Le Proche-Orient s'interroge sur le successeur de M. Chirac
Le Proche-Orient s'interroge sur le successeur de M. Chirac
par Gilles Paris
Pour la majorité des pays arabes du Proche-Orient, le départ de Jacques Chirac de l'Elysée signe la fin d'une ère. La longévité politique du président français, seulement dépassé dans la région par le ministre saoudien de la défense, le prince héritier Sultan ben Abdel Aziz Al-Saoud (en poste depuis 1962), ajoutée à sa filiation gaulliste, en avait fait un repère. Seule la Syrie attend avec impatience le départ de celui qu'elle tient pour un ennemi depuis la rupture précipitée par l'assassinat, en février 2005, de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, imputée par des responsables libanais et occidentaux aux services syriens, ce que Damas dément.
Les candidats les mieux placés pour lui succéder soulèvent des interrogations. François Bayrou, qui s'était rendu dans les territoires palestiniens en février 2006, conjugue une faible notoriété et un positionnement politique particulièrement déroutant pour des régimes autoritaires appuyés sur des majorités parlementaires ou partisanes aux ordres.
Ségolène Royal reste pénalisée par le tropisme sioniste prêté au Parti socialiste français depuis des lustres et que les deux présidences de François Mitterrand n'ont pas démenti en dépit de ses interventions en faveur des Palestiniens. Les polémiques qui ont accompagné le voyage de la candidate socialiste au Liban, dans les territoires palestiniens et en Israël, en décembre 2006, ont brouillé le message martelé au cours de la campagne interne au PS : la nécessité de "dialoguer avec tout le monde". Il en a été de même avec sa position maximaliste à propos du dossier nucléaire iranien (elle s'oppose à ce que Téhéran accède au nucléaire, y compris civil).
PERPLEXITÉ FACE À M. SARKOZY
Des trois candidats principaux, c'est cependant Nicolas Sarkozy qui retient le plus l'attention des principaux pays arabes. A son crédit figure son appartenance à une droite généralement préférée à la gauche par les régimes en place. A son débit, en revanche, s'inscrit son "attachement politique à la démocratie israélienne" longuement répété lors d'un récent déjeuner avec les ambassadeurs arabes en poste à Paris. Le candidat de l'UMP indiquait dans son livre Libre (2001) que cet attachement a longtemps renforcé une "attitude d'incompréhension et même une certaine indifférence" vis-à-vis du monde arabe, "cet univers que je connais si mal" et qui lui était alors "étranger". Cette méconnaissance assumée alimentait d'ailleurs dans le même livre, à l'occasion de la narration d'une visite d'une semaine en Syrie, des considérations sur "l'hospitalité" qui "n'est pas que proverbiale" mais "réelle", sans parler de "l'artisanat", "riche, soigné, créatif".
Cinq ans plus tard, le déséquilibre n'a pas été corrigé, comme le montre le paragraphe intitulé "Le monde arabe" du livre Témoignage (été 2006) et qui consacre plus de lignes à Israël qu'au "monde arabe et musulman". Devenu président de l'UMP en 2004, Nicolas Sarkozy avait accompli à ce titre, en décembre 2006, sa première visite à l'étranger en Israël, son entourage promettant une tournée identique dans les territoires palestiniens qui l'attendent encore. Le 26 février, interrogé sur RMC, M. Sarkozy avait été pris en défaut de compétence sur la région en assurant catégoriquement, contre toute évidence, qu'"on ne peut pas dire que tous les combattants d'Al-Qaida soient sunnites".
Sources Le Monde
Posté par Adriana Evangelizt