Sarkozy : Il est inacceptable que le Hezbollah continue dêtre une milice...
Interview du candidat de l’UMP à la présidentielle française à un collectif libanais à Paris
Sarkozy : Il est inacceptable que le Hezbollah continue d’être
une milice échappant au contrôle de l’État
Le candidat de l’UMP à la présidentielle française, Nicolas Sarkozy, a mis l’accent sur son appui au gouvernement libanais « parce qu’il a été élu démocratiquement et qu’il mène une politique responsable, conforme aux intérêts du Liban ». En réponse à des questions écrites, dans le cadre d’une interview recueillie par le « collectif de citoyens libanais et amis du Liban », M. Sarkozy a, d’autre part, souligné qu’il n’est pas « acceptable » que le Hezbollah continue d’être « une milice armée échappant au contrôle de l’État et qui relaie les mots d’ordre » syrien et iranien. Au chapitre des relations avec Damas, le candidat de l’UMP a, par ailleurs, déclaré que « la question aujourd’hui est de savoir si la Syrie est résolue à respecter la souveraineté et l’indépendance du Liban ». Nous reproduisons ci-dessous les principaux passages de l’interview de M. Sarkozy. L’intégralité des réponses du candidat de l’UMP se trouve sur le site suivant : pourquelelibanvive.com
Question – Comment qualifiez-vous le Hezbollah ? Le considérez-vous comme une organisation terroriste ?
Réponse – « Le Hezbollah est une milice armée qui échappe au contrôle de l’État libanais et qui relaie à l’évidence les mots d’ordre et les intérêts de la Syrie et de l’Iran. Cette situation n’est pas acceptable dans un État moderne et démocratique. L’État libanais doit avoir le monopole des armes et de la force, et le Liban ne doit plus jamais redevenir l’otage d’intérêts qui lui sont étrangers et le terrain d’affrontements de ses voisins. Il ne dépend que du Hezbollah d’être considéré comme un véritable parti politique. Il doit déposer les armes et changer radicalement de comportement pour se transformer en mouvement exclusivement politique. »
Q. – Partagez-vous le point de vue de tous les partis libanais qui considèrent le désarmement du Hezbollah comme une affaire interne ?
R. – « Conformément à la résolution 1701, il revient aux autorités libanaises d’organiser avec le Hezbollah son désarmement. La question du désarmement du Hezbollah est fondamentale, non seulement pour la stabilité du Liban, mais aussi pour celle de la région tout entière. Ce n’est pas un hasard si tous les textes internationaux, depuis les accords de Taëf en 1989 en passant par la résolution 1559 et plus récemment la résolution 1701, ont demandé le désarmement des milices armées au Liban, en particulier le Hezbollah. La responsabilité du désarmement repose d’abord sur le Hezbollah lui-même. Comme je vous le disais, la question qui se pose est : est-ce que le Hezbollah est prêt à devenir le parti politique qu’il dit vouloir être ? Est-il enfin décidé à se comporter de manière responsable ? Est-il prêt à renoncer à la violence, et donc à rendre les armes ? »
Q. – Êtes-vous partisan d’un désarmement par la force du Hezbollah hors d’un accord politique interlibanais ? Si oui, par qui ?
R. – « La résolution 1701 prévoit que c’est aux autorités libanaises d’organiser avec le Hezbollah son désarmement, et non aux forces de la Finul. La résolution est très claire à ce sujet et c’est d’ailleurs tout le mérite de la France d’avoir exigé un mandat clair et approprié avant d’engager ses soldats. »
Q. – La France accorde un soutien sans faille au gouvernement libanais actuel. Conserverez-vous cette même politique ?
R. – « Aujourd’hui, la France, avec la communauté internationale, soutient le gouvernement libanais parce qu’il a été élu démocratiquement et qu’il mène une politique responsable, conforme aux intérêts du Liban, c’est-à-dire à sa souveraineté et à son indépendance. À l’avenir, nous soutiendrons tout gouvernement montrant le même attachement aux valeurs démocratiques et à l’indépendance du Liban. J’ai toujours conçu l’amitié franco-libanaise comme une relation entre deux peuples, entre deux nations ; et non comme celle de la France avec telle ou telle communauté ou tel ou tel parti. »
Q. – Qualifieriez-vous la dernière offensive israélienne au Liban de disproportionnée ? Quelle aurait été votre position si vous aviez été à la plus haute autorité de l’État français ?
