Sarkozy : Rompre, un art difficile

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Personnellement, nous ne voyons dans le changement de Sarkozy qu'une attitude pour gagner des voix... et arrivé au pouvoir, il fera ce qu'il a toujours eu envie de faire, démanteler la loi 1901 et tout ira à l'avenant...

Rompre : un art difficile

par Françoise Fressoz

Editorialiste aux Echos

Son Blog

 

 

Lui c’est lui, moi c’est moi ! » Nommé jeune Premier ministre en 1984, Laurent Fabius avait trouvé ces mots un jour à la télévision pour tenter de se différencier de François Mitterrand dont il était très proche.

« Lui c’est lui, moi c’est moi » répète aujourd’hui Nicolas Sarkozy en parlant de Jacques Chirac à la page 222 de son livre « Témoignage », qui sort aujourd’hui en librairie. C’est dire la complexité de leurs relations. Le long week-end du 14 Juillet les a mis tous les deux en scène, comme si, à droite, il n’y avait désormais plus qu’eux : Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Le président sortant et l’héritier rebelle. Gonflés à bloc tous les deux, autour d’un même credo : l’action. Le premier n’est pas encore à l’heure du bilan. Il veut agir jusqu’au bout, sans disserter sur « le sexe des anges » et ne dira qu’au cours du premier trimestre son choix pour 2007. Le second prépare la relève avec une égale détermination et a prévu de se faire introniser candidat en janvier par les troupes UMP qui lui sont entièrement acquises. Leur calendrier ne coïncide toujours pas, mais désormais ils se ménagent, et c’est la grande nouveauté. « Mes relations avec Nicolas Sarkozy sont très bonnes et ne posent aucun problème », a assuré le président. « J’éprouve de l’admiration pour les qualités de Jacques Chirac », lui répond Nicolas Sarkozy. On est loin, très loin des petites phrases assassines qui avaient émaillé les 14 Juillet précédents.

Des lors, le ton de la campagne électorale risque de ne pas être exactement celui auquel on s’attendait. Dans les premières années de sa conquête du pouvoir, le président de l’UMP avait beaucoup utilisé le mot « rupture », pour capter l’idée du changement et tourner la page du double mandat chiraquien. Aujourd’hui, il est davantage enclin à ménager le président et à se rapprocher du centre de gravité de la pensée française, « un libéralisme régulé » qui ne se confond pas avec le modèle anglo-saxon, dont il avait paru se faire le chantre en portant des thèmes comme la discrimination positive.

Plus l’échéance électorale approche, plus « Sarkozy l’américain » a tendance à redevenir « Sarkozy le chiraquien », en quête de la bonne synthèse pour se faire élire. Tantôt il donne des gages aux libéraux, tantôt il s’emploie à séduire les gaullo-sociaux, comme à Agen il y a quinze jours, en prenant ses distances avec l’euro fort. A ce rythme, la rupture risque de se transformer en mimétisme. Sauf qu’il reste tout de même un large champ sur lequel le challenger se distingue : l’art de gouverner. Un président en première ligne, pas plus de quinze ministres, des cabinets allégés, une administration impliquée dans les réformes, un gouvernement stabilisé, un Parlement revigoré. Et une campagne électorale qui doit servir à avancer des propositions « argumentées, précises, chiffrées ».

Voilà effectivement qui tranche avec ce qui s’est passé depuis 2002. Mais, sur ce terrain-là, Nicolas Sarkozy ne sera pas le seul à chasser. L’opposition aussi a très bien pris conscience de tous les changements qu’induit le quinquennat.

Sources : Le blog de Françoise Fressoz

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans Nicolas Sarkozy

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