Le nouveau Chirac, c'est François Bayrou
Le nouveau Chirac, c'est François Bayrou
par Sylvain Besson
Le geste était prévu, attendu, presque contraint: Jacques Chirac soutiendra la candidature présidentielle de Nicolas Sarkozy. Mais au moment de l'adouber officiellement, le chef de l'Etat s'est trouvé un autre héritier, une sorte de fils naturel et spirituel: François Bayrou. Le 11 mars, ce dernier avait trouvé «très bon» le touchant discours d'adieux de Jacques Chirac à la nation. Aujourd'hui, il s'empare sans complexe des valeurs floues mais généreuses dont prétend s'inspirer le président.
Quelles sont-elles? Avant tout, il y a «l'humanisme», notion large qui sert d'antithèse au libéralisme mondial dont Nicolas Sarkozy serait le cheval de Troie. Chez François Bayrou, l'humanisme est à la fois révolutionnaire et conservateur: le candidat centriste veut briser les grands partis et créer une VIe République plus démocratique. Mais il parle peu du chômage ou des salaires, et veut relancer l'économie par des mesurettes, dans le plus pur style de l'époque Chirac.
Son idée de permettre la création de deux emplois sans charges par entreprise est typique: plutôt que de baisser globalement les prélèvements obligatoires, on crée de petites exceptions au système pour le rendre moins insupportable, mais on ne le change pas. Idem pour la dette: François Bayrou en parle tant et plus, mais ses idées pour réduire les dépenses de l'Etat sont minces - baisser de 20% le budget de l'Elysée, comme il le propose, ne suffira pas.
En fait, François Bayrou rêve tout haut de marcher sur les traces du Jacques Chirac de 1995: candidat du juste milieu et de la lutte contre la «fracture sociale», il avait surgi du fin fond des sondages pour rafler la mise au nez et à la barbe d'Edouard Balladur, perçu comme trop bourgeois et trop libéral. On connaît la suite: déçus par les performances de leur pays, les Français d'aujourd'hui réclament un changement. François Bayrou prétend l'incarner. Mais s'il veut vraiment sortir la France du marasme, il devra se montrer beaucoup plus audacieux.
Sources Le Temps
Posté par Adriana Evangelizt