DDV : le coût de l'action
Villepin : le coût de l'action
par Christian Barbier

La malédiction est courante à Matignon: agir use, ne pas agir affaiblit. Mais, avec Villepin, l'action parfois ragaillardit: ainsi en novembre, avec l'état d'urgence imposé dans les banlieues. Dans les prochaines semaines, le chef du gouvernement sera-t-il récompensé pour sa rapidité à faire fusionner GDF et Suez, ou encore pour sa mobilisation prophylactique contre le H5N1? Il use d'un «atout autorité» intact pour enterrer les promesses présidentielles (comme la baisse des impôts) ou défaire les lois du gouvernement Raffarin (comme les 70% inaliénables de participation publique dans GDF). Son activisme et son goût de la décision surprise sont inédits, sans que l'on sache s'ils relèvent chez lui d'une véritable philosophie de l'action ou d'une gestion contrainte du bref temps de pouvoir qui lui est imparti. Seule l'efficacité fera oublier cette vélocité, qui est aussi une brutalité.
Mais Villepin doit aussi affronter un affaissement de l'Etat sans précédent. La justice est remise en question par l'affaire d'Outreau, la police soupçonnée d'avoir torturé de présumés terroristes et l'armée atteinte par ses exactions en Côte d'Ivoire et les cafouillages autour du Clemenceau. Jacques Chirac subissant un irréversible déclin dans l'opinion, le «roi» et le régalien sont en crise. Moins que de rituels aléas liés au poste, les vicissitudes de Matignon sont peut-être les symptômes d'un exécutif à bout de souffle.