Jean-Claude Trichet rejette les critiques de Nicolas Sarkozy sur la BCE
Jean-Claude Trichet rejette les critiques
de Nicolas Sarkozy sur la BCE
Jean-Claude Trichet a rejeté samedi 15 septembre les critiques de Nicolas Sarkozy sur l'action de la Banque centrale européenne (BCE) dans la crise financière. Le président de la BCE a affirmé que celle-ci"protège les citoyens européens" en maintenant la stabilité des prix, et "protège" les acteurs du marché "qui se comportent correctement", sans "favoriser d'aucune façon" les spéculateurs.
Le président français a renouvelé vendredi soir ses critiques envers la BCE, jugeant "curieux d'injecter des liquidités sans baisser les taux", a rapporté Le Monde daté de dimanche-lundi. "On a fait des facilités pour les spéculateurs, on complique la tâche pour les entrepreneurs", a-t-il accusé. Jean-Claude Trichet, qui était samedi à Porto pour une réunion informelle des ministres des finances de l'UE, s'est étonné de cette position, notant que Nicolas Sarkozy avait à l'époque approuvé la décision de la BCE de maintenir ses taux. Il a précisé qu'il attendait d'avoir le texte exact des propos de Nicolas Sarkozy pour y répondre de façon circonstanciée.
Jean-Claude Trichet et Joaquin Almunia, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, ont aussi apporté leur soutien au président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. Le premier a souligné son "efficacité" et le "discernement" dont le ministre des finances et premier ministre luxembourgois a fait preuve au moment-clé, le second a indiqué qu'il bénéficie de "la reconnaissance" de ses pairs.
"NE PAS FAIRE PREUVE DE NERVOSITÉ"
Le ministre des finances allemand Peer Steinbrück a pris ses distances avec les critiques de Nicolas Sarkozy : "L'action de la BCE a été très largement saluée ici" à Porto et "je m'associe à cette appréciation positive", a-t-il déclaré. Il a de nouveau exhorté à ne pas remettre en cause l'indépendance de la BCE, scellée dans les traités européens et à laquelle Berlin tient tout particulièrement: cela n'a"aucun sens" et"aucune majorité ne se dessine" en Europe dans ce sens, selon lui. Il a jugé préférable de comprendre que les tentatives de remise en cause de l'indépendance de la BCE "ne mènent nulle part", et de"ne pas faire preuve de nervosité" dans le contexte actuel.
Le gouverneur de la banque centrale allemande (Bundesbank), Axel Weber, membre à ce titre du conseil des gouverneurs de la BCE, s'est montré encore plus ferme, affirmant lors de la même conférence de presse que l'institut monétaire ne se laisserait pas intimider. Les critiques françaises "n'ont rien de nouveau" et leur "impact sur la politique de la Banque centrale européenne est nul", a-t-il dit. "Nous jugeons nous-mêmes de ce qui est nécessaire", a ajouté M. Weber."Nous serions bien avisés dans le contexte actuel de soutenir la BCE", a déclaré pour sa part le ministre des finances autrichien Wilhelm Molterer.
Christine Lagarde a elle estimé que Nicolas Sarkozy "a raison de poser la question de la politique des taux d'intérêt" de la BCE et celle de son taux de changes par rapport aux autres devises. Pour la ministre de l'économie française,"Il n'y a pas de sujet tabou".
Sources Le Monde
Posté par Adriana Evangelizt