Sarkozy propose une expérimentation de 6 mois

CPE: Nicolas Sarkozy propose une expérimentation de six mois

Nicolas Sarkozy fait entendre sa petite musique en pleine crise du CPE. Alors que Dominique de Villepin campe sur ses positions, le ministre de l'Intérieur et président de l'UMP recommande une expérimentation de six mois du contrat première embauche.

Même s'il exclut de quitter pour l'instant le gouvernement, la question d'un départ anticipé du favori de la droite pour la présidentielle de 2007 est posée.

Jusqu'à maintenant, Nicolas Sarkozy, tenu à la solidarité gouvernementale, refusait de dire comment il aurait géré la crise s'il avait occupé la place de Dominique de Villepin. Le ministre de l'Intérieur rompt le silence dans un entretien à paraître jeudi dans "Paris Match".

"La sagesse serait que chacun se retrouve sur une expérimentation de six mois", déclare M. Sarkozy dans cet entretien réalisé samedi. "Si le CPE créée des emplois, pourquoi le redouter et pourquoi le refuser? Expérimentons! Evaluons de bonne foi avec les organisations syndicales, avec les organisations étudiantes", explique-t-il.

"A ce moment-là, trois solutions. Soit ça marche, et dans ce cas on le garde. Soit ça ne marche pas, et il est évident qu'on devra faire autre chose. Soit ça ne marche qu'à moitié et alors on le modifie. Et ainsi personne ne perd la face", ajoute M. Sarkozy.

Selon le "Canard Enchaîné" de mercredi, le ministre de l'Intérieur aurait proposé à Dominique de Villepin, qu'il a rencontré longuement dimanche en tête à tête, de suspendre le CPE pendant un mois pour pouvoir améliorer la loi.

Les suggestions de M. Sarkozy sont aux antipodes des propos tenus mardi soir par Dominique de Villepin devant les parlementaires UMP. Le Premier ministre, plus que jamais droit dans ses bottes, a exclu tout "retrait", "suspension" ou "dénaturation" du CPE. Sa rigidité a déçu les parlementaires qui attendaient de sa part une feuille de route pour renouer le dialogue avec les syndicats.

Selon ses proches, Nicolas Sarkozy lui-même s'inquiète de la tournure des événements, à la fois comme ministre de l'Intérieur chargé du maintien de l'ordre et comme candidat quasi-déclaré à la présidentielle. A 13 mois du rendez-vous de 2007, la crise peut anéantir ses chances de remporter l'élection présidentielle.

"Est-ce qu'on a besoin de déclencher une crise sociale profonde à un an de la présidentielle?", s'interroge le député sarkozyste Eric Woerth.

Nicolas Sarkozy n'a pas caché ses interrogations mardi devant la commission exécutive de l'UMP. "Il a dit que dans la situation politique actuelle, il fallait une réponse politique forte et qu'en tant que président de l'UMP il donnerait son sentiment", confie le député de Seine-et-Marne Yves Jégo.

Le ministre de l'Intérieur songe-t-il à reprendre sa liberté et à quitter le gouvernement si la situation empire? Dans "Paris Match", il répond par la négative. "On ne quitte pas un gouvernement sur une décision d'opportunité. On ne peut éventuellement le quitter que sur un désaccord de fond", explique-t-il.

Interrogé sur la date de son départ du gouvernement, M. Sarkozy répond que "ce sera une décision collective qui sera prise avec le Premier ministre et avec le président de la République" et que l'UMP choisira son candidat en janvier 2007.

"Sortir maintenant, ce serait prendre le risque d'être accusé de quitter le navire au moment où il prend l'eau", explique Manuel Aeschlimann, son conseiller chargé de l'opinion publique.

Reste que la question d'un départ anticipé est aujourd'hui posée. Depuis son retour aux affaires fin mai 2005, M. Sarkozy répétait à qui voulait l'entendre qu'il partirait fin 2006, début 2007. Ces derniers temps, il s'est refusé à donner une date pour "ne pas s'enfermer dans un calendrier".

En attendant, le ministre de l'Intérieur, "solidaire" du gouvernement "tout en étant différent", n'entend pas renoncer à sa liberté de parole. Deux interventions politiques sont programmées dans les prochains jours, samedi devant les nouveaux adhérents de l'UMP et lundi lors d'un meeting à Douai (Nord). AP

Sources : LA TRIBUNE

Posté par Adriana Evangelizt