35 heures : Sarkozy désavoue l'UMP

Publié le par Adriana EVANGELIZT



35 heures : Sarkozy désavoue l'UMP



Cela ressemble fort à nouveau couac. L'UMP et le président de la République ne sont décidément plus sur la même longueur d'ondes. En cause, cette fois, le sujet politiquement sensible des 35 heures. Explications.

Lundi matin, le secrétaire général du parti majoritaire, Patrick Devedjian, lance un pavé dans la mare en réclamant "avec force le démantèlement définitif des 35 h", et la contractualisation de la "durée du travail, entreprise par entreprise". À la question "Est-ce la fin de la durée légale du travail ?", Patrick Devedjian répond : "Oui [...] Ça cessera d'être un système national."

Quelques minutes après cette annonce, Jean-Pierre Raffarin tente d'éteindre l'incendie sur LCI. Dénonçant "l'imprécision de Patrick Devedjian", l'ancien Premier ministre recadre le patron de l'UMP : "Ce que veut dire Patrick Devedjian, ce n'est pas de donner aux partenaires sociaux, entreprise par entreprise, la liberté de discuter la durée légale, mais de discuter les heures supplémentaires."

Sarkozy : "Xavier Bertrand a bien parlé, comme toujours"

En visite à l'usine Renault de Flins (Yvelines) Xavier Bertrand, ministre du Travail - et secrétaire général adjoint de l'UMP - semble approuver Patrick Devedjian. "Tout le monde reconnaît aujourd'hui que les 35 heures n'étaient pas une bonne idée. Les 35 heures ont été un carcan imposé à l'époque et qui ne marche pas pour tous les salariés aujourd'hui." Il propose que "la durée du temps de travail se fasse entreprise par entreprise par la négociation salariale".
Peu de temps après, le ministre fait machine arrière en précisant qu'il fallait garder "une durée légale du travail à 35 heures", mais qu'une loi permettrait, à partir de début 2009, aux entreprises de négocier de "la souplesse", notamment sur les heures supplémentaires.

Interrogé sur le sujet lundi après-midi, Nicolas Sarkozy tranche la question et désavoue les propos du secrétaire général de l'UMP en renvoyant aux derniers propos de Xavier Bertrand qui "a bien parlé", "comme toujours". Le 8 janvier dernier, Nicolas Sarkozy avait affirmé que 2008 serait l'année "de la fin des 35 heures".

"Liberté de choix"

Le Parti socialiste a immédiatement réagi aux propos de Patrick Devedjian. "Si nous étions en situation de responsabilité, nous ne remettrions pas en cause les 35 heures. Nous engagerions avec les partenaires sociaux le dialogue sur l'actualité des 35 heures, sur la continuation ou non des 35 heures", a rétorqué Bruno Le Roux, son porte-parole. Il a précisé que "la généralisation des 35 heures" était toujours "la position du Parti socialiste". Une position qui avait été approuvée par un vote massif des militants en même temps que le projet du parti pour 2007.

Le président de la CFTC Jacques Voisin s'est dit "inquiet" de voir la possibilité accordée aux entreprises de déroger aux 35 heures "devenir la règle", avec la future loi en préparation sur la représentativité des syndicats. "Ce qui ne me rassure pas, c'est ce qu'on va faire de la position commune (sur la représentativité des syndicats, ndlr), qui ouvre la négociation dans l'entreprise sur le temps de travail. Ca m'inquiète, que la dérogation devienne la règle", a déclaré M. Voisin.


En finir avec "les usines à gaz"


Le 6 mai, le Premier ministre François Fillon avait déclaré que l'objectif de "la libération du travail" engagée par son gouvernement était de "sortir définitivement" la France du "carcan des 35 heures". Il s'était interrogé sur les conditions de validité d'un accord d'entreprise pour qu'il puisse librement déterminer les règles applicables en matière de durée du travail (seuil de déclenchement des heures supplémentaires, taux de majoration applicables).


La présidente du Medef, le 21 novembre 2007, avait été la première à lancer l'idée devant l'Association des journalistes économiques et financiers : "Les heures supplémentaires, le dispositif [d'exonération des charges sociales] mis en place par la loi TEPA va dans le bon sens, mais a-t-il assez de force, assez d'intensité pour qu'il y ait des effets significatifs et rapides ? Je ne suis pas certaine", avait-elle confié. Avant de préciser : "Si j'additionne les assouplissements antérieurs plus cet assouplissement, on arrive à de telles usines à gaz que c'est rébarbatif [...] C'est là que je me demande s'il ne faut pas accepter de mettre sur la table la question de la suppression de la durée légale du travail."

SourcesLe Point

Posté par Adriana Evangelizt

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