Abandon de l'amendement Ollier

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Récit de l'abandon de l'amendement Ollier qui remettait en cause le quota de 20 %.

Pourquoi l'UMP a renoncé à tailler en pièces le logement social

par Tonino SERAFINI


C'était un peu sa journée. Ovationné quelques heures plus tôt par les députés UMP dans à l'Assemblée nationale, Jean-Louis Borloo a obtenu mardi soir, à l'issue d'une réunion organisée à l'improviste au Palais-Bourbon, le retrait de l'amendement Ollier qui vidait de sa substance le quota des 20 % de HLM pour toutes les communes.

Il est 19 h 30, l'Assemblée nationale vient de suspendre sa séance. Le ministre de la Cohésion sociale et une trentaine de députés UMP, se retrouvent salle Colbert. L'ambiance est électrique : «Ce fut une réunion difficile, tendue», raconte un participant. Car l'amendement Ollier est devenu un poison dans le projet de loi «Engagement national pour le logement» (ENL) de Borloo, examiné depuis le début de la semaine. Toutes les associations de lutte contre l'exclusion ou oeuvrant en faveur du logement ont fait connaître leur hostilité à cette modification du quota, glissée en janvier dans la loi ENL par les députés de droite en première lecture. D'autant que les émeutes urbaines d'octobre-novembre ont montré qu'il était nécessaire de mieux répartir le logement social pour éviter la concentration de situations de pauvreté dans certaines communes.

Désamorcer. Examinant le texte à son tour fin avril, le Sénat avait repoussé cette remise en cause des 20 %, grâce notamment au vote des groupes PS, PCF, UDF et radicaux. Malgré ce désaveu, Patrick Ollier persiste et décide de réintroduire son amendement en seconde lecture à l'Assemblée. Nouvelle levée de boucliers. Politiquement, cette méthode du forcing rappelle l'épisode calamiteux du CPE. Borloo veut désamorcer, d'autant qu'au sein même de l'UMP, nombre d'élus sont en désaccord avec Ollier.

Quand la réunion commence salle Colbert, Etienne Pinte, député-maire de Versailles, et Pierre Méhaignerie, ex-ministre du Logement, s'insurgent. «Nous avons pris la parole pour dire que nous n'étions pas d'accord pour dénaturer le quota des 20 % en y introduisant l'accession sociale à la propriété. J'ai dit que la première priorité c'était le logement locatif social, la question de sa répartition et la mixité sociale», raconte Etienne Pinte. Quelques députés favorables à l'amendement, rétorquent que leur volonté est «d'aider les gens à devenir propriétaires». Pas tous. Sous couvert d'accession, certains défendent les intérêts de quelques villes résidentielles mécontentes de se voir imposer la construction de HLM.

«Saint Louis». Le débat prend progressivement une tournure politique. Des députés rappellent que le gouvernement a consacré beaucoup d'argent à la rénovation urbaine et à la relance de la construction. «On obtient des résultats dans le domaine du logement alors que nous avons hérité d'une crise», relève Michel Piron (UMP, Maine-et-Loire). Mais ces résultats sont masqués par la controverse sur l'amendement Ollier. Certains prétendent que les bons chiffres du chômage publiés quelques heures plus tôt n'avaient pas eu la résonance méritée à cause de cette polémique. Bernard Accoyer, président du groupe UMP, «est comme Saint Louis sous son arbre», ne sachant pas dans quel sens trancher. Borloo s'en charge : «Il a demandé le retrait de l'amendement.»

Restait à trouver une sortie honorable, pour Patrick Ollier, président de la commission des Affaires économiques. Le ministre s'est engagé à «mettre en oeuvre un programme national d'accession sociale à la propriété», tourné vers les ménages modestes.

Sources : Libération

Posté par Adriana Evangelizt

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