A la Martinique, Villepin met le duel en veilleuse
A la Martinique, Villepin met le duel en veilleuse
Par Vanessa SCHNEIDER
Après une semaine tendue avec les sarkozystes, il a calmé le jeu.
Rangés les bazookas, retour à la poésie. Après avoir lancé une offensive contre Nicolas Sarkozy le week-end dernier, Dominique de Villepin s'est résolu à faire une pause dans son attaque au nom du «réalisme». En visite en Martinique, une île qu'il connaît très bien pour y avoir passé de nombreuses vacances et y avoir des attaches familiales par son épouse, le Premier ministre a voulu tourner la page d'une semaine particulièrement tendue à droite. «Quelles que soient les difficultés, les aléas de la vie, il y a des hommes, des femmes, des paysages, où l'on peut se ressourcer», s'est-il exalté.
«Jeu public». Persuadé que la vie politique est faite de «temps différents», il s'est remis à l' «action», dans le souci d'apporter «des réponses aux Français». S'il revendique le droit d'exprimer ses convictions, il sait, en bon chef de guerre, lorsqu'il est temps de décréter une trêve. La grogne des députés UMP, orchestrée par les sarkozystes mardi dernier, a sonné pour lui la fin (momentanée) des hostilités. «Il est naturel que dans le jeu public chacun dise ce qu'il pense», a-t-il estimé en marge de son déplacement, ne cachant pas qu'il existe «des sensibilités différentes» au sein de la même famille politique.
Pour 2007, il persiste à décliner son diptyque : il est en faveur du rassemblement, mais estime que la présidentielle est une rencontre entre un homme et le peuple. Il reconnaît tout de même que, en période préélectorale, «des convictions peuvent s'interpréter comme des démarcations». Evoquant les banlieues près d'un an après les émeutes, il a estimé qu'il fallait être «pragmatique» et «aller plus loin», y compris dans le domaine de la sécurité. Selon lui, «il faut être insatisfait, critique par rapport à ce que l'on fait», car c'est «la marque des grands hommes politiques de se remettre en cause en permanence».
Après s'être concerté au téléphone la veille avec Nicolas Sarkozy avant son discours de Périgueux, il a donc décidé de calmer le jeu. Une consigne qui vaut également pour son numéro 2 et adversaire : «L'unité, c'est la responsabilité de tous ceux qui ont une responsabilité.» François Baroin, ministre chiraquien de l'Outre-mer qui l'accompagnait dans son voyage, a estimé, quant à lui, que, jusqu'à la désignation de Ségolène Royal pour le PS, la droite va traverser des semaines de «rassemblement» et des semaines de «rupture». «On va vivre une période difficile», a-t-il pronostiqué, estimant que c'est le voyage de Sarkozy aux Etats-Unis lorsque ce dernier a critiqué la politique internationale de Jacques Chirac qui a lancé le début des hostilités entre les deux camps.
Négritude. Hier, à Fort-de-France, après avoir visité le régiment du service militaire adapté (RSMA) et fait un tour de la ville aux côtés du maire de gauche, Serge Letchimy, Villepin s'est fait un petit plaisir en allant rendre visite à Aimé Césaire, le poète de la négritude. Il a pris soin de rappeler qu'il connaissait depuis longtemps «cette grande figure, un des plus grands poètes du monde», alors que Nicolas Sarkozy, en mars, avait fait des pieds et des mains pour être reçu par l'écrivain, qui l'avait finalement appelé «Laurent Sarkozy». Même en restant «réaliste», il y a des petites satisfactions que Villepin ne se refuse pas.
Sources : Libération
Posté par Adriana Evangelizt