DDV : le coût de l'action

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Villepin : le coût de l'action

par Christian Barbier

Du CPE à la fusion GDF-Suez, le Premier ministre surprend par son activisme. Mais, du coup, il s'expose
Triviale mais éloquente, c'est l'une des expressions préférées de Jacques Chirac, que Dominique de Villepin a dû entendre plus qu'à son tour quand il était son voisin de bureau à l'Elysée: «Les merdes volent en escadrille.» Ce qui signifie que les ennuis n'arrivent jamais isolés. Avec la colère anti-CPE, le chikungunya, la grippe aviaire, les tribulations du Clemenceau et la hausse de 0,7% du chômage en janvier, le Premier ministre a pu vérifier la pertinence de l'aphorisme. La sanction de l'opinion, elle, est immédiate: il perd 6 points dans le baromètre BVA-L'Express et voit les mauvaises opinions devancer les bonnes. En octobre 2005 déjà, Villepin avait connu pareille inversion, fruit de la contestation du CNE, du conflit à la SNCM et d'une rentrée universitaire tendue.

La malédiction est courante à Matignon: agir use, ne pas agir affaiblit. Mais, avec Villepin, l'action parfois ragaillardit: ainsi en novembre, avec l'état d'urgence imposé dans les banlieues. Dans les prochaines semaines, le chef du gouvernement sera-t-il récompensé pour sa rapidité à faire fusionner GDF et Suez, ou encore pour sa mobilisation prophylactique contre le H5N1? Il use d'un «atout autorité» intact pour enterrer les promesses présidentielles (comme la baisse des impôts) ou défaire les lois du gouvernement Raffarin (comme les 70% inaliénables de participation publique dans GDF). Son activisme et son goût de la décision surprise sont inédits, sans que l'on sache s'ils relèvent chez lui d'une véritable philosophie de l'action ou d'une gestion contrainte du bref temps de pouvoir qui lui est imparti. Seule l'efficacité fera oublier cette vélocité, qui est aussi une brutalité.

Mais Villepin doit aussi affronter un affaissement de l'Etat sans précédent. La justice est remise en question par l'affaire d'Outreau, la police soupçonnée d'avoir torturé de présumés terroristes et l'armée atteinte par ses exactions en Côte d'Ivoire et les cafouillages autour du Clemenceau. Jacques Chirac subissant un irréversible déclin dans l'opinion, le «roi» et le régalien sont en crise. Moins que de rituels aléas liés au poste, les vicissitudes de Matignon sont peut-être les symptômes d'un exécutif à bout de souffle.

Sources : L'EXPRESS

Publié dans SONDAGES

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