R. – « Que la riposte des Israéliens ait été excessive et disproportionnée, c’est une évidence dont témoigne malheureusement le terrible bilan humain et matériel de ce conflit. D’ailleurs, je l’ai dit sans détour aux Israéliens. Mais j’ai également à rappeler qu’à l’origine de ce conflit, il y avait un agresseur, qui était le Hezbollah. »
Q. – Estimez-vous qu’Israël a violé le droit international lors de sa dernière offensive au Liban ? Si oui, quelles seraient, à votre avis, les mesures utiles pour inciter Israël à respecter le droit international ?
R. – « Je vous ai dit ce que je pensais du caractère disproportionné de la riposte israélienne, mais Israël, comme tout État, a le devoir de se défendre lorsque son territoire et sa population sont attaqués. »
Q. – Seriez-vous en faveur d’une coopération militaire entre l’armée française et l’armée libanaise afin d’améliorer la capacité de défense du Liban. Quelles en seraient les modalités ?
R. – « Compte tenu de la force des liens qui unissent nos deux pays et nos deux peuples, je suis favorable à un approfondissement de la coopération bilatérale dans tous les domaines. Nos deux pays entretiennent depuis longtemps une importante et fructueuse coopération dans le domaine sécuritaire. Je note également que la France joue aussi un rôle essentiel au sein de la Finul : elle a tenu à engager sur place plus de 1 600 soldats qui accompagnent et appuient chaque jour les forces de sécurité libanaises. »
Q. – Considérez-vous le conflit israélo-palestinien comme principale source d’instabilité dans la région, et notamment pour le Liban ?
R. – « Le conflit israélo-palestinien est bien sûr une source d’instabilité régionale. Mais je veux être clair : croire que mettre fin au conflit israélo-palestinien, c’est régler tous les problèmes au Proche-Orient est une erreur. Il faut en finir avec l’instrumentalisation systématique du conflit israélo-palestinien. Chaque foyer de tension – Irak, Liban, Israël-Palestine, nucléaire iranien – a ses causes, ses dynamiques propres et, dans certains cas, ses ingérences régionales déstabilisantes. Chaque crise a ses particularités qu’il est essentiel de bien comprendre pour participer à la recherche d’une solution durable et globale. »
Q. – Seriez-vous prêt à suivre les États-Unis en cas de conflit armé ouvert avec l’Iran ? Si oui, sous quelles conditions ?
R. – « Je suis convaincu qu’une solution diplomatique est possible si la communauté internationale reste ferme sur ses principes et ses demandes. Un nouveau conflit aurait des conséquences très graves pour la stabilité d’une région déjà très fragilisée. L’accès de l’Iran à l’arme nucléaire est inacceptable, mais le règlement de la crise doit être recherché par la négociation et dans un cadre multilatéral. La France doit agir pour que la communauté internationale reste unie, comme elle l’a été en adoptant à l’unanimité les résolutions 1737 et 1747. L’Iran doit choisir entre les sanctions et l’isolement croissant ou la coopération. »
Q. – Si vous êtes élu, seriez-vous prêt à une ouverture de négociations avec la Syrie pour désamorcer les tensions et encourager des relations libano-syriennes saines, conditionnées par le respect total de la souveraineté libanaise ?
R. – « On ne peut pas exclure de parler avec la Syrie, c’est une évidence. Mais la question à l’heure actuelle, c’est de savoir si la Syrie est prête à devenir un interlocuteur fiable et constructif, qui participe à la recherche de solutions dans les crises régionales plutôt que de les aggraver. La question aujourd’hui, c’est de savoir si la Syrie est résolue à respecter la souveraineté et l’indépendance du Liban. Sur toutes ces questions, la balle est dans le camp du régime syrien. C’est à lui de décider d’adopter un comportement responsable et de se sortir de l’isolement croissant dans lequel il s’enferme. Les clés de la confiance sont à Damas. »
Sources Lorient le Jour
Posté par Adriana Evangelizt