Le trouble Jean-Louis Gergorin

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Bon, toujours en imaginant que DDV soit victime d'une manipulation pour le mettre à terre. On apprend avec l'article ci-dessous que Jean-Louis Gergorin -l'ami du Premier Ministre- a été très proche de Lagardère, ce dernier n'est-il pas un ami de Sarkozy ?

Les deux vies de Jean-Louis Gergorin

par Grégoire BISEAU


Le vice-président exécutif d'EADS, personnage brillant et complexe, concentre toutes les accusations du général Rondot.

L'homme a tout pour faire fantasmer un éditeur en mal de coup littéraire, voir un producteur de cinéma désoeuvré, décidé à se lancer dans le film d'espionnage. Avec un peu d'audace, on pourrait même lui confier le rôle-titre. Actuel vice-président exécutif d'EADS, Jean-Louis Gergorin a le physique de l'emploi. Le cheveu en bataille, la cravate négligée, deux yeux d'un bleu un peu allumé, celui qui concentre aujourd'hui toutes les accusations du général Rondot dans l'affaire Clearstream est un personnage attachant, complexe et trouble. Ses défenseurs diraient «romanesque». Ses ennemis (et ils sont nombreux) parleraient volontiers d'intrigant de luxe de l'industrie de la défense, à la fois paranoïaque et instable. Pour être honnête, il vaut mieux que cela. «C'est un étrange mélange de grande intelligence et de vraie dinguerie», estime un proche.

A 59 ans, Jean-Louis Gergorin, diplômé de Polytechnique et de l'ENA, a derrière lui au moins deux vies. D'abord, celle d'un diplomate respecté. Avec Thierry de Montbrial il va diriger, de 1973 à 1984, le Centre d'analyse et de prévision (CAP) du Quai d'Orsay, qui sert de laboratoire pour décrypter les grandes interrogations géostratégiques de la planète. En 1981, il traverse l'alternance sans encombre. L'homme est trop habile pour afficher des opinions politiques marquées. Pendant cette période, Gergorin va nouer d'étroites relations avec trois personnages centraux de l'actuelle affaire Clearstream : le général Philippe Rondot, Philippe Delmas, futur bras droit de Noël Forgeard chez Airbus et victime de la première lettre du corbeau, et bien sûr Dominique de Villepin, de qui il restera très proche. «C'était une intelligence remarquable», reconnaissait volontiers Philippe Delmas à Libération il y a encore quelques semaines, alors que les deux hommes étaient depuis plusieurs années brouillés.

«Comique». En 1984, il entre au service de Jean-Luc Lagardère, en charge des questions de stratégie pour sa filiale Matra. L'affaire Thomson va révéler le deuxième Gergorin : l'homme de l'espionnite et des coups tordus. Pour répondre à la campagne de déstabilisation orchestrée contre le groupe Lagardère par le clan d'Alain Gomez, le patron de Thomson (rebaptisé aujourd'hui Thales), Gergorin semble prêt à tout. «C'était à la limite du comique. Son chauffeur faisait des filatures, son assistante planquait dans des bars pour rapporter des informations sur Gomez», se souvient un proche. Pour déstabiliser le camp de Thomson, il est accusé d'avoir acheté les services de la DST pour 300 000 francs en liquide livrés dans un sac de sport (ce qu'il niera toujours). A l'époque, ce fidèle de Lagardère a l'habitude d'avoir sur lui au moins trois téléphones, dont une sorte de talkie-walkie de luxe pour s'assurer de la confidentialité de ses appels. «Il était en permanence convaincu d'être sur écoute», se rappelle un industriel.

A la fin des années 90, la carrière de Jean-Louis Gergorin va se normaliser. Artisan avec Philippe Camus de la fusion entre Aérospatiale et Matra puis de la création d'EADS et de la société intégrée Airbus, il entre au comité exécutif du groupe franco-allemand. Electron libre avant tout, le voilà en charge de la stratégie du plus grand groupe européen d'aéronautique et de défense.

Bagarre. Très vite Gergorin retrouve une mission à sa mesure : défendre son patron Philippe Camus, le coprésident d'EADS, face aux ambitions de Noël Forgeard, alors patron d'Airbus, qui veut son poste. Pendant deux ans, Camus-Gergorin et Forgeard-Delmas vont se livrer une bagarre de déstabilisation permanente par presse interposée. Alors qu'en juin 2004 il est placé en garde à vue, Delmas (première victime de l'affaire Clearstream) est persuadé, sans preuves, que Gergorin se cache derrière cette machination. Il sait aussi qu'un mois plus tôt ce dernier était encore dans le bureau de Dominique de Villepin, pour être promu officier de l'ordre national du Mérite.

Sources : LIBERATION

Posté par Adriana Evangelizt

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