Villepin au coeur de la cible

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Villepin au coeur de la cible

 

par Pascal VIROT


Il pourrait être contraint à appeler au dialogue pour désamorcer la crise.

De sporadique, le mouvement anti-CPE est devenu continu. Certes, ce n'est pas encore 1994, année où Edouard Balladur avait dû renoncer à son «Smic jeunes» sous la pression de la rue. Pas plus que 1986, quand Jacques Chirac, alors Premier ministre, avait été contraint de retirer le projet Devaquet sur la réforme des universités. Et encore beaucoup moins un mai 68 qui tomberait en mars. Mais peut-être bien que les prémices d'«un conflit long et lourd», comme l'a pronostiqué vendredi François Hollande, sont là.

Si tel devait être le mouvement contre le contrat première embauche, Dominique de Villepin sera peut-être contraint à devoir faire à l'envers ce qu'il n'a pas voulu faire à l'endroit. Ainsi, après avoir annoncé par surprise la création du CPE, expédié à coups de «procédure d'urgence» et de 49-3 le débat autour du texte sur l'égalité des chances, et donc court-circuité aussi bien les partenaires sociaux que le Parlement, voilà qu'il se dit ouvert à la concertation, alors que le CPE vient d'être définitivement adopté par les députés. Il devrait renouveler cette tardive invitation à dialoguer dimanche soir au journal de 20 heures de TF1. Toutefois, sa promesse de chercher les moyens «d'enrichir» le CPE s'est déjà heurtée à une fin de non-recevoir. Lui-même n'envisage pas (encore) de recevoir les étudiants : «A ce stade, la concertation se fait chez Gilles de Robien (ministre de l'Education nationale, ndlr) et Jean-Louis Borloo (ministre de l'Emploi, ndlr)», se bornait à commenter Matignon, vendredi. Pour le Premier ministre, le risque est pourtant grand de se retrouver rapidement en première ligne, tant le CPE est «sa» chose.

La politisation du mouvement et son durcissement risquent de lui compliquer la tâche. Par la voix de Gilles de Robien, le gouvernement en conteste la légitimité, d'abord en minimisant le nombre des universités touchées, puis en dénonçant des manifestations «peu démocratiques et dangereuses». Résultat, le leader du syndicat étudiant Unef, Bruno Julliard a haussé le ton vendredi et s'en est directement pris au gouvernement qui, dit-il, «est en train de perdre ses moyens». Cette brusque montée de la tension, ajoutée aux échauffourées entre étudiants et forces de police, notamment autour de la Sorbonne (lieu à haute valeur symbolique) ont requinqué la gauche. Le maire de Paris Bertrand Delanoë (PS) s'est «inquiété fortement» vendredi «du recours à des charges de gendarmes mobiles», une «attitude qui crée d'évidence les conditions de dérapages». François Hollande a exigé l'ouverture «tout de suite d'une négociation sur le CPE», non «sur son application» mais sur le fond afin d'«éviter que le conflit perdure, durcisse et provoque des conséquences dommageables pour tous». Mais comme pour Villepin, la marge de manoeuvre de Hollande est étroite : en retrait, il risque d'apparaître absent d'un mouvement qui aura sans doute des répercussions sur la présidentielle de 2007. Mais s'il apparaît trop à la roue du conflit, il sera accusé de vouloir le récupérer, au risque de lui nuire...

Sources : LIBERATION

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Le Ministre

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