Dominique de Villepin blessé par Giesbert
Le pavé que vient de sortir Franz-Olivier Giesbert fait quelques vagues... il est cependant difficile de penser que le directeur du Point écrirait des choses qui n'ont pas été dites...
Villepin nie avoir prononcé les phrases que lui prête Franz-Olivier Giesbert
Dominique de Villepin s'est dit "blessé" jeudi par les phrases "vulgaires" que lui prête dans un livre publié récemment le journaliste Franz-Olivier Giesbert, niant les avoir prononcées.
"Les phrases que j'ai eu l'occasion de lire dans un certain nombre d'extraits ne correspondent pas aux phrases que j'ai dites", a déclaré le Premier ministre lors de sa neuvième conférence de presse mensuelle.
"Je crains que l'imagination du romancier n'ait un peu bousculé les scrupules du journaliste", a ajouté Dominique de Villepin.
Le chef du gouvernement s'est dit "blessé par des phrases qui lui ont paru vulgaires et en tout état de cause ne pas correspondre à l'idée qu'il se fait de la langue française".
"Je ne voudrais pas attribuer à un ancien président de la République indûment des phrases, mais il aurait dit à propos de l'auteur qu'il abusait des guillemets. C'est tout à fait mon sentiment", a encore dit Dominique de Villepin.
Dans son livre "La tragédie du président" (Flammarion), en tête de tous les palmarès de ventes de livres, Franz-Olivier Giesbert prête la phrase suivante à Dominique de Villepin: "la France a envie qu'on la prenne, ça la démange dans le bassin. Celui qui l'emportera à la prochaine élection, ce ne sera pas un permanent de la politique, mais un saisonnier, un chenapan, un maraudeur".
Franz-Olivier Giesbert rapporte une autre phrase que Dominique de Villepin aurait prononcée après la dissolution ratée de 1997, dont celui qui était alors secrétaire général de l'Elysée était l'un des instigateurs. "Le président ne peut pas me virer. Il ne pourra jamais. Il m'a introduit dans le saint des saints. Je sais beaucoup trop de choses. A l'extérieur du système, je deviendrais une bombe à retardement", fait dire le journaliste à Dominique de Villepin. AP
Sources : LA TRIBUNE
Franz-Olivier Giesbert, journaliste, PDG du Point. Auteur de La Tragédie du Président (Flammarion).
On sort de votre livre effrayé par la lâcheté et le cynisme des hommes politiques, et notamment de Chirac et Villepin. Etait-ce là votre but ?
Non. Au moment de me lancer, je ne voulais rien prouver, juste raconter ce que j'ai vu et entendu. Il faut aussi comprendre qu'il y a une colère dans ce livre. Le 29 mai, jour du « non » au référendum sur l'Europe, j'ai pété les plombs : La France a laissé passer quelque chose. Puis, il y a eu l'arrivée de Villepin, qui n'a aucune idée sur rien, n'a rien préparé et veut juste devenir président de la République. Comme Balladur.
La crise autour du CPE ne prouve-t-elle pas le courage de Villepin ?
D'abord, l'histoire n'est pas terminée. Ensuite sa posture courageuse vise uniquement à devenir président. Je précise que je n'ai pas de comptes à régler. J'avais de bonnes relations avec lui, mais je pense que je peux en parler à l'imparfait maintenant.
Avec Jacques Chirac aussi, non ? Quelle a été sa réaction à la publication de conversations privées, effroyables de cynisme ?
Je n'ai pas eu de nouvelles, mais il est évident que Chirac est très fâché. Ça s'arrangera. J'ai déjà écrit un livre sur lui en 1987 dans lequel il y avait énormément d'informations qu'il ne voulait pas voir paraître. On m'a rapporté à l'époque qu'il voulait me casser la gueule. Mitterrand aussi a été très énervé après mon livre sur lui en 1990. Il a mis trois ans à me rappeler mais, on a eu ensuite de très bonnes relations.
Le monde politique était déjà aussi violent que ce que vous décrivez entre Villepin et Sarkozy ?
Je n'avais jamais vu une telle violence auparavant, autant de coups tordus entre membres d'un même gouvernement. Je pense que c'est dû au côté exalté et baroque de Villepin. Avant, on ne savait pas d'où venaient ces coups. Là, on sait, on voit, on entend.
Sarkozy sort grandi du livre. Ç'est volontaire ?
Ca ressort naturellement. Il a été un bon ministre de l'Intérieur. Mais il n'est pas le seul que je traite bien. Il y a aussi Mauroy, Juppé, Barre. Bayrou, Rocard et Jospin.
Certains vous reprochent de briser la loi du off, censé nourrir les articles mais sans être retranscrit tel quel.
J'ai toujours eu cette façon de travailler. Quand j'écris un livre, je n'ai plus d'ami, c'est la terre brûlée. Les gens qui me parlent savent à quoi ils s'exposent. Garder éternellement le off dans un coffre-fort, ça n'a jamais été ma conception du métier.
Des journalistes ne publient jamais de off. Quel est votre jugement sur les journalistes politiques en France ?
En règle générale, ils sont très bons. C'est vrai aussi qu'il y a des journalistes attachés à un parti et qui en deviennent le porte-parole. Ceux-là sont évidemment choqués par mes méthodes.
Vous prenez position, par exemple, pour le modèle scandinave. Vous ne prétendez pas à la neutralité ?
Je n'ai jamais prétendu à la neutralité, à l'objectivité. Je suis un spectateur engagé. Notre système est injuste. Il profite aux riches, aux fonctionnaires et aux classes moyennes. Les exclus, surtout les jeunes, sont ghettoïsés. Il faudrait mettre les hommes politiques dans des cars et les emmener en banlieue.
Recueilli par Stéphane Colineau
Sources : 20 minutes
Dominique de Villepin critique Franz-Olivier Giesbert