Promesse

Publié le par Adriana EVANGELIZT

 

par Laurent Joffrin

Editorial

 

Si ce premier tour n'est pas le triomphe qu'attendait la gauche, cette dernière peut s'estimer satisfaite de sa stratégie: le vote sanction contre le gouvernement a fonctionné.
 

Effet pervers des sondages : on attend à tort un raz-de-marée, il n’a pas lieu, et c’est la déception qui entoure le succès… Il faut pourtant le dire sans ambages : la gauche obtient une victoire.

Ce premier tour n’est pas un triomphe, loin de là, mais il est une promesse. La gauche avait pu croire à son irrésistible montée un an après la défaite présidentielle. Erreur sans doute due à l’ivresse de la fin de campagne et à l’apparente démoralisation de l’adversaire. Elle réalisera difficilement le grand chelem rêvé ces derniers jours. Mais elle peut s’estimer satisfaite des résultats obtenus aujourd'hui. Il est vrai qu’elle avait dans cette élection un joker efficace, qui a dominé toute la précampagne et déstabilisé l’UMP.

Ce joker s’appelle Nicolas Sarkozy. Pendant plusieurs semaines, le Président a joué comme un avant-centre talentueux mais déboussolé, qui s’obstine à marquer autant de buts que possible contre son camp. En annonçant début janvier qu’il ne fallait plus trop compter sur des hausses de pouvoir d’achat parce que «les caisses sont vides», en brouillant le message gouvernemental par une accumulation d’annonces maladroites, en faisant de sa vie privée un objet public, il a changé le décor de ce scrutin municipal.

Quoi que dise aujourd’hui la majorité, il y a bien une sanction dans le vote exprimé ce dimanche. Le Président a annoncé à l’avance qu’il ne souhaitait tenir aucun compte d’élections à ses yeux purement locales. Nous verrons dimanche prochain si cette position est encore tenable. Quand 44 millions d’électeurs se prononcent, difficile d’ignorer leur message.

Pour autant, dans une France où le citoyen veut maîtriser sa vie quotidienne, les enjeux locaux jouent un rôle décisif. Les avertissements au gouvernement peuvent se perdre en route ; le maire, lui, est là pour six ans. Il décidera d’augmenter ou non les impôts, de réformer ou non les transports, d’agir ou non sur l’environnement. Nous sommes à l’heure de la planète et du village, compléments inséparables dans la mondialisation. La progression de la gauche, mais aussi la résistance de la droite dans plusieurs villes importantes, tiennent à ce facteur local. Pour les socialistes, il y a là une leçon.

Leur solidité en centre-ville –  à Lyon, Lille ou Paris – découle de l’évolution historique de l’électorat urbain. On trouve au cœur des grandes agglomérations les couches moyennes et supérieures, sensibles aux questions d’écologie et de logement. Deux points sur lesquels la droite subit un handicap. Plus que les prolos, les bobos fournissent une base fiable au PS. La gauche s’embourgeoise : elle en tire le bénéfice. Mais un autre facteur est à l’œuvre.

S’ils gagnent dans les villes et ailleurs, c’est aussi parce que les socialistes, par la force des choses, présentent des équipes unies, emmenées par un chef de file désigné à l’avance, sur des projets clairs. Le socialisme municipal, vieille figure de la gauche qui a ses états de service glorieux, contraint au réalisme et à l’imagination, à la cohérence et à l’unité. Toutes choses, précisément, qui manquent à la gauche nationale. Le message de ce premier tour, décidément, a plusieurs destinataires…

Sources Libération

Posté par Adriana Evangelizt

 
 
 

Publié dans Elections danger

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