DDV annonce des mesures de soutien poiur la presse

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Dominique de Villepin annonce des mesures de soutien pour la presse


Ce jour, devant 200 éditeurs de Presse, Le Premier Ministre est intervenu lors de l'Assemblée Générale du SPPP/CFPP.

Dans son discours très clair, Dominique de Villepin, a assuré le soutien de l'Etat pour la croissance et la modernisation de la presse.

Il a insisté sur les opportunités offertes par le multimédia et sur les complémentarités à développer avec la télévision et le net.

Le Premier minsitre a annoncé que les activités multimédias ne bénéficieraient pas du même taux réduit de TVA que la
presse. Il s'est aussi engagé à ce que la prochaine Loi de finance comporte des mesures fiscales d'aide au développement des groupes de presse.

Ces aides devraient être limitées à la
presse politique et générale.

Le Premier Ministre a aussi évoqué la nécessaire modernisation et relance de la distribution.

Serge Guerin - France Graphique

Le discours intégral de Dominique de Villepin devant les représentants de la Presse

Monsieur le ministre, cher Renaud,
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs,

Je me réjouis de me trouver parmi vous aujourd’hui. Je remercie chaleureusement Jean GELAMUR, Jean-Claude BROGNAUX et Gérard DEMOCRATE, pour leur invitation et pour leur accueil.

Je remercie tout particulièrement le Président BROGNAUX de ses propos. J’ai bien entendu ses préoccupations concernant les déficits publics et je veux l’assurer de mon entière détermination dans ce domaine. Grâce aux efforts du Gouvernement, notre déficit est passé sous la barre des 3% pour la première fois depuis 5 ans.

Pour revenir au thème de ce déjeuner, je voudrais saluer le travail que vous accomplissez avec discrétion et efficacité, Monsieur le Président. La
Société professionnelle des papiers de presse (SPPP) exerce une mission de service public à laquelle l’État attache une grande importance. Cette mission a été reconnue en 2004 par la signature d’une convention avec la SPPP.

Mais au-delà du sujet des papiers de
presse, je suis heureux de vous retrouver nombreux aujourd’hui, patrons de quotidiens ou de magazines, et je souhaite aborder avec vous des questions qui sont au cœur de l’avenir de la presse française.

1. La première chose que je veux vous dire, c’est l’importance que j’attache à votre profession.

Une démocratie moderne, c’est une démocratie où la
presse joue un rôle fondamental. Pour informer bien sûr, mais aussi pour organiser le débat de manière transparente et objective. C’est une démocratie où les journaux sont reconnus comme une autorité à part entière et où les citoyens retrouvent confiance dans leurs médias.

La réflexion, l’analyse, la capacité de vérifier, d’organiser, de trier et de hiérarchiser l’information, de présenter une grille de lecture qui éclaire le public, de lui faire comprendre les enjeux qui ne sont pas toujours évidents derrière le flot
continu des événements : tout cela fait l’honneur de votre profession. Tout cela vous place au centre de la vie démocratique de notre pays.

Tout cela vous donne aussi une grande responsabilité. Face à un
flux d’informations toujours plus rapide et toujours plus nourri, nos concitoyens doivent pouvoir compter sur votre travail pour démêler le vrai du faux et rendre lisible ce qui apparaît à première vue indéchiffrable.

Cela suppose bien sûr de se défier des amalgames, de se prémunir des raccourcis et des faux semblants. Cela suppose d’accomplir sans relâche un travail de vérification des faits, de recoupement des sources, d’exercer votre métier avec le plus grand professionnalisme. Nous le voyons avec des propos rapportés, des notes, des écrits divers mis bout à bout sans précaution et avec parfois le risque de construire des interprétations erronées sans fondement.

Cet esprit de responsabilité, je sais qu’il habite chacun d’entre vous. Je sais que je peux compter sur vous pour faire preuve au quotidien de la plus grande exigence. C’est essentiel si nous voulons avancer vers une démocratie apaisée, capable de débattre, d’affronter les problèmes et d’y apporter des réponses dans la sérénité.

