Védrine: la France doit changer de posture face à la mondialisation

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Hubert Védrine: la France doit changer de posture

face à la mondialisation


Hubert Védrine appelle la France "à passer d'une méfiance stérile face à la mondialisation à un dynamisme offensif dans la mondialisation", et l'exhorte à plus de "modestie" dans sa politique étrangère, dans un rapport remis à Nicolas Sarkozy.

Chargé d'une mission sur la France face à la mondialisation, l'ancien ministre socialiste des Affaires étrangères estime que "la France serait bien plus forte si les Français parvenaient à bâtir ensemble un consensus dynamique combinant étroitement adaptation, protection, régulation, solidarité et action européenne".

Il observe que "le mot +adaptation+ évoque surtout pour l'opinion licenciements, délocalisations, réduction des protections sociales, etc". "Or, s'adapter pour tirer parti de la mondialisation, ce n'est pas se conformer à des règles imposées de l'extérieur, c'est au contraire valoriser nos atouts et libérer les énergies tout en essayant de corriger les mécanismes", fait-il valoir dans ce rapport remis mardi et rendu public mercredi.

Hubert Védrine reconnaît toutefois que "les réformes, l'adaptation la plus dynamique et l'anticipation la plus créatrice ne nous dispenseront pas d'avoir à prendre aussi des mesures de protection plus efficaces, de mettre en place des politiques d'accompagnement et de solidarité forcément coûteuses, et, malgré les résistances de la nébuleuse financière qui prospère grâce à la déréglementation d'instaurer enfin une vraie régulation financière".

La politique étrangère française doit faire preuve de plus de "modestie" et se moderniser, affirme-t-il par ailleurs. La France n'a "pas moins besoin aujourd'hui, dans le monde global, d'avoir sa propre politique étrangère, et sa propre politique de défense, que pendant la guerre froide", écrit M. Védrine. Pour autant, il estime que "notre politique étrangère ne doit pas être poursuivie à l'identique".

"Ce n'est pas parce que beaucoup d'appels à la +modernisation+ de notre politique étrangère et de défense sont des appels à la normalisation atlantiste ou européiste qu'il n'y a rien à moderniser", juge-t-il. "Cette politique est à réinventer constamment". Il préconise de "changer de ton" car "notre pays (...) continue d'être perçu comme +arrogant+ dans une grande partie du monde". Par exemple, "faut-il sans arrêt rappeler que la France est la +patrie des droits de l'homme+?", demande l'ancien chef de la diplomatie. "Davantage de modestie serait plus conforme à la réalité", estime-t-il.

Concernant les rapports France-Etats-Unis, il estime qu'"il sera difficile en réalité de sortir de la formule +amis, alliés, pas alignés+". "Ces relations comportent d'ailleurs une seule difficulté sérieuse: comment gérer les inévitables désaccords lorsqu'ils s'en présentent: en les théâtralisant ou en les maîtrisant?", souligne-t-il. Il juge que "cette dernière attitude est préférable, mais il faut être deux pour cela, anticiper constamment, ne pas réagir à chaud, se concerter".

Jusqu'à l'élection du nouveau président, en novembre 2008, il estime que les Etats-Unis peuvent "encore nous placer devant des choix difficiles" dans trois domaines: "en intervenant unilatéralement en Iran", "en accélérant sans débat le projet de bouclier anti missile en Pologne et en République tchèque", et "en nous demandant, au motif que le président Sarkozy est perçu comme un ami, de les aider en Irak et en Afghanistan au-delà de ce que nous voudrions faire".

Concernant l'Otan, M. Védrine estime qu'une "réorientation fondamentale" de la France vis-à-vis de l'Alliance "poserait d'immenses problèmes et comporterait des risques".


Sources Canadian Press

Posté par Adriana Evangelizt

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