Obama-Sarkozy: rêve américain contre cauchemar français
Obama-Sarkozy: rêve américain contre cauchemar français
par Juan
Sarkofrance
79ème semaine de Sarkofrance pour Juan qui se livre à une cruelle comparaison entre Obama et Sarkozy. Cruelle pour Sarkozy, s'entend. Mais pas seulement pour lui : pour les Français aussi, ça risque d'être dur. Très dur.
Cette 79ème semaine de Sarkofrance, nos regards étaient ailleurs. En Amérique, Barack Obama a été finalement été élu 44ème président des Etats-Unis. La quasi-totalité de la classe politique française, président compris, avait déjà tenté de récupérer le phénomène depuis des mois. Le contraste avec la France, président compris, est pourtant saisissant.
Slogan contre slogan
«Yes, we can» serait la version américaine du sarkozyste «Ensemble, tout est possible.» L'analogie s'arrête à cette comparaison publicitaire sans valeur. En France, Nicolas Sarkozy n'a eu de cesse que de chercher des boucs-émissaires aux difficultés du pays : les fraudeurs en tous genres, les chômeurs qui ne trouvent pas assez vite un boulot, les seniors en pré-retraite, les traders, les malades qui coûtent trop cher, les criminels et la petite «racaille.» Cliver la société française en permanence est la quintessence du Sarkozysme politique. Le malentendu sarkozyste est là. Il défend le clivage contre le rassemblement.
Obama lui n'a promis aucune «rupture», un concept qui clive et qui oppose. Il a promis un rassemblement, un dépassement. Il a aussi prévenu qu'il se tromperait, qu'il ne réussirait pas à tous les coups: «il y aura des échecs et des désaccords. mais je vous préviendrai pour en discuter.» Il a assumé les contradictions de son pays. Bref, il a tenu un discours adulte à un électorat qui ne l'est pas toujours.
Le rêve américain de Sarkozy
Sarkozy admire l'Amérique. Moi aussi, mais pas pour les mêmes choses. Sarkozy rêve de Reagan et Bush; l'Amérique vote Obama. A peine élu, Sarkozy est allé faire acte d'allégeance chez Bush, barbecue inclus. A peine élu, il rappelait qu'il voulait que le crédit hypothécaire se développe en France comme aux Etats-Unis. Pas encore élu, il excusait l'arrogance française vis-à-vis de la guerre en Irak. Sarkozy revendiquait le modèle américain: le faible chômage, les subprimes, ou Tom Cruise, tout est bon de l'autre côté de l'Atlantique. Pendant la campagne, il se montrait même en jean, à cheval en camargue, comme un Georges W. Bush de pacotille.
Obama élu fera de l'ombre à Sarkozy. Président du conseil européen pour encore quelques semaines, ce dernier espère encore briller, sa Carla à ses côtés.
Flegme contre agitation
Puisque le monde s'amuse à des comparaisons hasardeuses, poursuivons l'exercice. En France, Nicolas Sarkozy s'agace, menace, s'agite. Il porte plainte contre une poupée, une pancarte, un texto. Il cherche à asphyxier et déstabiliser ses opposants. Tous les coups sont permis.
Barack Obama lui conserve un style détendu. Son flegme et son humour participent à son charisme. Et pourtant, la pression fut autrement plus forte: au plus fort de la campagne, il s'est fait traiter de communiste, de castriste, de fondamentaliste musulman. A chaque fois, il a affiché son calme et son sourire. En France, il suffit qu'un opposant tienne une pancarte «Casse-toi pov'con» sur le passage du cortège présidentiel pour qu'il soit poursuivi ... et condamné !
Bref, Barack est poli, tranquille et drôle. Nicolas est agité, parfois grossier, toujours rancunier.
Intégration contre identité nationale
Brice Hortefeux aura beau jeu de souligner que l'identité étasunienne transcende les races, les religions, les communautés. Le 5 novembre au matin, il a commis ce lapsus malheureux, en laissant clairement entendre que le métis Obama avait réussi son intégration. «C'est le témoignage que le défi de l'intégration peut être relevé.» L'Amérique «de souche» serait-elle blanche pour Brice Hortefeux ? Lundi et mardi, le ministre de l'identité nationale recevait à Vichy ses homologues européens en charge de l'immigration pour leur faire signer un pacte communautaire. Hortefeux a dû faire des concessions depuis plusieurs mois, pour convaincre ses confrères. Mais son Pacte reste stupide et dangereux. Comme l'écrit Joël Roman, «l'immigration économique non-qualifiée et le regroupement familial basculent dans l'immigration « subie », à vocation irrégulière.»
