De Védrine à Kouchner, le grand écart du président Sarkozy
De Védrine à Kouchner, le grand écart du président Sarkozy
par Richard Werly
Début avril. Hubert Védrine nous reçoit à Paris dans un des salons d'accueil du cabinet d'avocat Gide-Loyrette-Nouel, dont il est partenaire. Ironie: les fenêtres de ce splendide hôtel particulier du cours Albert-1er donnent quasiment... sur le Quai d'Orsay, de l'autre coté de la Seine.
Une sorte de clin d'œil au feuilleton de l'ouverture entamé par le nouveau président français dès son élection le 6 mai. Pour les Affaires étrangères, deux noms de gauche émergent alors très vite: ceux d'Hubert Védrine et de Bernard Kouchner. L'apôtre du réalisme d'un côté, le chantre du droit d'ingérence de l'autre. La suite est connue. C'est aujourd'hui Bernard Kouchner qui dirige le «Quai». Hubert Védrine, lui, a donné samedi dernier à Libération sa version des faits. «Nous avons eu une longue conversation le 8 mai avec Nicolas Sarkozy, explique-t-il, puis nous nous sommes vus trois jours plus tard. Je pense de longue date qu'en politique étrangère, il faut avoir une attitude bipartisane.»
Pourquoi, dès lors, ne pas avoir accepté? «J'aurais pu dire oui si j'avais obtenu une compétence très large sur la politique étrangère [...]. Nicolas Sarkozy semble favoriser une présidentialisation. Je n'étais pas l'homme de ce schéma.»
Même si elle n'est pas formulée, la critique est limpide: Bernard Kouchner a eu l'échine plus souple. On peut aussi juger que le choix du «French doctor» est tout simplement plus logique. Durant sa campagne, le nouveau chef de l'Etat français avait martelé la référence aux droits de l'homme et promis d'en faire un axe majeur. Or l'entretien ci-dessus, qu'il nous a accordé avant le premier tour, montre qu'Hubert Védrine est aux antipodes de cette conception de la diplomatie. Ce qui n'empêche pas plusieurs personnalités du monde humanitaire français, tel Rony Brauman, de MSF, ou Philippe Chabasse, de Handicap International, de regretter son réalisme. Avec lui, disent-ils, «il est toujours possible de négocier».
Sources Le Temps
Posté par Adriana Evangelizt