L'Iran, le nucléaire et la bombe présidentielle

Publié le par Adriana EVANGELIZT

L’Iran, le nucléaire et la bombe présidentielle

par Patrice Biancone

Les journalistes américains ne fonctionnent pas tout a fait comme les journalistes français. Ils ont même quelquefois des difficultés pour entendre leur propre langue et tout particulièrement le sens du mot off qui chez nous, dans notre profession, signifie que les propos tenus devant vous, à un moment donné et par une personne ayant des responsabilités, ont valeur d'explications, d'éclairage sur un problème donné, mais qu'ils ne sont pas destinés à être publiés. Autrement dit, c'est comme si on vous confiait un secret et que le plus urgent pour vous, une fois en possession dudit secret, c'était de rendre public ce qui n'était pas destiné à l'être, quitte à mettre en difficulté celui qui vous a fait confiance.

Le problème avec le off, c'est que la plupart du temps, il est prononcé non pas devant une seule personne, ce qui pourrait être une garantie de confidentialité, mais devant des groupes de journalistes en compétition, et qu'il s'en trouve toujours un, parmi eux, pour ne pas se sentir tenu par les usages et «griller» le off. C'était toute la mésaventure de Lionel Jospin en 2002 lorsqu'il avait expliqué, dans un avion, que Jacques Chirac était «vieux, fatigué et usé». C'est également la mésaventure du même Jacques Chirac aujourd'hui qui, en marge d'une interview, s'est laissé aller à minimiser le danger que pourrait représenter l'Iran doté d'une ou deux bombes nucléaires. Le chef de l'Etat aurait même dit, «L'Iran va l'envoyer où cette bombe. Sur Israël ? Elle n'aura pas fait 200 m dans l'atmosphère que Téhéran sera rasé». Voilà typiquement le propos off. Un fond de vérité, sans doute. Une présentation caricaturale, presque manichéenne, c'est certain. Et finalement, face au non-respect du off, l'obligation de rectifier le propos qui dans sa forme initiale était trop schématique, pour revenir à la position commune de Washington et de Paris qui est d'empêcher l'Iran de déboucher sur le nucléaire militaire.

Cela s'appelle cafouiller, en Français. En anglais, to get into the mess et cela donne prise aux adversaires déclarés du chef de l'Etat, surtout aux partisans de Ségolène Royal qui se sont empressés de parler de faute impardonnable tout en dénonçant ce qu'ils considèrent comme un injustice vis-à-vis de leur chef de file, épinglée et moquée par la presse pour des à peu près diplomatiques beaucoup moins graves que celui de Jacques Chirac; ce que ne sont pas loin de penser les sarkozystes un peu gênés aux entournures par ces déclarations qui vont les empêcher d'exploiter, pensent-ils, les bourdes de la candidate socialiste au nom du principe qui veut que si le chef est faillible, nul ne peut exiger que les autres ne le soient pas...

A l'UMP, en effet, ont préfère retenir la suite des propos de la journaliste du New York Times à l'origine de la polémique et notamment ceux concernant la distraction manifeste de Jacques Chirac au moment de l'interview. Ses oublis de noms, de dates et ses mains «tremblotantes», comme elle l'écrit. Pour les plus déterminés des soutiens de Nicolas Sarkozy, c'est tout simplement la preuve que le chef de l'Etat a fait son temps... Mais attention, cela reste entre nous, c’est du off !!

Sources RFI

Posté par Adriana Evangelizt

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