Le président du
CSA, Dominique BAUDIS, a fait récemment dans le cadre de la commission parlementaire sur la tragique affaire d’Outreau, des propositions intéressantes pour renforcer encore les règles déontologiques de votre profession. Pour les mettre en oeuvre, j’ai une conviction forte, c’est que toute décision dans ce domaine relève de la responsabilité des journalistes eux-mêmes et de leur liberté d’organisation. J’ai toute confiance en eux, en vous patrons de presse, pour avancer vers une démocratie plus moderne et plus apaisée.

2. Au-delà de l’enjeu démocratique, la
presse française est également confrontée à des défis économiques majeurs.

Le premier de ces défis, c’est le développement des média numériques.

Je sais que face à la gratuité de l’information disponible sur
Internet, face à sa rapidité, vous n’avez pas toujours les moyens de vous défendre. Vous êtes désormais confrontés à une concurrence de plus en plus rude et certains quotidiens doivent aujourd’hui se battre pour leur survie

Pourtant, comme beaucoup d’entre vous, je suis convaincu que ces bouleversements constituent aussi une formidable opportunité pour faire évoluer vos métiers. Vous avez tous les atouts entre vos mains pour relever le défi.

Certes, le rythme d’un quotidien n’est pas celui d’Internet. Mais loin de constituer un handicap, cela peut donner à la
presse un véritable avantage compétitif. Nos compatriotes savent qu’ils peuvent compter sur vous pour leur offrir le recul nécessaire et pour leur fournir une information fiable. Cela distingue vos journaux de tout le reste et leur donne une valeur irremplaçable.

Par ailleurs je connais les efforts que vous avez accomplis pour vous développer dans
le monde numérique.

Internet et la télévision, plus qu’une menace, représentent d’ailleurs d’importantes possibilités de croissance pour vos
entreprises. C’est la raison pour laquelle, avec Renaud DONNEDIEU de VABRES, nous n’avons pas donné suite aux recommandations visant à limiter l’investissement de vos entreprises dans la télévision locale.

Vous m’avez également alerté sur la différence de traitement fiscal entre le
papier et internet. Cela pénalise la diffusion de vos journaux sur la toile où vous ne bénéficiez pas d’un taux de TVA réduit. Aujourd’hui le droit communautaire ne permet pas d’y remédier. Néanmoins la prorogation de la directive sur le commerce électronique doit être examinée dans les prochaines semaines. J’ai demandé à Thierry BRETON qu’il entreprenne, avec Renaud DONNEDIEU de VABRES, les démarches nécessaires auprès de la Commission Européenne afin que puisse être examinée dans ce cadre la question du taux de TVA sur la presse en ligne.

Le deuxième défi auquel vous êtes confrontés, c’est celui de la constitution d’entreprises de
presse solides.

Vous l’avez dit, Monsieur le président, le regroupement de titres au sein de grands groupes, la mise en commun des moyens industriels, tout cela est nécessaire pour vous permettre de réaliser des économies d’échelles, pour améliorer vos résultats financiers et participer activement à la constitution d’acteurs économiques puissants. C’est une question de survie pour la
presse française.

Le Gouvernement sera bien sûr à vos côtés pour vous aider à franchir le cap. Il veillera également à ce que ces restructurations ne remettent pas en cause le pluralisme de l’information.

Dans le cadre du projet de loi de finances 2007, je veux notamment répondre à une fragilité traditionnelle des
entreprises de presse françaises : leur sous-capitalisation chronique. Je souhaite mettre en place de nouveaux dispositifs fiscaux incitatifs.

Le système de provision fiscale des
investissements dit du 39 bis doit être revu pour mieux répondre à cette finalité. Le régime actuel arrive à échéance cette année. Je souhaite le voir prorogé jusqu’en 2010. Le champ des investissements éligibles sera à cette occasion étendu à la prise de participation dans d’autres entreprises de presse ou des entreprises intervenant dans la chaîne de fabrication ou de distribution de la presse. Il sera limité à la presse d’information politique et générale.

