pour que vous, Tunisiens, soyez assurés qu’on ne pille pas vos élites. Et que nous, nous puissions accueillir ceux à qui nous pouvons donner un travail et un logement.»

Par souci de clarté sans doute, le chef de l’Etat a tenu à dénoncer une vision dépassée des relations bilatérales: «Il y a un rivage où l’on invite, il y a un rivage où l’on est invité si on est bien élevé. C’est une négation de ce qu’est le monde aujourd’hui. Il n’y a pas les pays en première division et les pays en seconde division. Il y a des pays qui sont égaux en droit et en devoir.»

«La France essaie de comprendre des réalités»

Et au sujet des droits, toujours audacieux et briseur de tabous, Sarkozy n’a pas hésité à évoquer ceux... de l’homme: «La France sera entendue des autres sur toutes les questions, y compris les plus sensibles, y compris les droits de l’homme, si, elle-même, fait des efforts.» Faut-il comprendre qu’elle n’en fait pas et qu’il est lui donc impossible d’aborder le sujet hors de ses frontières ?

De toute façon, Sarkozy répète son nouveau credo: la France ne donne pas de leçons, «la France essaie de comprendre des réalités». La France ne pointe pas les problèmes, elle indique que «sur tel point ou sur tel autre, nous pensons que le bon chemin, c’est celui-ci».

Mais le modeste président français s’est révélé plus assuré sur un autre sujet: «La France est le premier partenaire économique de la Tunisie. (...) Nous sommes là pour vous dire que nous sommes prêts à nous battre pour la conserver et pour la conforter.» Ouf.

Sources
Libération

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Sarkozy-Afrique-CHINE

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