Il n'a jamais été question d'enquêter sur Sarkozy

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Les derniers propos du Général Rondot donnent une autre tonalité à l'affaire Clearstream et les perquisitions tant chez Lahoud que chez Heilbronner -bien que très tardives- prouvent qu'enfin la Justice prend en compte toutes les données... certaines zones d'ombre méritent vraiment d'être "éclaircies"...

"Il n'a jamais été question d'enquêter sur Sarkozy", dit Rondot

PARIS (Reuters) - Sortant pour la première fois de son silence dans l'affaire Clearstream, dont ses notes constituent une pièce maîtresse, le général Philippe Rondot affirme dans une interview accordée au Journal du Dimanche que Dominique de Villepin était "de bonne foi" et qu'il "n'a jamais été question d'enquêter sur Nicolas Sarkozy".

L'ancien chef de la DGSE avait été chargé en janvier 2004 d'une enquête secrète sur les listings falsifiés de la société financière luxembourgeoise par Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères. Sur ces listings figuraient les noms de plusieurs personnalités politiques, dont celui du ministère de l'Intérieur.

Invoquant le refus qui lui a été opposé d'accéder aux pièces du dossier et la manière dont il a été traité dans cette affaire, il annonce n'avoir pas l'intention de parler aux juges d'instruction Henri Pons et Jean-Marie d'Huy, qui l'ont convoqué jeudi. "Aujourd'hui, je ne crois plus dans l'instruction menée par ces juges. Il y a trop de fuites, trop de manipulations, trop de publications tronquées de mes écrits ou de mes propos", explique-t-il.

"ATTITUDE HUMILIANTE"

Rondot, qui a quitté ses fonctions au ministère de la Défense en décembre dernier, dénonce "l'attitude humiliante des policiers et des juges". Il évoque aussi dans les colonnes du JDD une "audition longue et éprouvante" qui l'a "décontenancé", justifiant ainsi les "confusions" sur la base desquelles, dit-il, on l'a "traité de menteur". "Ils m'ont menacé et considéré comme un voyou. Ca m'a choqué", avoue-t-il.

Interrogé sur la raison d'être de ses nombreuses notes, il les présente comme des "mémos, pour garder un souvenir de discussions parfois décousues". Le contenu de ces notes, qu'il a prises après ses contacts avec les "autorités supérieures" - "le ministre de la Défense, son directeur de cabinet, le chef d'état-major de l'Elysée ou Dominique de Villepin" - alimente la chronique.

"Aujourd'hui, la presse choisit de n'en publier que certains extraits à des fins douteuses, pour mettre en cause le président de la République, Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie. C'est inacceptable", poursuit-il.

Sur les implications politiques du contenu de ses notes, le général Rondot justifie ainsi la mention "rétrocomissions Airbus Nicolas Sarkozy", qui figure dans l'un d'entre eux: "Le président de la République avait donné des instructions pour qu'il n'y ait plus de compromissions, ou de suspicion de compromissions, comme dans l'affaire des frégates. Il n'a jamais été question d'enquêter sur Nicolas Sarkozy ou sur les autres hommes politiques sont apparus sur les listings."

NOUVELLE VAGUE DE PERQUISITIONS

Concernant ses contacts avec le président de la République, Jacques Chirac, le général affirme ne l'avoir rencontré "qu'une fois, le 14 septembre 2001", à la suite des attentats du 11-Septembre. "On a beaucoup brodé sur notre relation. Il ne m'a jamais donné d'instructions au téléphone, elles passaient par les ministres", dit-il.

Pour justifier la poursuite de l'enquête alors même qu'il avait fait part de ses doutes quant à l'authenticité des listings de comptes au coeur de l'affaire Clearstream, l'ancien espion évoque le caractère "persuasif" de Jean-Louis Gergorin, ancien numéro deux d'EADS, soupçonné par des enquêteurs d'être le "corbeau" ayant livré les listings falsifiés de Clearstream au juge Renaud van Ruymbeke en avril 2004.

Selon le général Rondot, Dominique de Villepin s'est laissé convaincre par Gergorin. "Mon sentiment, c'est que Jean-Louis Gergorin est à l'origine de l'affaire avec Imad Lahoud, et que Dominique de Villepin était de bonne foi", dit-il. Imad Lahoud, chef du centre de recherches d'EADS, est un proche de Gergorin.

"J'ai vécu péniblement le fait qu'on se serve de mes documents pour salir le président de la République et Dominique de Villepin. Ca fait mal", conclut-il.

Depuis le début du mois de mai, les journaux ont publié des pans entiers de ses notes ainsi que de larges extraits de ses auditions par les juges d'instruction.

L'enquête a connu une nouvelle accélération vendredi avec une vague de perquisitions. Les juges d'instruction ont longuement perquisitionné le domicile d'Imad Lahoud, qui a brièvement travaillé pour les services secrets français. Selon Le Parisien, des agendas ont été saisis.

Des enquêteurs se sont également rendus au domicile du beau-père d'Imad Lahoud, François Heilbronner, ancien conseiller de Jacques Chirac, pour y effectuer une perquisition, a-t-on appris de source judiciaire.

Sources : REUTERS

Posté par Adriana Evangelizt

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