Par ailleurs, mon Gouvernement a institué en 2005 un dispositif visant à faciliter l’investissement dans certains types d’entreprises en les faisant bénéficier d’une déduction ou d’une réduction d’impôt. J’ai demandé à Thierry BRETON, en liaison avec Renaud DONNEDIEU de VABRES d’étendre ce mécanisme aux
entreprises de presse d’information politique et générale.

Accompagner les restructurations de la
presse, cela veut dire enfin mettre en place des dispositifs adaptés pour résoudre le problème des sureffectifs, afin que vos charges soient davantage comparables à celles de vos concurrents européens. Je l’ai fait l’an dernier pour la presse quotidienne nationale. Je suis disposé à le faire également pour la presse quotidienne régionale dans les toutes prochaines semaines. C’est un vrai effort pour la presse. C’est une contribution financière sans précédent de la part de l’État. Les partenaires sociaux doivent bien sûr être pleinement associés aux décisions prises, afin de parvenir au plus large consensus possible.

Le troisième défi, c’est la modernisation de la distribution

Dans ce domaine, nous avons déjà mis en place une aide à la modernisation de la distribution de la
presse quotidienne d’information politique et générale ainsi qu’une aide à la modernisation des diffuseurs.

J’ai bien entendu vos inquiétudes, Monsieur le président, en ce qui concerne la réduction du nombre de points de vente. Je sais que c’est une question cruciale et je suis très attaché au principe d’une distribution harmonieuse de la
presse sur l’ensemble du territoire. Le réseau de distribution doit également mieux prendre en compte les habitudes de vie et de consommation de nos concitoyens. L’accès à la presse est une condition essentielle pour le bon fonctionnement de notre démocratie. Je souhaite que vous fassiez des propositions à Renaud DONNEDIEU de VABRES à ce sujet.

3. Avant de conclure, je voudrais vous dire un mot concernant la liberté d’information.

C’est un principe avec lequel je n’ai jamais transigé. Et c’est un principe que je défendrai à chaque fois que j’en aurai l’occasion :

Lors du débat sur la loi sur le droit d’auteurs et les droits voisins dans la
société de l’information (DADVSI), d’abord. Dans une société qui connaît des changements rapides, dans une société où les nouvelles technologies se développent très vite et où de nouveaux usages apparaissent, nous devons adapter en permanence la législation pour prendre en compte ces évolutions. Nous devons aussi trouver les compromis les plus justes entre les intérêts des uns et des autres, entre la sauvegarde de la propriété intellectuelle et un large accès des internautes à la culture. La loi sur le droit d’auteurs représente à cet égard un bon point d’équilibre. Je me réjouis tout particulièrement qu’un accord sur la reproduction des œuvres d’art ait été proposé la semaine dernière, sous l’égide du ministre de la culture et de la communication. C’est une avancée essentielle qui nous permettra de mieux concilier le droit d’auteur et le droit à l’information.

La liberté d’information est un principe que nous prendrons également en considération en cas de modernisation de notre système judiciaire : nous tiendrons alors compte de la spécificité de la
presse et de la nécessité de protéger le secret des sources des journalistes.

Mesdames, Messieurs,

Tous ici, nous avons un même objectif : permettre à la
presse française de remplir au mieux la mission qui est la sienne. Tous, nous voulons conforter notre démocratie pour avancer dans la voie d’un débat serein et apaisé.

Cela suppose notamment que vous réussissiez à relever les défis économiques majeurs qui sont devant vous. L’Etat sera à vos côtés pour vous accompagner dans cette période de changement. Vous pouvez compter sur mon soutien comme je sais que je peux compter sur votre professionnalisme et votre esprit de responsabilité.

Je vous remercie.

Sources :  Graphiline

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