Kouchner continue de se justifier en Amérique

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Et bien évidemment, les organisations sont venues lui monter la tête pour l'Iran, c'est certain. Ils n'arrêtent pas de faire des pieds et des mains pour que les frontières se ferment afin qu'Ahmadinejad ne puisse se rendre aux USA.

Kouchner continue de se justifier en Amérique

Par PHILIPPE GRANGEREAU


A Washington, le chef de la diplomatie française maintient sa fermeté sur l’Iran.

«M oi, je suis un pacifiste…» Bernard Kouchner, qui a entamé jeudi une tournée américaine, n’en finit pas de s’expliquer en nuançant, parfois avec véhémence, sa déclaration de dimanche sur les moyens d’arrêter un Iran en quête de l’arme nucléaire. «J’ai dit : il faut se préparer au pire, et le pire c’est quoi ? A cette question, j’ai répondu : le pire, c’est la guerre… Le pire, pas le mieux, pas ce que je préfère, pas le meilleur, pas ma position…»
Banderole.  Ses propos de dimanche avaient été entendus à Washington, qui a applaudi son «sérieux». Mais ils n’avaient pas échappé aux antiguerre américains. Jeudi, lors d’une conférence du Centre d’études stratégiques et internationales de Washington, le fondateur de Médecins sans frontières a été chahuté par des manifestantes qui ont déployé sous son nez une banderole «Bush et Kouchner, va-t-en-guerre sans frontières». «Le rapprochement avec la France, c’est bien, mais s’il se fait au travers d’une guerre contre l’Iran, nous ne sommes pas d’accord. Il y a déjà un climat très dangereux entre les Etats-Unis et l’Iran, nous n’avons pas besoin que la France rajoute de l’huile sur le feu avec des paroles incendiaires», a expliqué l’une des militantes, Gaelle Murphy, que Kouchner a rabrouée d’un abrupt «mais je ne veux pas la guerre, stupide !» Avant de l’inviter, tout de même, à l’écouter après que des vigiles l’ont conduite hors de la salle. Il a alors repris son discours, en anglais, demandant plusieurs fois à l’audience de l’aider sur sa prononciation.
Pour Kouchner, l’exégèse laborieuse de ses propres déclarations avait aussi pour objectif de se démarquer un tant soit peu des positions américaines sur la question du nucléaire iranien. Depuis la rencontre estivale entre Nicolas Sarkozy et George Bush dans sa résidence balnéaire de Kennebunkport, la France et les Etats-Unis partagent la même approche patibulaire : celle, classique, du «carrot and stick» (la carotte et le bâton). Le ministre français des Affaires étrangères s’est dit déterminé à «explorer toutes les voies pour éviter la guerre».
Kouchner a néanmoins réaffirmé que la France ne «pouvait pas accepter la possession d’une bombe atomique par les Iraniens» car le Moyen-Orient est une région «à très hauts risques». Depuis 2006, le président Bush a, à plusieurs reprises, qualifié d’ «inacceptable» l’idée d’ «ayatollahs avec la bombe». Mais il affirme aussi que «toutes les options sont sur la table».
«Axe du mal».  L’Iran, bête noire des Américains, est ainsi devenu à lui tout seul une sorte d’ «axe du mal» de la France. En Irak «où la situation est pire que tout , explique Kouchner, ce sont les Iraniens qui tirent les ficelles. C’est un territoire où ils se livrent à toutes les activités qu’on puisse imaginer». Si l’Iran disposait de l’arme atomique, a-t-il affirmé, «les pays de la région s’en doteraient immédiatement. Ce serait plus qu’un danger mondial, ce serait le début d’une explosion Selon lui, il serait urgent d’agir : «Certains experts affirment que huit à neuf mois seulement sont nécessaires (à l’Iran) p our avoir une bombe atomique.»
Réunion.  A Washington, Bernard Kouchner a eu des entretiens avec des membres du Congrès, des représentants des principales organisations de la communauté juive, avec le secrétaire d’Etat à la Défense Robert Gates. Vendredi, il a rencontré la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice au siège du Département d’Etat, avant de s’envoler pour le siège de l’ONU à New York, où se tenait une réunion sur le Darfour. A l’issue de leur entretien de plus d’une heure, Rice a déclaré : «Entre Bernard et moi, il n’y a presque aucune différence de points de vue sur la situation en Iran et sur les mesures à prendre par la communauté internationale.» De son côté, le chef de la diplomatie française a insisté : «Avoir de bonnes relations ne veut pas dire qu’on est d’accord sur tout.» Cela va mieux en le disant.

Sources Libération

Posté par Adriana Evangelizt


Publié dans Bernard Kouchner

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