Le pacte qui lie Chirac à Villepin

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Le pacte risqué qui lie Chirac à Villepin

par Antoine Guiral

Avec le CPE, l'un espère sauver son bilan présidentiel, l'autre réussir un hold-up sur l'Elysée.

Jacques Chirac peut-il flancher ? La question taraude toute la droite, à commencer par Dominique de Villepin. Le Premier ministre se veut inflexible. Au point d'afficher de nouveau son hostilité aux blocages des universités, en réclamant vendredi soir, à l'issue d'une rencontre avec les présidents d'université, que les «étudiants aient la liberté d'étudier».

«Inenvisageable». Imperturbable dans son attitude et intransigeant dans les mots, le chef de l'Etat a, lui, pour l'heure, mis un point d'honneur à éviter le moindre signe susceptible de faire douter de sa détermination. Vendredi encore, et pour la troisième fois de la semaine, il a apporté son soutien au CPE, donc au Premier ministre, estimant que ce dispositif «va créer des emplois nouveaux pour les jeunes [...]». Dans le même temps, il a insisté pour que s'ouvre «au plus vite» le dialogue entre le gouvernement, les jeunes et les syndicats. Et l'Elysée estime «inenvisageable le retrait du CPE», selon un conseiller.

Tous les visiteurs du Président sentent pourtant que sa sérénité cache une profonde inquiétude touchant à tous ses vieux démons : un pays divisé, un divorce avec la jeunesse, une carrière ponctuée de multiples reculades, le spectre de Malik Oussekine...

C'est, selon l'Elysée, avec Villepin qu'il a décidé de mener sa «bataille pour l'emploi», avec lui qu'il a concocté le CPE et la méthode pour le lancer, c'est ensemble qu'il faut désormais l'assumer. Persuadés que l'échec de Jospin en 2002 découle de son immobilisme et de l'absence de réforme lors de sa dernière année à Matignon, Chirac et Villepin ont la certitude qu'une reculade sur le CPE les condamnerait à la préretraite. Certes avec Chirac, les vérités d'un jour ne sont qu'affaire de circonstances. On l'a vu, par exemple, expliquer aux Français, le 14 Juillet 2004, que Sarkozy ne pouvait être ministre et présider un parti (le fameux «Je décide, il exécute») avant de se raviser quelques mois plus tard en intronisant, à la télévision, «ministre d'Etat» le président de l'UMP...

Va-tout. Mais «jouer» avec Dominique de Villepin est autrement plus délicat. Les deux hommes ont traversé ensemble les pires épreuves politiques (la dissolution de 1997) et remporté contre tous les Cassandre deux élections présidentielles. Au lendemain de l'échec du référendum sur l'Europe, ils ont lié leur destin au sommet de l'Etat sur un seul objectif commun : obtenir des résultats en matière d'emploi. Sur ce va-tout, l'un espère sauver le bilan de deux mandats présidentiels, l'autre réussir un hold-up sur l'Elysée. De ce pacte fondateur découle tout le reste. S'il se sent lâché, Villepin est capable d'une foucade. Et son départ de Matignon ouvrirait une nouvelle crise politique qui discréditerait définitivement les présidences Chirac. Entre eux deux, c'est plus que jamais à la vie à mort.


Sources : LIBERATION

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans JACQUES CHIRAC

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