Nicolas Sarkozy, «Cheval fougueux» au triple galop dans le Golfe

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Nicolas Sarkozy, «Cheval fougueux» au triple galop dans le Golfe

 

par JEAN-PIERRE PERRIN

 

C’est plus un chef apache qu’un président français qui est arrivé dimanche soir à Riyad. «Cheval fougueux est heureux de voir son grand ami si sage», a lancé Nicolas Sarkozy au roi Abdallah. Ces mots répondaient à la politesse que le souverain, lors de leur première rencontre, le 21 juin à Paris, lui avait fait : «Le président Sarkozy ressemble à un pur-sang fringant et fougueux mais, comme tous les pur-sangs, il devra accepter l’épreuve des rênes pour trouver l’équilibre.»

Si le pur-sang est un très noble animal chez les Arabes, demeure que le royal compliment adressé par un monarque de 83 ans mordait aussi un peu par son ironie. Depuis, il y a eu la crise libanaise, où Sarkozy, négligeant les conseils de Riyad, a téléphoné à trois reprises à Bachar el-Assad pour lui demander de ne plus bloquer l’élection présidentielle, avant de finalement jeter l’éponge.

Malgré tout, le courant entre le jeune président et le vieux monarque semble passer. La visite, elle, s’est déroulée au triple galop, toute cette fébrile activité - entretiens, discours, rencontres,etc. - s’étalant sur un temps très court : dimanche soir et hier matin. Dans le palais royal, on vit même le Président, assis à côté du souverain impassible, sortir discrètement son téléphone portable pour répondre à des SMS que l’on imagine impératifs pendant que les ministres des deux pays paraphaient des accords de coopération.

VRP du nucléaire. Quatre accords ont été signés dont l’un sur la concertation politique au niveau des affaires étrangères. Les entretiens avec le roi ont été menés au même rythme : une demi-heure pour le processus de paix, l’Iran, le Liban, l’Irak et les relations bilatérales. Sur l’Iran, le Président s’est montré très ferme : comme Téhéran n’a pas répondu aux propositions de dialogue, il n’y a pas d’autre choix que d’accentuer fortement les pressions. Le souverain, dont on connaît la prudence sur ce dossier, aurait acquiescé.

Nicolas Sarkozy n’a pas oublié sa carte de VRP du nucléaire en proposant la venue à Riyad d’une délégation du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Une offre surprenante puisque le royaume refuse jusqu’à présent de s’engager dans la filière nucléaire. «L’Arabie Saoudite est un partenaire stratégique majeur. C’est un élément essentiel pour la paix dans cette région du monde tellement agitée», a-t-il commenté à l’issue des entretiens.

Temps fort de la visite, le discours au Conseil consultatif. Jouant au président-philosophe, Sarkozy a brassé les siècles, embrassé les religions, cité Alexandrie, Jérusalem, Constantine, Cordoue, ricoché d’une civilisation à l’autre, sauté de la cause palestinienne à l’écologie, dénoncé pêle-mêle le profit et le terrorisme et salué fermement la récente rencontre du roi Abdallah avec le pape - «Ce geste a plus d’importance pour la paix et pour l’avenir de la civilisation que bien des conférences internationales.» Sur le pays hôte, ses mots sont allés droit au cœur de ses dirigeants : «Sur la condition des femmes, sur la liberté d’expression, l’Arabie Saoudite, elle aussi, s’est mise en mouvement. Lentement, certes, mais qui ne serait impressionné par les changements qui se sont produits en quelques années, dans le respect de l’intégrité des lieux saints de l’islam, qui est une exigence avec laquelle le royaume ne peut pas transiger […].» Pas un mot sur la situation des droits de l’homme qui, selon le dernier rapport de Human Right Watch, est catastrophique.

«Milliards potentiels». Cet activisme va-t-il déboucher sur de gros contrats, sans doute le principal objectif de la visite ? «Sur l’ensemble de mon voyage, on est sur une quarantaine de milliards potentiels. Il faut poser les bases de ses contrats», a-t-il déclaré. Quand vont-ils être signés ? «Dans les prochains mois ou semaines.» Riyad ne va pas les annoncer sachant que George Bush est arrivé à peine le visiteur français parti. Cowboy texan ne risque-t-il pas de rafler contrats à «Cheval fougueux» ? Arrivé au Qatar hier soir, il se rendra dans la journée à Abou Dhabi, où la France projette de construire deux réacteurs EPR.

Sources Libération

Posté par Adriana Evangelizt

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