Il était une fois la banlieue...

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Excellent article de Patrice Biancone. Parce que oui, la banlieue... on laisse traîner, sans vraiment rien faire pour que les choses s'améliorent et que fatalement ça couve...

Il était une fois la banlieue…


par Patrice Biancone

Donc il y aurait un emballement politico-médiatique. Le fait même de parler des banlieues reviendrait à exciter ceux qui ne demandent qu'à être excités. Ceux qui ont intérêt à ce que ces lieux de vie restent hors contrôle. Ceux qui ont envie de se frotter aux forces de l'ordre. Et ceux qui contestent la politique gouvernementale en laquelle ils voient avant tout une volonté de les faire taire et plier par la répression.

C'est caricatural comme analyse. C'est presque enfantin. Et surtout ça n'explique ni n'excuse la violence à l’œuvre, les autobus pris d'assaut et brûlés, l'effet Far-West, comme l'a dit un policier qui n'en revient toujours pas de ce nouveau seuil franchi par les bandes qui se livrent, par ailleurs, à une sorte de surenchère, l'essentiel étant d'entreprendre des choses toujours plus spectaculaires et, effectivement, de faire la une des journaux télévisés, parlés et écrits.

Une forme de gloire qui rejaillit sur toute la cité, pensent-ils en se trompant. Gloire à l'envers. Gloire d'être les premiers dans quelque chose, comme on est premier à l'école. Dans ce cas précis, l'identification ne se fait plus au niveau national, mais au niveau de sa propre banlieue. Ces jeunes là font passer leur territoire en premier. Ils sont de Clichy, de Montreuil, d'Athis-Mons, de Grigny ou de Bondy, avant d'être de France, ce qui montre bien que l'Etat n'a pas su faire en sorte qu'ils se sentent solidaires de la société dans laquelle ils vivent et qu'ils utilisent finalement, et sans discernement, comme un punching ball.

Mais combien de jeunes violents en banlieue, pour combien de jeunes qui désirent s'en sortir par le travail et un cheminement classique ? Les premiers sont largement minoritaires. Et ce sont les seconds qui subissent, depuis trente ans, l'indécision et l'inaction des gouvernements et tout particulièrement depuis novembre 2005, dates des émeutes urbaines.

Aujourd'hui, en France, on se méfie, en effet, plus que jamais, des banlieues. Et même si Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy, rivalisent et répètent qu'ils refusent les zones de non-droit, même si les contrôles ont été multipliés par trois, même si la présence policière est plus forte, la situation reste inchangée. Ce sont les plus modestes qui subissent. Ils subissent les affrontements avec la police. Ils voient leurs voitures brûler. Les entreprises s'éloigner toujours plus. Les transports publics attaqués et les chauffeurs décider d'éviter les banlieues agitées, ce qui, de fait, les transforment en ghettos.

Après cela, allez parler d'amélioration. Après cela, allez parler d'emballement politico-médiatique. Souvenons-nous que la première émeute urbaine a eu lieu en 1979, à Vaux-en-Velin. Souvenons-nous que dans les années quatre-vingt-dix, la situation n'a fait qu'empirer. Et qu'aujourd'hui, c'est tout simplement devenu invivable parce que le problème de fond, problème avant tout économique et social n'a pas été réglé. Et que c'est notre travail, le travail des journalistes de le dire avec ce risque d'être accusé de jeter de l'huile sur le feu et de participer à l'emballement.

Sources
RFI

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans ETAT D'URGENCE

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