CPE : APPEL AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
CPE. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière (FO), troisième syndicat français :
"Nous en appelons au Président de la République"
par François WENZ-DUMAS
Secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly ne voit pas d'autre issue que le retrait du contrat première embauche.
Dominique de Villepin dit désormais vouloir négocier avec les partenaires sociaux. Etes-vous preneur?
Nous sommes toujours prêts à négocier sur l'emploi des jeunes et la précarité. Mais il faut d'abord qu'il retire le CPE. Sinon, qu'y a-t-il à négocier? Le Premier ministre est meilleur comme pyromane que comme pompier !
Il envisage des aménagements, sur la formation, le reclassement, le suivi des jeunes en CPE...
Les aménagements ne servent à rien. Même tartinée de confiture, une tranche de pain rassis reste rassise. La seule chose qu'il peut faire, c'est suivre l'exemple de Balladur en 1994, qui avait suspendu le CIP et abandonné le projet. Comment peut-il imaginer conserver le CPE et le CNE ? On a un contrat de travail, et un jour on est licencié sans que l'on dise pourquoi ?
Vous appelez à des grèves et manifestations, notamment jeudi avec les lycéens et étudiants. Vous pensez le faire céder?
Les jeunes sont de plus en plus nombreux à demander le retrait du CPE. Et l'évacuation de la Sorbonne ne peut que les mobiliser davantage. Mais les salariés, on l'a vu le 7 mars, s'inquiètent aussi des conséquences du CPE et du CNE, qui présentent deux caractéristiques inacceptables : la période d'essai de deux ans et le licenciement sans motif. Ils savent que, derrière, il y a la menace du contrat unique, qui précariserait l'ensemble des contrats de travail.
Les recours judiciaires engagés contre le CNE et bientôt contre le CPE peuvent-ils aboutir ?
Contre le CNE, les recours aux prud'hommes se multiplient. Ils pourraient aller jusqu'à la Cour de cassation. Force ouvrière a parallèlement saisi le Bureau international de travail (BIT). Sur le CPE, le Conseil constitutionnel doit être saisi demain par les parlementaires. Mais tout cela ne suffira pas sans la mobilisation des jeunes et des salariés.
Et si malgré tout Villepin persiste et signe en maintenant le CPE?
Je n'imagine pas que le Premier ministre puisse éternellement rester ainsi inflexible. Nous en appelons au président de la République. Il doit prendre ses responsabilités et ne pas promulguer la loi. C'est un appel à la sagesse et à la raison. Nous n'avons rien pour ou contre Dominique de Villepin. Nous disons simplement qu'un Premier ministre peut très bien proposer une mesure, puis renoncer à la mettre en oeuvre en constatant qu'elle est majoritairement refusée par le pays. Il n'y a aucune honte à faire ce constat.
Sources : LIBERATION
Posté par Adriana Evangelizt