Sarkozy tend la main aux Corses
Nicolas Sarkozy tend la main aux Corses, mais pas aux nationalistes. A l'occasion de son premier déplacement dans l'île de Beauté depuis son élection, le chef de l'Etat a affiché mardi sa disponibilité pour discuter de "tous les sujets" avec les Corses sauf avec les "cagoulés" et leurs soutiens.
L'hôte de l'Elysée s'est notamment dit prêt à aborder la question sensible du rapprochement des prisonniers nationalistes détenus sur le continent.
En Corse, où il s'est rendu une vingtaine de fois en tant que ministre de l'Intérieur, M. Sarkozy est chez lui, ou presque. Les Corses le lui ont bien rendu, en votant à 61,67% pour lui au second tour de la présidentielle. Trois mois après son élection, M. Sarkozy est "venu dire à la Corse qu'(il) ne l'a pas oubliée" en passant une journée dans l'île. La dernière visite d'un président de la République en Corse remontait à celle de Jacques Chirac le 9 février 1998, trois jours après l'assassinat du préfet Erignac.
Le chef de l'Etat a d'abord promis de poursuivre son action en faveur du développement économique, "première réponse" au problème corse depuis l'échec de son référendum de 2003 sur l'évolution institutionnelle.
Le développement économique sera au menu du conseil des ministres décentralisé dont M. Sarkozy a annoncé la tenue en Corse d'ici la fin du mois d'octobre.
Visitant le chantier de la déviation de Bocognano (Corse-du-Sud) sur la route nationale entre Bastia et Ajaccio, il s'est engagé à "appliquer scrupuleusement" le programme exceptionnel d'investissements (PEI), plan de près de deux milliard d'euros pour les infrastructures. "Nous veillerons à ce que les financements qui vous ont été promis soient tenus", a-t-il promis aux élus corses.
Mais M. Sarkozy est allé plus loin. Dans un geste en direction des nationalistes, il s'est dit prêt à parler "sans tabou" de "tous les sujets".
Il a notamment mentionné le "problème douloureux" des Corses prisonniers sur le continent. "Nous sommes prêts à prendre en compte avec le Garde des Sceaux les douleurs de certaines familles", a-t-il dit.
Devant quelques journalistes, il a précisé que cette offre de dialogue était dirigée vers les familles. Le gouvernement a recensé 30 prisonniers corses susceptibles d'être transférés sur l'île, dont quatre rempliraient les critères requis.
Nicolas Sarkozy est également prêt à "aller loin" sur l'enseignement de la langue corse, autre revendication nationaliste. "J'ai défendu l'identité nationale française, je suis prêt à reconnaître et à accompagner l'identité corse", a-t-il souligné.
Mais il a posé une condition: pas de négociation sur les valeurs de la République ni sur l'appartenance de la Corse à la France. "Je ne parlerai qu'avec des gens honnêtes, qui parlent à visage découvert, et non pas avec des cagoulés ou avec ceux qui défendent et qui comprennent les cagoulés", a-t-il prévenu. En clair, il n'est pas question pour M. Sarkozy de discuter avec les élus nationalistes.
Sa politique, c'est "la main tendue pour ceux qui veulent s'en sortir et le poing fermé pour ceux qui ne veulent pas comprendre", a résumé M. Sarkozy.
Dans l'après-midi, il a appelé les Corses au "sursaut civique" pour "éradiquer" la violence et le racket, lors d'une réunion avec des victimes d'attentats à Saint-Florent(Haute-Corse). Lucien Benvenuti, un restaurateur qui avait dénoncé publiquement en juillet la tentative de racket dont il était victime, brisant la loi du silence, était présent.
M. Sarkozy, qui était accompagné de la garde des Sceaux Rachida Dati et de la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, leur a demandé de réfléchir à une remise en cause du dépaysement à Paris d'une partie des affaires, pour que les enquêtes puissent être menées sur place.
Le message est clair: le dossier corse, comme les autres, c'est Nicolas Sarkozy. "Pendant ces cinq ans, j'accompagnerai la Corse", a promis le chef de l'Etat. AP
Sources La Tribune
Posté par Adriana Evangelizt