LES PIEDS DANS LE RUISSEAU...
Un texte pour qui nous avons un coup de coeur... signé Blandine Laffargue... elle nous parle de Gavroche... elle s'appelle Blandine... nous voilà en plein dans le monde de Hugo sous la plume lumineuse de notre écrivaine qui sait toucher le coeur... visitez son blog TRIBUN' INFOS...
"...LES PIEDS DANS LE RUISSEAU, C'EST LA FAUTE A SARKO..."
Il y a moins de deux cents ans, sur les barricades de Paris, un enfant sifflait cette chanson avant de se faire tirer dessus par l’armée. Il n’était question, alors, que de Voltaire et de Rousseau ; sur les lieux de combat, on se battait pour des idées. C’était la révolte des républicains, de ceux qui croyaient encore en un Contrat Social.
Aujourd’hui le décor est le même. Il y a le feu, il y a les heurts, il y a les CRS et il y a les insurgés. Mais la violence, elle, a changé de visée. Et les Gavroche, vengeurs, se sont mués en casseurs.
Elle est nihiliste, cette violence, elle est indéfendable. Certes, elle témoigne d’un profond mal être qui doit être pris en compte. Certes, elle pointe avec cynisme les faillites d’une intégration qui se voulait universelle. Certes, enfin, elle pousse à réaction. Mais qui, dans ce pays, oserait prétendre qu’elle est justifiée ?
Légitime, à la limite… Mais justifiée ? Voyez les chiffres. 1400 voitures brûlées chaque soir, est-ce vraiment la faute à Voltaire ? Non bien entendu. Comment Voltaire pourrait-il être responsable d’une curée qui ne comprend rien aux Lumières ?
Non, les responsables d’une telle flambée, ce ne sont que des gamins. Comme Gavroche. Mais ils sont âcres, ces gamins. Leur violence est un jeu. Ils s’improvisent guerrilleros pour jouer les GI Jocks. Ils ne veulent que détruire ; parce que c’est mieux comme ça, mieux d’en finir une fois pour toutes. En riant devant le bûcher.
Cependant, cette danse rageuse devant les flammes, ce n’est pas elle qui a lancé la guerre du feu. Eux, ces casseurs qui s’amusent à dire « Na ! », ne font que souffler sur les braises… Il y a un autre fauteur, c’est évident. Un responsable actif qui a vendu la poudre aux vestales.
Ah ! c’est sûr qu’elle sentait bien le soufre, cette politique sarkozienne ! Elle les portait en elle, ces étincelles de rage. Comment a-t-on pu croire, un temps, qu’il suffisait de taper médiatiquement du poing sur la table pour apaiser les cités ? C’était absurde et violent. Aussi insensé, en fait, que cette rage urbaine qui se déchaîne.
Il est inutile de revenir sur la quantité de petites phrases électoralistes lancées par l’ancien maire de Neuilly ; elles ont malheureusement bien trop couru. Ni sur les mesures gadgets qui ont permis, un moment, de calmer la rumeur du 21 avril… Je ne dis pas que l’insécurité est un sujet trivial. Je n’aurai pas ce dédain. Je dis simplement qu’elle doit être considérée dans le souci basique de l’intérêt général. Non pas dans la perspective d’une petite sauterie en 2007.
Sarkozy a joué la carte personnelle ; et tout Pacte Social était dès lors cramé.
Attiser à ce point les rancoeurs contre un volcan qui gronde, c’est risquer de le faire éclater. Convertir le mot banlieusard en terme racaille, c’est nécessairement développer une identité communautariste allant dans ce sens. C’est l’implacable logique du « puisque c’est comme ça, j’vais l’faire »…Pensez-y en vous rasant monsieur Sarkozy.
En attendant, Gavroche perverti continue son œuvre ; il pille et il détruit. Il ne demande pas de nouveau régime ; il ne cherche même plus sa liberté. Il veut seulement se venger. Se venger d’être mort, une fois, pour le rêve d’une République. D’avoir pensé, un temps, qu’on écouterait son chant. Et puis qu’on arrêterait, enfin, de ne le croire qu’un gamin.
Mais ses violences actuelles empêchent tout autre mot…Il est enfermé, maintenant, dans ce rôle d’inconscient. Et aura du mal à se muer en Valjean.
Alors c’est sûr, monsieur Javert, vous pouvez pérorer. Les preuves sont là. Vous comprenez ! ce n’est que de la racaille…Maintenant, peut-être…
Mais, à votre place, je ne m’enorgueillirais pas d’une telle démonstration.
Sources : TRIBUN' INFOS
Posté par Adriana Evangelizt