Salle Gaveau, Nicolas Sarkozy n'était pas à la fête

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Et là, que penser franchement ? Il s'est servi de l'UMP jusqu'au trognon et une fois qu'il a eu ce qu'il voulait, basta ! L'UMP n'a même pas le droit d'avoir un président. Et il n'est même pas venu pour la fête qu'ils avaient préparé.



Salle Gaveau, Nicolas Sarkozy n'était pas à la fête



Jusqu'au dernier moment, ils l'ont espéré. Las, un an après son accession à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy n'a pas répondu à l'invite de l'UMP qui le conviait dans la très symbolique salle Gaveau, dans le 8e arrondissement de Paris, pour souffler sa première bougie. C'est à 19 heures que Patrick Devedjian, secrétaire général de l'UMP, met fin au suspens, annonçant la mauvaise nouvelle aux 2 000 nouveaux adhérents qui se massent dans la salle depuis 16 h 30 : "Mes chers amis, Nicolas Sarkozy vient de me faire savoir qu'il ne viendra pas. Il vous remercie chaleureusement et il va écrire à chacun d'entre vous."

Pourtant, c'est dans ce théâtre situé à deux pas du siège de l'UMP, que, dès 2004, alors qu'il était président du mouvement, Nicolas Sarkozy recevait tous les samedis matin pendant deux heures les nouveaux adhérents et qu'il rodait devant eux ses futurs discours de campagne présidentielle. Il y lança notamment le slogan "La France d'après" en janvier 2006. Quelques semaines avant, il avait même convié l'imitateur Gérald Dahan à faire sa "première partie". Cela ne s'invente pas. C'est là, encore, que le soir du 6 mai 2007, il fit son premier discours de patron de l'UMP devant une salle bondée et survoltée. Un souvenir lointain aujourd'hui. D'ailleurs, ces derniers jours, ses conseillers lui ont répété de ne pas venir à l'anniversaire. Sans doute pour casser son image de chef de parti. De chef de clan.

Un anniversaire "bien morose"

C'est donc les membres du gouvernement et de l'UMP qui assurent le spectacle. Jean-Pierre Raffarin, vice-président délégué de l'UMP, s'emploie à "charger" l'opposition et tente de faire rire la salle : "Cette nuit, j'ai fait un terrible cauchemar. Imaginez, pour le Traité européen, si nous n'avions pas eu Nicolas Sarkozy, il faudrait encore attendre le plan B de Laurent Fabius !" Patrick Devedjian fait scander le prénom du chef de l'État en évoquant la hausse du nombre d'adhérents à l'UMP depuis 2004 (de 114 000 à 370 000 aujourd'hui, dit-on). Le ministre du Travail Xavier Bertrand martèle l'importance de "rester offensif". François Fillon, qui arrive sur scène avec un léger retard, est le seul à bénéficier d'une standing ovation. "Bon anniversaire monsieur le président de la République", claironne le Premier ministre avant de se lancer dans un discours-hommage à son patron : "Le président reste un rebelle qui conserve intact en lui le goût d'agir face au mur des conservatismes, qui refuse d'être étouffé par les habitudes du pouvoir".

Dans la salle pourtant, aucune de ces déclarations ne fait oublier l'absence de "Nicolas". "Pourquoi il n'est pas venu, c'est quand même lui le chef", s'étonne un militant. "Il n'a aucune bonne raison, nous, on est venus pour lui !", s'emporte un autre. "Il est finalement bien morose, cet anniversaire", juge un troisième. Difficile en effet d'oublier que, 365 jours après son élection, Nicolas Sarkozy est la peine dans les sondages et que certaines réformes ont du mal à passer dans l'opinion, à l'image des 11 200 suppressions de poste dans l'Éducation nationale prônées par Xavier Darcos, que dénoncent vigoureusement les syndicats et les lycéens dans la rue depuis plusieurs semaines.

"J'ai pris Nicolas Sarkozy par le bras pour lui insuffler de la tendresse"

Les ministres qui se sont succédé plus tôt dans l'après-midi sur le plateau de Réforme Hebdo, l'émission de l'UMP diffusée en direct de la salle Gaveau
sur le site Internet du mouvement , se sont donc plu à se remémorer les bons souvenirs du 6 mai 2007. La ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, Roselyne Bachelot, se rappelle, émue, "qu'elle a pris Nicolas Sarkozy par le bras pour lui insuffler de la tendresse et de la solidarité" à l'instant où ce dernier accédait à la fonction suprême. Roger Karoutchi, secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, lâche qu'au moment des résultats définitifs, il a "pleuré de joie dans les bras du nouveau président de la République". Valérie Pécresse n'oublie pas de son côté "le moment où elle est arrivée salle Gaveau et où le visage de Nicolas est apparu sur l'écran". Il leur sera sans doute plus difficile dans un an de citer les bons moments de cette journée du 6 mai 2008, où la fête s'est déroulée sans musique, sans cotillons. Et sans le héros du jour.

Sources Le Point

Posté par Adriana Evangelizt

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