En France toujours, la précarisation de la société se lit aussi à l'aune de la politique judiciaire. Mercredi, Rachida Dati a ainsi présenté, sans plus de concertation qu'un communiqué sur le site Web de l'Elysée, son nouveau projet de loi sur la «rétention de sûreté». Ce projet vise à enfermer à vie des criminels ayant purgé leur peine, qu'un panel de magistrats et experts jugera dangereux. Jeudi, Rachida Dati a fait visiter l'une de ces prisons pour «détenus libérés». Quelle est la différence avec Guantanamo ? Le confort des chiottes individuelles ?
Protection contre précarité
Aux Etats Unis, Barack Obama a promis un retour de l'État et la réduction des inégalités fiscales. Même si personne ne s'attend à ce que le futur président américain nationalise l'économie américaine, il a proposé une rupture idéologique avec les 8 années d'iniquité fiscale et sociale de Georges W. Bush. Ce dernier a fait payer au monde, par l'accroissement de l'endettement public dans des proportions inconsidérées, l'allègement de la fiscalité des plus riches et le désengagement de l'Etat dans son propre pays. Obama a annoncé qu'il fallait revoir les impôts. Barack Obama défend une vision différente de l'Amérique idéalisée par Sarkozy. Il promeut davantage de régulation, comme une assurance maladie accessible au plus grand nombre car sponsorisée par l'Etat (quand son rival McCain en restait à soutenir le «marché libre» pour baisser les coûts de santé), ou le développement des médicaments génériques
En France, Nicolas Sarkozy a promis un chemin exactement inverse: défiscalisation, surtout pour les plus riches, et réduction de l'assurance sociale (chômage, retraites, assurance maladie). Même la crise financière puis la récession qui creusent le déficit budgétaire faute de croissance ne lui ont pas fait renoncer à son coûteux et inutile paquet fiscal.
En bref, l'État vu par Obama doit réinvestir la sphère sociale et économique. L'État version Sarkozy renforce son pouvoir de répression (Edvide, la nouvelle Direction du Renseignement intérieur, présidentialisme du régime) et se dégage de ses filets sociaux historiques.
Obama promet la relance
En France, Nicolas Sarkozy exclut toute relance. Aux Etats-Unis, Obama la promet. En France, le gouvernement fait voter un budget qui intègre une taxe sur le chiffre d'affaires des mutuelles (que ces dernières répercuteront sur leurs tarifs aux assurés), une autre sur l'épargne d'entreprise (primes de participation, intéressement, abondements des employeurs sur les plans d'épargne entreprise), jusqu'ici exonérés de cotisations sociales, mais une exonération des parachutes dorés inférieurs à 1 million d'euros; une réduction de la prime pour l'emploi (cf. l'Observatoire des inégalités) ; la quasi-absence de revalorisation faible augmentation du traitement des fonctionnaires (5 millions de personnes); la fin «des réseaux d'aide aux enfants en difficulté» (Rased); la baisse des budgets des ministères de l'emploi et de la Ville.
La poursuite du cauchemar français
Mardi, Nicolas Sarkozy s'est enthousiasmé pour la croissance verte. Il y mêle le développement des OGM en France et la prolifération nucléaire. Beaucoup de beaux mots. Le président français a raison de parler de croissance, concept en voie de disparition. Il n'a pas fallu un mois au gouvernement pour capituler et revoir ses prévisions à la baisse. Le budget établi en septembre, examiné depuis quelques semaines par le parlement est obsolète :
Pire, on apprend que les restrictions ne sont pas pour tout le monde. Le député Vert François de Rugy a cette question délicieuse, il y a quelques jours, à l'Assemblée Nationale :
«Nous discutons en ce moment un budget placé sous le signe de la rigueur. Les crédits de l'emploi et du logement sont en baisse. Les réductions d'effectif frappent tous les ministères, y compris celui de l'éducation nationale ou celui de l'écologie.
Dans ce contexte, je voudrais soumettre aux membres du Gouvernement une petite devinette : quels sont les agents de l'État qui, en 2009, se verront octroyer une augmentation de salaire moyenne de 15 300 euros ? Quels sont les heureux gagnants de ce jackpot, qui représente, pour chacun de ses bénéficiaires, l'équivalent de la progression de rémunération annuelle de 300 salariés payés au SMIC ?
Je ne vous ferai pas davantage attendre la réponse : ce sont – on l'apprend à la lecture du budget – les quatre-vingt-dix-huit collaborateurs les plus proches du Président de la République.»
