Bernheim, grand-croix grâce à Sarkozy

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Grand-croix grâce à Sarkozy

Coïncidence amusante, au moment même où Bernheim se voyait attaqué par le fonds Algebris pour son salaire démesuré, le financier recevait, le 22 octobre dernier, des mains de Nicolas Sarkozy, à l’Elysée, la grand-croix de la Légion d’honneur. Un ordre qui ne compte que 75 membres et qui n’avait jamais reçu en son sein d’homme d’affaires. «Antoine Bernheim a développé ses entreprises, fait des profits et ainsi servi la France, a lancé Sarkozy. Dans un pays qui doit régler ses comptes vis-à-vis de l’argent pour régler enfin son problème vis-à-vis de la réussite

Sources
Libération

Chez Generali, un actionnaire ne veut plus assurer

le salaire d’Antoine Bernheim

par Nicolas Cori

Travailler plus pour gagner plus, et repousser l’âge de sa retraite, voilà un conseil qu’Antoine Bernheim, financier et ami de Nicolas Sarkozy, a mis à profit dans sa vie professionnelle. Pas de chance pour l’ancien associé gérant de Lazard, aujourd’hui président de l’assureur italien Generali, il est contesté par un fonds d’investissement britannique, pour avoir appliqué cette doctrine présidentielle. Depuis quelques jours, Algebris Investment, un hedge fund actionnaire de moins d’1 % de Generali, a lancé une offensive d’envergure contre son management.

«Package». Premier accusé, Bernheim, dont l’âge – 83 ans – est le plus élevé de tous les dirigeants du secteur, mais aussi sa rémunération : 8,7 millions d’euros en 2006, beaucoup plus que ses homologues d’Axa et d’Allianz. «Ce package est beaucoup trop élevé par rapport à ses homologues des autres assureurs européens, dénonce Algebris dans une lettre rendue publique, sans une justification claire en termes de dimension de la société ou de création de valeur.» Bernheim est aussi mis en cause pour son absence de contact avec les investisseurs. Enfin, le fonds britannique s’étonne de la composition du management de Generali qui compte, en plus du président, deux administrateurs délégués et un directeur financier récemment nommé n’ayant «aucune expérience internationale». Par la faute de ces déficits de gouvernance, Generali serait sous-évalué d’au moins 40 %, estime Algebris.

L’attaque, courante à Wall Street ou Londres, a surpris le monde de la finance italienne, qui reste largement incestueux. Surtout qu’Algebris a annoncé mercredi vouloir rallier à sa cause les grands actionnaires de Generali. Le cofondateur du fonds, l’Italien Davide Serra, qui avait fait le voyage à Milan mercredi, s’est fait menaçant vis-à-vis de la direction. Sans réponse à ses demandes d’ici à la prochaine assemblée générale en avril 2008, il promet de faire valoir «ses droits d’actionnaires». Selon le droit italien, quiconque contrôle 2,25 % du capital d’une société peut demander l’inscription d’un point à l’ordre du jour. Mais pour imposer une telle résolution, il faut réussir à convaincre d’autres actionnaires, une tâche ardue. Generali est considéré comme le centre névralgique du monde des affaires italien et son capital est contrôlé à 31 % par plusieurs grands groupes financiers italiens, au premier chef, la banque d’affaires Mediobanca. Cette dernière étant elle-même contrôlée par un pacte d’actionnaires solide, emmené par le financier Vincent Bolloré, un proche de Bernheim. Bolloré est à l’origine de la nomination de Bernheim à la présidence de Generali, en 2002. Il s’agissait alors d’une revanche mûrement préparée. Quatre ans auparavant, Bernheim, alors administrateur-délégué de Generali, avait été poussé vers la sortie – «congédié comme un valet», raconte l’intéressé – après y avoir exercé le pouvoir pendant des années. Bolloré était ensuite entré dans le capital de Mediobanca, puis avait convaincu les autres actionnaires italiens de rappeler son mentor. A moins d’un changement d’alliance, il sera difficile pour Algebris d’arriver à ses fins.

Démission. Pour autant, l’attaque a mis en ébullition la Bourse de Milan. En quelques jours, le titre a bondi de 10 %, passant de 30 à 33 euros, avant de légèrement retomber. Ce qui a obligé Bernheim à réagir. Après avoir rencontré les autorités financières, le patron de Generali a écarté toute idée de démission. «J’ai un mandat de trois ans et je veux aller jusqu’au bout», a-t-il assuré. Refusant d’entrer dans le fond des critiques, il s’est permis une seule remarque : «Je ne peux pas faire grand-chose à propos de mon âge…»

Sources Libération

Posté par Adriana Evangelizt

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