Des primes au mérite pour les hauts fonctionnaires

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Et oui, il vaut mieux indemniser les très riches que les pauvres. C'est reconnu. On devrait aussi donner une prime au président de la République et pourquoi pas à George Bush ou à Olmert. Quand on lit ça, voyez-vous, on préfèrerait être aveugle.

Le gouvernement instaure des primes au mérite

pour les grands commis de l'Etat

par Michel Delberghe

Une brèche a été ouverte dans le mode de rémunération de la fonction publique. Jusqu'à présent expérimentée dans quelques ministères - agriculture, défense, finances, fonction publique et intérieur -, la création d'une "indemnité de performance" en faveur des directeurs d'administration centrale des ministères est généralisée par un décret du 11 août.

Pour l'heure, cette nouvelle prime annuelle ne concerne que les deux cents plus hauts fonctionnaires et quelques délégués interministériels, au sommet de la hiérarchie de l'Etat. Son montant ne doit pas excéder 20 % du salaire de base, complété par la liste de toutes les primes dont bénéficient ces hauts fonctionnaires, soit entre 10 000 et 15 000 euros : "l'équivalent d'un mois de salaire", selon l'estimation du ministère de la fonction publique.

Chaque année, un "comité ministériel de rémunération", composé de trois membres dont une personnalité extérieure, sera chargé d'évaluer chaque directeur et, selon les termes du décret, devra donner un avis sur "la manière dont (il) a atteint les objectifs assignés (par le ministre) et sur la conduite de la direction" de son administration.

Cette procédure est la conséquence de la mise en oeuvre de la Loi organique de la loi de finances (LOLF) qui a modifié la gestion financière des ministères en introduisant des budgets par programmes. "Il est normal que ceux qui sont chargés d'appliquer ces dispositions s'engagent sur les résultats et bénéficient d'une prime de responsabilité correspondante", précise-t-on dans l'entourage du ministre de la fonction publique, Christian Jacob.

RAPPROCHER PUBLIC ET PRIVÉ

Pour justifier cette mesure, le gouvernement invoque aussi la nécessité de réduire les écarts de rémunération entre les secteurs privés et publics, jugés moins attractifs, tout au moins dans les plus hautes fonctions. L'introduction, dans la fonction publique, d'une part variable de rémunération liée à la responsabilité individuelle est donc censée rapprocher un peu plus les deux systèmes.

Dans un rapport publié en juillet 2005, la délégation générale de l'administration de la fonction publique avait étudié les différentes modalités de "gestion et de la reconnaissance de la performance", en préconisant notamment de commencer par la plus haute hiérarchie. Même si elle est exclue dans l'immédiat, la généralisation progressive du système à l'ensemble des catégories est une crainte évoquée par les syndicats.

"C'est une mauvaise réponse à un vrai sujet, qui concerne le tassement des plus hautes rémunérations", relève Jean-Marc Canon, secrétaire de l'Union des fonctionnaires CGT. Selon lui, "cette rémunération aléatoire pose un problème déontologique de neutralité et d'indépendance face aux pressions du pouvoir politique."

La formule ne choque pas, à l'inverse, Elisabeth David, secrétaire générale des fonctionnaires de l'UNSA. A condition, précise-t-elle, que "l'on revoie l'ensemble du système indemnitaire et que l'on s'attaque aux disparités entre les ministères". Pour autant, elle s'interroge sur le financement de cette indemnité en période de blocage des salaires.

Sources : LE MONDE

Posté par Adriana Evangelizt

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