Jacques Chirac va parler
par Julien Bordier
Après la mobilisation "historique" d'hier, les secrétaires généraux des syndicats ont adressé une lettre commune au président de la République pour lui demander le vote par le Parlement d'une "nouvelle délibération de la loi égalité des chances excluant l'article relatif au CPE". Le chef de l'Etat va s'exprimer bientôt
Malgré le raz-de-marée d'hier, Dominique de Villepin se montre inébranlable. "La République, ce n'est pas les préalables, ce n'est pas l'ultimatum", a-t-il lancé lors de la séance des questions d'actualité à l'Assemblée nationale, la voix couverte par les huées des députés socialistes. Le Premier ministre exclut tout retrait du CPE mais renouvelle son offre de dialogue aux partenaires sociaux pour aménager la mesure gouvernementale destinée aux jeunes de moins de 26 ans.
Les cinq confédérations syndicales ont décliné la nouvelle invitation du Premier ministre à discuter du CPE aujourd'hui sans le retrait préalable du texte. Les secrétaires généraux des syndicats ont adressé hier soir une lettre commune au président de la République pour lui demander le vote par le Parlement d'"une nouvelle délibération de la loi égalité des chances excluant l'article relatif au CPE".
Jacques Chirac s'exprimera "dans les prochains jours" sur le CPE, a répondu l'entourage du chef de l'Etat sans préciser la date ni la forme de son intervention.
"Revenir à la raison"
Jacques Chirac a annulé un déplacement prévu jeudi matin au Havre pour l'inauguration du nouveau port "en raison de l'actualité". C'est demain aussi que le Conseil constitutionnel examine le recours soulevé par la gauche sur la loi sur l'égalité des chances. Les sages doivent rendre leur décision sur sa conformité avec la Constitution dans la même journée. Si le Conseil constitutionnel valide l'article 8, celui qui crée le CPE, Jacques Chirac aura alors neuf jours pour promulguer la loi.
Le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, interpelle lui aussi le président de la République qui ne peut "pas prendre le risque d'un affrontement avec la majorité du pays". "S'il y en a un qui doit être soucieux de la cohésion nationale, c'est celui qui a été élu par 82% des Français en 2002", a estimé pour sa part le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault. "Ce qui serait attendu aujourd'hui c'est que, fort de cet appui républicain, il demande à son Premier ministre de revenir à la raison".
Douze organisations syndicales de salariés, d'étudiants et de lycéens doivent se retrouver aujourd'hui à 14h à Paris pour décider de la suite à donner au mouvement.