Effectivement, le gouvernement s'est promis une augmentation de ces effectifs et de leur bonus pour 2009. Fillon a pris exemple sur son patron, qui s'est acheté un nouvel avion pour 280 millions d'euros, qui boit moins mais voyage plus, et qui a refait la déco de l'Elysée. La belle école !
Barack Obama est attendu comme le sauveur d'une Amérique en proie au doute, à la crise, et à deux guerres.
Mesurez-vous la différence avec le président français ?
Mesurez-vous la différence ?
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Slogan contre slogan
«Yes, we can» serait la version américaine du sarkozyste «Ensemble, tout est possible.» L'analogie s'arrête à cette comparaison publicitaire sans valeur. En France, Nicolas Sarkozy n'a eu de cesse que de chercher des boucs-émissaires aux difficultés du pays : les fraudeurs en tous genres, les chômeurs qui ne trouvent pas assez vite un boulot, les seniors en pré-retraite, les traders, les malades qui coûtent trop cher, les criminels et la petite «racaille.» Cliver la société française en permanence est la quintessence du Sarkozysme politique. Le malentendu sarkozyste est là. Il défend le clivage contre le rassemblement.
Obama lui n'a promis aucune «rupture», un concept qui clive et qui oppose. Il a promis un rassemblement, un dépassement. Il a aussi prévenu qu'il se tromperait, qu'il ne réussirait pas à tous les coups: «il y aura des échecs et des désaccords. mais je vous préviendrai pour en discuter.» Il a assumé les contradictions de son pays. Bref, il a tenu un discours adulte à un électorat qui ne l'est pas toujours.
Le rêve américain de Sarkozy
Sarkozy admire l'Amérique. Moi aussi, mais pas pour les mêmes choses. Sarkozy rêve de Reagan et Bush; l'Amérique vote Obama. A peine élu, Sarkozy est allé faire acte d'allégeance chez Bush, barbecue inclus. A peine élu, il rappelait qu'il voulait que le crédit hypothécaire se développe en France comme aux Etats-Unis. Pas encore élu, il excusait l'arrogance française vis-à-vis de la guerre en Irak. Sarkozy revendiquait le modèle américain: le faible chômage, les subprimes, ou Tom Cruise, tout est bon de l'autre côté de l'Atlantique. Pendant la campagne, il se montrait même en jean, à cheval en camargue, comme un Georges W. Bush de pacotille.
Obama élu fera de l'ombre à Sarkozy. Président du conseil européen pour encore quelques semaines, ce dernier espère encore briller, sa Carla à ses côtés.
Flegme contre agitation
Puisque le monde s'amuse à des comparaisons hasardeuses, poursuivons l'exercice. En France, Nicolas Sarkozy s'agace, menace, s'agite. Il porte plainte contre une poupée, une pancarte, un texto. Il cherche à asphyxier et déstabiliser ses opposants. Tous les coups sont permis.
Barack Obama lui conserve un style détendu. Son flegme et son humour participent à son charisme. Et pourtant, la pression fut autrement plus forte: au plus fort de la campagne, il s'est fait traiter de communiste, de castriste, de fondamentaliste musulman. A chaque fois, il a affiché son calme et son sourire. En France, il suffit qu'un opposant tienne une pancarte «Casse-toi pov'con» sur le passage du cortège présidentiel pour qu'il soit poursuivi ... et condamné !
Bref, Barack est poli, tranquille et drôle. Nicolas est agité, parfois grossier, toujours rancunier.
Intégration contre identité nationale
Brice Hortefeux aura beau jeu de souligner que l'identité étasunienne transcende les races, les religions, les communautés. Le 5 novembre au matin, il a commis ce lapsus malheureux, en laissant clairement entendre que le métis Obama avait réussi son intégration. «C'est le témoignage que le défi de l'intégration peut être relevé.» L'Amérique «de souche» serait-elle blanche pour Brice Hortefeux ? Lundi et mardi, le ministre de l'identité nationale recevait à Vichy ses homologues européens en charge de l'immigration pour leur faire signer un pacte communautaire. Hortefeux a dû faire des concessions depuis plusieurs mois, pour convaincre ses confrères. Mais son Pacte reste stupide et dangereux. Comme l'écrit Joël Roman, «l'immigration économique non-qualifiée et le regroupement familial basculent dans l'immigration « subie », à vocation irrégulière.»
En France toujours, la précarisation de la société se lit aussi à l'aune de la politique judiciaire. Mercredi, Rachida Dati a ainsi présenté, sans plus de concertation qu'un communiqué sur le site Web de l'Elysée, son nouveau projet de loi sur la «rétention de sûreté». Ce projet vise à enfermer à vie des criminels ayant purgé leur peine, qu'un panel de magistrats et experts jugera dangereux. Jeudi, Rachida Dati a fait visiter l'une de ces prisons pour «détenus libérés». Quelle est la différence avec Guantanamo ? Le confort des chiottes individuelles ?
