Sarkozy dans la ligne de mire

Publié le par Adriana EVANGELIZT


Sarkozy dans la ligne de mire


Télé sans pub. La nomination du président de France Télévisions par l'Elysée fait scandale.


RAPHAËL GARRIGOS et ISABELLE ROBERTS

«Sabordage», «déclaration de guerre à la culture et à l’intelligence», «retour à l’obscurantisme» , voire «Poutine». Y’a pas : Nicolas Sarkozy est un président populaire.

Suite à son arbitrage sur l’audiovisuel public sans pub et sa décision de nommer désormais seul le président de France Télévisions (Libération d’hier), il s’est vu servir hier une volée de compliments venus de l’opposition (classique), du monde de la culture (un poil gênant) et du sein même de son gouvernement (carrément horripilant). Interrogé hier à Canal + sur l’idée de faire nommer le président de France Télévisions par l’exécutif, Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes, a répondu : «J’aime pas.» «Il y a, a-t-il précisé, un parfum Ve République du début qu’il faudrait peut-être mieux éviter.» Comprendre : un sacré relent d’Alain Peyrefitte, ministre de l’Information de De Gaulle et rédacteur en chef des JT de l’ORTF.

«Dérive». Côté majorité, le Nouveau centre s’est joint au chœur, son président Alain Sauvadet demandant le report de la réforme et allant jusqu’à la bravade : «Si c’est le Président qui décide seul, je m’y opposerai avec la plus grande fermeté.» Les Verts ont fait plus contemporain, situant Sarkozy «entre dérive berlusconienne et népotisme à la Poutine», tandis que le PS évoque une «reprise en main» de la télévision publique.

Coi hier, Nicolas Sarkozy a fait donner son Premier ministre. François Fillon a jugé «hypocrite» le système actuel de nominations. C’est connu : le CSA nomme en fonction de la majorité du moment. Hervé Bourges et Marc Tessier par la gauche, Patrick de Carolis par la droite. De là à attribuer directement au président de la République ce pouvoir d’avoir la télé publique à sa botte…

L’autre volet des annonces de Nicolas Sarkozy, celui sur le financement, n’a pas fait plus d’heureux. Le président de la République a retoqué une bonne partie des propositions de la commission Copé. Les fournisseurs d’accès à Internet et les télécoms seront taxés à 0,9 % et les chaînes privées devront verser 80 millions d’euros par an sur le pactole issu des cadeaux du gouvernement (deuxième coupure pub, augmentation du volume de réclames, etc.). Des taxes que Bruxelles pourrait bien interdire et qui n’assurent pas un financement pérenne à l’audiovisuel public puisqu’il dépendra de la bonne santé des concurrents. L’Uspa (Union syndicale de la production audiovisuelle) n’y est pas allé de main morte, Sophie Goupil dénonçant «une déclaration de guerre à la culture et à l’interlligence».

«Asphyxie». Et les principaux concernés, les salariés de France Télévisions ? Ils se sont pris un sacré coup de bambou sur la tête. Le SNJ a ainsi dénoncé une «asphyxie des rédactions» que la nomination du président de France Télévisions directement par l’Elysée «vient parachever».

Côté syndical, la résistances’organise avec des actions au niveau européen : une rencontre avec Viviane Reding et des parlementaires est prévue. Et, dès la semaine prochaine, l’intersyndicale va demander à Christine Albanel un calendrier de rencontres. La balle est en effet dans le camp de la ministre de la Culture et de la Communication, dont les services vont s’employer à rédiger la loi pendant l’été.

Sources Libération

Posté par Adriana Evangelizt


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