Au sujet de Juppé : attentes et mises en garde
Des attentes et des mises en garde
Par Laure ESPIEU
Ils sont acteurs de la vie culturelle, associative ou économique bordelaise. Ils réagissent au probable retour d'Alain Juppé cet automne dans son fauteuil de maire.
«Un retour qui alimente le déficit de confiance vis-à-vis de la politique»
Denis Teisseire, initiateur d'une procédure devant la Cour de cassation pour empêcher la réinscription de Juppé sur les listes électorales.
«Le retour de quelqu'un qui a commis des actes graves de corruption et qui a échappé aux sanctions prévues par la loi, alimente le déficit de confiance vis-à-vis de la classe politique. Certes, Alain Juppé a changé beaucoup de choses à Bordeaux. Mais ses réalisations ont coûté très cher, notamment le tramway. Il y a eu un gaspillage considérable. Et les décisions ont totalement échappé aux Bordelais. Si j'ai un souhait, c'est qu'il force sa nature et qu'il devienne un vrai démocrate.»
«J'espère que ce sera l'occasion d'un vrai débat démocratique»
Xavier Rosan, directeur de la publication de la revue culturelle le Festin.
«Que l'on soit de son bord politique ou pas, Alain Juppé a mené de grandes actions dans tout ce qui touche au patrimoine : la rénovation des quais, du quartier de la Bastide, la mise en place du tramway, la réfection des façades. Mais quelques chantiers n'ont pas été lancés. La ville n'a pas le musée des Beaux-Arts qu'elle mérite. Et la municipalité est attendue sur le dossier du musée d'Art contemporain. C'est un outil formidable, mais qui n'a pas été assez exploité, faute de moyens. J'espère aussi que son retour sera l'occasion d'un vrai débat démocratique, pas une campagne escamotée.»
«Il a beaucoup bougé les choses ici, mais pas pour le TGV Bordeaux-Paris»
Stéphane Pusateri, président de l'association des riverains et résidents de Bordeaux.
«Le 30 juin, Alain Juppé m'a écrit : "Quel bonheur de vous retrouver, je sens qu'on va s'amuser." Je l'ai rencontré très régulièrement pendant dix ans, et il m'avait affublé du sobriquet de "Plus grand emmerdeur de Bordeaux". Son retour est normal pour la ville. Il va remettre de l'ordre dans l'équipe municipale qui va à vau-l'eau. On peut dire qu'il a beaucoup bougé les choses ici, avec sa politique des transports et en fermant le centre aux voitures. Mais il a manqué d'anticipation pour la liaison TGV Bordeaux-Paris en deux heures. Il aurait pu avancer le dossier lorsqu'il était Premier ministre.»
«Il n'y a que dans le domaine culturel qu'il reste des choses à faire»
Laurent Courbu, président de la chambre de commerce et d'industrie.
«Il a su assainir les finances de la ville sans jouer sur la fiscalité. Il a lancé la création de zones franches dans les quartiers défavorisés de la rive droite où le bilan est très positif en terme d'emplois. Il a redynamisé une ville qui avait fait fuir les entreprises. Les Bordelais ont même retrouvé les sens de la fête. Il n'y a que dans le domaine culturel qu'il reste des choses à faire. Mais je pense qu'il le sait. C'est un chantier indispensable à accomplir pour retrouver une visibilité internationale forte.»
Sources : Libération
Posté par Adriana Evangelizt