Protection contre précarité
Aux Etats Unis, Barack Obama a promis un retour de l'État et la réduction des inégalités fiscales. Même si personne ne s'attend à ce que le futur président américain nationalise l'économie américaine, il a proposé une rupture idéologique avec les 8 années d'iniquité fiscale et sociale de Georges W. Bush. Ce dernier a fait payer au monde, par l'accroissement de l'endettement public dans des proportions inconsidérées, l'allègement de la fiscalité des plus riches et le désengagement de l'Etat dans son propre pays. Obama a annoncé qu'il fallait revoir les impôts. Barack Obama défend une vision différente de l'Amérique idéalisée par Sarkozy. Il promeut davantage de régulation, comme une assurance maladie accessible au plus grand nombre car sponsorisée par l'Etat (quand son rival McCain en restait à soutenir le «marché libre» pour baisser les coûts de santé), ou le développement des médicaments génériques
En France, Nicolas Sarkozy a promis un chemin exactement inverse: défiscalisation, surtout pour les plus riches, et réduction de l'assurance sociale (chômage, retraites, assurance maladie). Même la crise financière puis la récession qui creusent le déficit budgétaire faute de croissance ne lui ont pas fait renoncer à son coûteux et inutile paquet fiscal.
En bref, l'État vu par Obama doit réinvestir la sphère sociale et économique. L'État version Sarkozy renforce son pouvoir de répression (Edvide, la nouvelle Direction du Renseignement intérieur, présidentialisme du régime) et se dégage de ses filets sociaux historiques.
Obama promet la relance
En France, Nicolas Sarkozy exclut toute relance. Aux Etats-Unis, Obama la promet. En France, le gouvernement fait voter un budget qui intègre une taxe sur le chiffre d'affaires des mutuelles (que ces dernières répercuteront sur leurs tarifs aux assurés), une autre sur l'épargne d'entreprise (primes de participation, intéressement, abondements des employeurs sur les plans d'épargne entreprise), jusqu'ici exonérés de cotisations sociales, mais une exonération des parachutes dorés inférieurs à 1 million d'euros; une réduction de la prime pour l'emploi (cf. l'Observatoire des inégalités) ; la quasi-absence de revalorisation faible augmentation du traitement des fonctionnaires (5 millions de personnes); la fin «des réseaux d'aide aux enfants en difficulté» (Rased); la baisse des budgets des ministères de l'emploi et de la Ville.
La poursuite du cauchemar français
Mardi, Nicolas Sarkozy s'est enthousiasmé pour la croissance verte. Il y mêle le développement des OGM en France et la prolifération nucléaire. Beaucoup de beaux mots. Le président français a raison de parler de croissance, concept en voie de disparition. Il n'a pas fallu un mois au gouvernement pour capituler et revoir ses prévisions à la baisse. Le budget établi en septembre, examiné depuis quelques semaines par le parlement est obsolète :
Pire, on apprend que les restrictions ne sont pas pour tout le monde. Le député Vert François de Rugy a cette question délicieuse, il y a quelques jours, à l'Assemblée Nationale :
«Nous discutons en ce moment un budget placé sous le signe de la rigueur. Les crédits de l'emploi et du logement sont en baisse. Les réductions d'effectif frappent tous les ministères, y compris celui de l'éducation nationale ou celui de l'écologie.
Dans ce contexte, je voudrais soumettre aux membres du Gouvernement une petite devinette : quels sont les agents de l'État qui, en 2009, se verront octroyer une augmentation de salaire moyenne de 15 300 euros ? Quels sont les heureux gagnants de ce jackpot, qui représente, pour chacun de ses bénéficiaires, l'équivalent de la progression de rémunération annuelle de 300 salariés payés au SMIC ?
Je ne vous ferai pas davantage attendre la réponse : ce sont – on l'apprend à la lecture du budget – les quatre-vingt-dix-huit collaborateurs les plus proches du Président de la République.»
Effectivement, le gouvernement s'est promis une augmentation de ces effectifs et de leur bonus pour 2009. Fillon a pris exemple sur son patron, qui s'est acheté un nouvel avion pour 280 millions d'euros, qui boit moins mais voyage plus, et qui a refait la déco de l'Elysée. La belle école !
Barack Obama est attendu comme le sauveur d'une Amérique en proie au doute, à la crise, et à deux guerres.
Mesurez-vous la différence avec le président français ?
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Sources Marianne
Posté par Adriana Evangelizt