Pour MAM, la force devra pouvoir "ouvrir le feu"

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Pour Michèle Alliot-Marie, la force devra pouvoir "ouvrir le feu"

par Laurent Zecchini

Les conditions qui permettraient à la France de jouer un rôle important dans le cadre d'une force militaire d'interposition au Liban ne sont pas réunies, mais les autorités françaises étudient une telle perspective, et s'y préparent.

Michèle Alliot-Marie a supervisé le dispositif de la marine nationale qui est toujours en place entre le Liban et Chypre, et qui pourrait constituer l'élément précurseur d'une telle force.

Les quatre navires qui le composent continuent de livrer du fret humanitaire, que ce soit à la Force d'interposition des Nations unies au Liban (Finul), à la Fondation Hariri et à la population libanaise, via des organisations non gouvernementales. Et il reste, selon la ministre de la défense, environ un millier de ressortissants susceptibles d'être évacués.

La présence de ces navires, les relations historiques entre le Liban et la France, et le souhait du président Jacques Chirac de voir Paris jouer un rôle en faveur du Liban et au Proche-Orient poussent la France à s'impliquer dans le règlement de la crise libanaise.

Ce choix ne pourrait cependant être effectué que dans le cadre d'"un calendrier, comportant plusieurs phases" : la première, explique la ministre de la défense, c'est "un véritable cessez-le-feu", qui ne soit pas "un arrêt provisoire des bombardements".

La deuxième, c'est un accord politique entre les belligérants, qui comporte "des éléments de reconnaissance" (mutuels), permette au Liban de "retrouver totalement sa souveraineté", donne "des garanties réciproques aux uns et aux autres pour l'avenir" et créé enfin les conditions permettant à l'armée libanaise de remplacer le Hezbollah dans le Liban sud.

Si ces préalables sont levés, plusieurs solutions sont envisageables pour constituer une force d'interposition. Mme Alliot-Marie estime que le chiffre de 10 000 hommes, cité par Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, est trop faible.

Les experts militaires français évoquent une fourchette de 15 000 à 20 000 hommes, tout en soulignant que le "format" de cette force dépendra du contenu de l'accord politique, et de l'étendue de la zone qu'il s'agira de contrôler. En tout état de cause, elle devra disposer d'un mandat "robuste" : "Pas question de créer une Finul-bis : il doit s'agir d'une force internationale très importante et dont les missions sont précises. Elle devra être bien armée, disposer de capacités de tir importantes et de blindés. Elle devra être crédible et capable de se faire respecter par les uns et les autres", insiste Mme Alliot-Marie.

Pour cela, la force internationale devra être mandatée par l'ONU en référence au chapitre VII de la charte des Nations unies, "c'est-à-dire la possibilité d'ouvrir le feu".

Il faut changer de logique, explique la ministre de la défense : "C'est parce que l'on dit qu'elles ne doivent pas ouvrir le feu que toutes les forces de l'ONU ont des problèmes ! Rappelez-vous : qu'il s'agisse de la Monuc, en Ituri, de ce qui s'est passé en Côte d'Ivoire avec l'Onuci ou de la Finul au Liban, à chaque fois, vous avez des forces à qui l'on demande de faire respecter des choses pas très précises, sans leur donner les moyens d'être dissuasives."

Pour Paris, la force internationale devra non seulement préserver le cessez-le-feu, mais aussi contrôler les flux d'armes - sans qu'il s'agisse de désarmer le Hezbollah -, mais en faisant respecter la résolution 1559 de l'ONU qui prévoit le démantèlement des milices.

Le Hezbollah devra donner son accord, via le gouvernement libanais (où il est représenté). Cette force devra "être représentative de la communauté internationale", précise un expert du ministère de la défense, ce qui signifie qu'elle devra inclure les pays comme les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, mais aussi la Russie et des pays arabes, comme la Jordanie et l'Arabie saoudite. "Il faudra nécessairement un accord tacite de l'Iran", ajoute la même source.

Le statut de cette force reste incertain : s'agira-t-il d'une "coalition ad hoc", d'une force européenne exerçant son mandat dans le cadre des accords "Berlin plus" (une opération européenne bénéficiant des moyens et de la logistique de l'OTAN), voire d'une force européenne autonome... Sur ce point, rien n'est tranché.

"Il faudra que ce soient des nations qui aient des capacités et un réel savoir-faire militaire, explique Mme Alliot-Marie, qui s'engageront sur un nombre de troupes suffisant." Il faut en effet éviter le risque d'une "marqueterie" de pays apportant de faibles contributions, recette qui ne peut que nuire à la cohésion, et donc à l'efficacité de la force.

Sources : Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans LIBAN

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