Sarkozy promet la poursuite des expulsions
Sarkozy promet la poursuite des expulsions
Sans-papiers. Le ministre de l’Intérieur a redit, dimanche à Marseille, son refus de toute « régularisation globale ». Parents d’élèves et personnalités interpellent le chef de l’État.
Nicolas Sarkozy n’a pas tardé pour formuler ses voeux aux sans-papiers de France. En visite dans un commissariat de Marseille dimanche, le ministre candidat n’aura même pas attendu les premières heures de 2007 pour réaffirmer qu’« il n’y aura pas de régularisation globale » des sans-papiers. « Regardez ce que cela a donné en Espagne : on a régularisé 500 000 clandestins, depuis lors il n’y a jamais eu autant de clandestins qui arrivent sur les côtes des Canaries », a assuré Nicolas Sarkozy. « Quand on n’a pas de papiers, on n’a pas vocation à rester en France », a-t-il poursuivi, précisant que, dans les Bouches-du-Rhône, « il y a eu plus de mesures d’éloignement sur les onze premiers mois de l’année 2006 que sur toute l’année 2005 ».
L’enfer quotidien des Raba
Au total, d’après les chiffres donnés par le ministre lui-même lors de sa conférence de presse du 11 décembre dernier, l’objectif des 25 000 reconduites à la frontière d’étrangers en situation irrégulière ne sera toutefois pas tenu. Mais de quelques centaines seulement, le zèle préfectoral s’étant abattu sur de nombreuses familles ces dernières semaines, y compris des familles avec enfants scolarisés, sans parler des jeunes majeurs. On pense ainsi aux cas les plus emblématiques, à Jeff Babatunde Shittu, ce jeune Nigérian expulsé le 30 août dernier, ou encore, plus récemment, à la famille Raba, renvoyée au Kosovo le 6 décembre, qui raconte depuis son enfer quotidien aux membres de son comité de soutien, toujours très actifs. « On a beaucoup froid, pas de lumière, pas d’eau chaude, je me lave à l’eau froide, raconte Quirim, sept ans, l’aîné des trois enfants des Raba. Je vous aime beaucoup, tous, je veux partir en France, Dashnor (son petit frère de quatre ans) est beaucoup malade, mon père aussi, on dessine avec une bougie. Dis bonjour à tous mes copains. Au revoir. »
Des témoignages dont la Place Beauvau n’a que faire. Car les expulsions, elles, continuent. Mardi dernier, au lendemain de Noël, c’était au tour de Mélanie Rasoanasolo, trente ans, de nationalité malgache, d’être expulsée, après près de deux semaines de rétention des plus pénibles (vomissements, brimades...). Un détail : la jeune femme laisse derrière elle une petite fille de trois ans et demi, Winnie, scolarisée en maternelle à l’école Marx-Dormoy, dans le 18e arrondissement de Paris, et qui ne cesse de réclamer sa mère depuis leur brutale séparation le 13 décembre. « Monsieur le Ministre, en expulsant Mélanie, vous avez définitivement montré votre vrai visage, écrit le comité de soutien de l’école Marx-Dormoy. Non seulement vous avez fait preuve d’une absence criante d’humanité, mais vous avez bafoué les règles et conventions internationales sur la protection des droits de l’homme fondamentaux et sur ceux de l’enfant, et notamment la convention européenne de sauvegarde des droits humains. (...) Pour servir vos intérêts personnels, vous avez sacrifié une jeune mère et son enfant. Belle preuve d’autorité que de renvoyer vers un pays où elle ne se reconnaît plus une jeune femme fragile et sans défense, en créant de fait une orpheline de mère ! »
Lettre ouverte à Jacques Chirac
En réaction à ces expulsions humainement tragiques, une « lettre ouverte à Jacques Chirac » a été signée par de nombreux parents d’élèves et autres personnalités (Jacques Gaillot, Nicole Borvo, Alima Boumediene-Thiery, Isabelle Carré, Guy Bedos, Jacques Higelin, Benabar, Vincent Delerm...). Faisant le constat que « sur les 30 000 cas répondant aux normes de la circulaire (dite Sarkozy), seuls les 6 764 premiers arrivés avaient obtenu une régularisation provisoire », ce texte demande au chef de l’État de « déclarer une fois pour toutes que tous les enfants ayant commencé leurs études dans nos écoles ont le droit de les poursuivre dans la sérénité ». La revendication paraît presque timide. Elle n’est peut-être que réaliste.
Sources : L'Humanité
Posté par Adriana Evangelizt