Régimes spéciaux: les syndicats accusent le pouvoir de chercher le conflit
Régimes spéciaux: les syndicats accusent le pouvoir
de chercher le conflit
Les syndicats, qui ont demandé au gouvernement de "revoir sa copie" sur la réforme des régimes spéciaux, lui reprochent de ne pas les entendre à quelques jours de la grève du 14 novembre, certains l'accusant ouvertement de chercher le conflit après avoir prôné le dialogue.
Le jour même de la grève massive à la SNCF, RATP, EDF et GDF le 18 octobre, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, avait invité les syndicats à le rencontrer à nouveau pour exposer leurs "propositions", soulignant que sa "porte était ouverte".
Dès le 22 octobre, plusieurs syndicats de la SNCF ont appelé le gouvernement à "revoir sa copie", et neuf jours plus tard, six d'entre eux ont appelé à une grève reconductible à compter du 13 novembre au soir. Le pouvoir n'a "pas mis à profit les dix jours précédents pour tirer les véritables enseignements" de la première grève, ont-ils déploré.
Omniprésent sur le sujet ces derniers mois, le ministre du Travail Xavier Bertrand était resté mutique depuis une semaine, au point que François Chérèque (CFDT) a déploré mardi n'avoir "aucune réponse" et "le sentiment que le gouvernement nous demande de faire grève".
Une accusation dont s'est défendu M. Bertrand en fin de journée, en affirmant que sa volonté de dialogue était "sincère", sur France Info.
Comme "ultimes réponses complémentaires", il a assuré qu'un agent qui travaillerait "deux ans et demi de plus" que la durée minimale de cotisation "n'aurait pas un euro de moins" dans le calcul de sa pension.
Mais le ministre est resté ferme sur le fond: allongement à 40 annuités de la durée de cotisations pour bénéficier d'une retraite à taux plein et instauration d'un système de décote et surcote (baisse ou augmentation de la pension en fonction des années manquantes ou supplémentaires).
La CFDT-cheminots s'est associée dans la foulée à l'appel à la grève reconductible des six autres syndicats de la SNCF. "A partir du moment où on ne donne pas la possibilité de négocier, on est dans l'obligation de montrer notre rapport de force pour y arriver", a résumé M. Chérèque.
Son homologue de la CGT, Bernard Thibault, avait fustigé plus tôt un "double discours" chez M. Bertrand, ouvert "pour le pays" mais fermé "vis-à-vis des organisations syndicales".
"Il y a des conciliabules, des discussions en aparté" alors que le gouvernement a la responsabilité de conduire des négociations "dans la transparence", a-t-il dit.
De fait, les syndicats ont hésité entre mise à exécution de leurs menaces de grève ou délai supplémentaire laissé au gouvernement pour amender son projet.
Les syndicats de l'Energie (EDF, GDF, etc.) qui devaient décider mardi s'ils appelaient ou non tous ensemble à une grève le 14 novembre ont repoussé leur décision à mercredi, expliquant n'être pas sûrs "d'avoir les réponses du gouvernement aujourd'hui", selon la CFDT. Pour l'heure, seules FO et la CGT ont déjà annoncé leur grève le 14.
A la RATP, les syndicats ont aussi repoussé leur décision à jeudi, dans l'attente "des réponses précises du gouvernement".
A la SNCF, la CGT cheminots a demandé lundi à la direction de la SNCF de "mettre à profit" la période d'avant conflit du 14 novembre pour "décider d'un changement de cap radical" vis-à-vis du fret qui fait l'objet d'une réforme contestée.
Cette perche tendue a interpellé certains syndicalistes, qui se demandent si le premier syndicat de la SNCF ne cherche pas "une porte de sortie" pour la grève à venir.
Sources AFP
Posté par Adriana Evangelizt