L'erreur de Sarkozy

Publié le par Adriana EVANGELIZT

L'erreur de Sarkozy


Epilogue tardif d'une situation honteuse : les quelque trois cents occupants du gymnase Belle-Image de Cachan (Val-de-Marne), installés dans des conditions d'hygiène plus que précaires depuis leur expulsion d'un squat le 17 août, vont être relogés sur huit communes. Négocié dans la nuit du 4 au 5 octobre, entre les anciens squatteurs, France Terre d'asile, les médiateurs de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) et de SOS-Racisme et le maire (PS) de Cachan, Jean-Yves Le Bouillonnec, ce protocole d'accord sera avalisé par Nicolas Sarkozy.


Pour parvenir à ce compromis que la dégradation de la situation sanitaire, et en particulier celle des grévistes de la faim, rendait urgent, le ministre de l'intérieur a dû changer de position sur les squatteurs en situation irrégulière, acceptant désormais qu'ils ne soient plus interpellés à proximité de leur lieu d'hébergement et que leur situation fasse l'objet d'un examen "attentif" au cas par cas. Autant M. Sarkozy avait joué habilement, il y a quatre ans, quand il avait négocié avec la Grande-Bretagne, dans le cadre d'un plan de lutte contre l'immigration clandestine, la fermeture du camp de transit de Sangatte (Pas-de-Calais), autant il a adopté une stratégie hasardeuse à Cachan.

L'erreur de M. Sarkozy n'est pas d'avoir fait appliquer - tardivement - une décision de justice sur l'évacuation du squat de Cachan : c'est d'avoir ensuite laissé pourrir la situation, en campant sur une position intransigeante sur les occupants sans papiers. Le ministre ne pouvait pas douter un instant de la forte médiatisation de cette situation - avec un écho qui a, encore une fois, livré des images indignes du pays des droits de l'homme que la France veut être -, avec son cortège de manifestations et une implication croissante d'artistes. Il ne pouvait pas prétendre s'en sortir en fustigeant, comme il l'a fait le 3 octobre à l'Assemblée nationale, des "associations politisées irresponsables" ou en s'en prenant injustement au maire de Cachan sous prétexte qu'il est socialiste.

Comme dans l'affaire des parents sans papiers d'enfants scolarisés, M. Sarkozy s'est fourvoyé. Il a cru un peu vite que l'opinion, et en particulier l'électorat de droite, lui donnerait raison. A trop utiliser cette affaire pour se poser en premier défenseur de l'ordre et de la loi, il est apparu insensible à une situation inhumaine. Enfin, à laisser traîner son règlement, il s'est exposé à se voir rappeler à l'ordre par le premier ministre et se trouve contraint, in fine, à obéir à ses recommandations. "Il est temps que nous puissions définitivement régler la situation de ces hommes et de ces femmes", déclarait M. de Villepin le 4 octobre, en jugeant que leur situation "n'est pas acceptable dans un pays comme le nôtre". Il était, en effet, plus que temps.

Sources :
Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans SARKOZY LE NETTOYEUR

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