Les membres de "l'Arche de Zoé" ont menti aux Tchadiens
Les membres de "l'Arche de Zoé" ont menti aux Tchadiens
Les responsables de "l'Arche de Zoé" ont menti à tous les Tchadiens mais restent convaincus de la légitimité de leur tentative pour envoyer des enfants en France, selon Marc Garmirian, l'un des trois journalistes libérés dimanche au Tchad.
"Ils ont menti a tous les Tchadiens, mais ça ils me l'ont dit. C'était selon eux une condition sine qua non de la réussite de l'opération", a-t-il expliqué lundi à Reuters télévision.
Marc Garmirian a souligné que les membres de l'association avaient travaillé un mois et demi avec une centaine de personnes, comptables, nounous, cuisinières ou chauffeurs.
"A toutes ces personnes là, leur message a été 'on ouvre un orphelinat à Abéché, on va prendre en charge les enfants orphelins du Darfour et il y aura une école, il y aura du sport, il y aura du dessin, il y aura tout ce qu'on veut", a-t-il dit.
"Mais a aucun moment ils leur ont dit qu'ils allaient les envoyer en France."
"Jusqu'au moment où je suis sorti de la prison, ils restaient convaincus que leur mission était légitime", avait auparavant précisé Marc Garmirian sur Europe 1, à propos, notamment, du chef de l'opération Eric Breteau et de son amie Emilie Lelouch.
"Ils comprennent ce qui leur arrive mais ils considèrent toujours qu'au nom de la Convention de Genève de 1951, ils étaient dans une action légitime", a-t-il ajouté.
Quatorze personnes, dont six Français, restent emprisonnées au Tchad après le rapatriement par Nicolas Sarkozy de trois journalistes et de quatre hôtesses de l'air espagnoles.
Au total, 21 personnes sont poursuivies par la justice tchadienne et encourent entre cinq et vingt ans de travaux forcés.
Jean-Bernard Padaré, avocat des détenus espagnols, a déclaré à Reuters Television qu'il déposerait mardi une demande de mise en liberté provisoire dans l'attente du procès, faisant valoir qu'il n'y avait pas de raison de maintenir ses clients en détention.
"DES EXALTES"
Marc Garmirian a estimé que le terme de "Pieds-Nickelés" pouvait s'appliquer aux membres de "l'Arche de Zoé." "On peut considérer que c'est des illuminés, des exaltés", a-t-il dit.
Hervé Chabalier, le "patron" de l'agence Capa pour laquelle travaille le journaliste, a souligné pour sa part "un point" sur lequel les membres de l'opération ont, selon lui, commis "une véritable faute."
"Quand ils ont demandé des enfants aux différents chefs de village qui se trouvent de l'autre côté de la frontière, ils ont dit que c'était pour ramener ces enfants à l'orphelinat d'Abéché", a-t-il expliqué.
"Ils n'ont pas dit à ce moment là que c'était une étape pour les ramener en France."
"Le principal problème était de savoir si ces enfants étaient soudanais ou tchadiens et orphelins ou pas de père et de mère", a souligné Marc Garmirian.
"La manière dont ils ont travaillé sur cette question là pose un certain nombre de problèmes. Il y a une perte d'information entre ce qu'ils ont expliqué aux Tchadiens et ce que les messagers qu'ils ont envoyé dans les villages ont expliqué aux enfants", a-t-il dit.
Interrogé sur les conditions de détention au Tchad des membres de l'association, journalistes et hôtesses espagnoles, le journaliste a précisé qu'elles étaient "au-dessus des normes locales" mais difficiles, en particulier après leur transfert à la prison de N'Djamena.
"On s'est retrouvés là en prison, vraiment, derrière des barreaux et ça a fait un choc pour les hôtesses. La prison prenait une réalité à ce moment-là", a-t-il expliqué.
"Même si les portes des cellules sont restées ouvertes, même si on a eu des conditions bien au-dessus des normes locales, ça a été quand même un peu difficile", a-t-il ajouté.
Sources Le Monde
Posté par Adriana Evangelizt