Lahoud : "Que Chirac ne se mêle pas des affaires internes du Liban"

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Et bien on en apprend de belles... bien que nous sachions depuis longtemps que ce n'est certainement pas la Syrie qui a fait assassiner Hariri...

Le président Emile Lahoud analyse la situation de son pays et revient sur ses rapports exécrables avec son homologue français :

«Que Chirac ne se mêle pas des affaires internes du Liban»

Par Isabelle DELLERBA
Alors que vient de s'achever le Sommet de la francophonie à Bucarest, le président du Liban Emile Lahoud, qui n'y a pas été convié, revient sur l'incident et sur la situation de son pays.
Le président roumain Traian Basescu a affirmé que sa décision de ne pas vous inviter au Sommet de la francophonie relevait de son «choix personnel» . Pourquoi vous en prendre à Jacques Chirac ? 
C'est une histoire ancienne entre Jacques Chirac et moi-même. Il avait des intérêts personnels avec la famille Hariri depuis longtemps. A partir de 1998, après mon élection à la tête du pays, l'état de mes relations avec lui dépendait de celles que j'entretenais avec Rafic Hariri. Depuis son assassinat [en février 2005, ndlr], la situation a empiré. Chirac a dit à de nombreux pays amis de la France de me boycotter. C'est lui qui a fait en sorte que je ne sois pas invité à ce sommet. Il a toujours eu des contacts personnels au téléphone sur le mode : «Faites-moi ça. Donnez-moi ça.» Je le sais parce qu'il a essayé avec moi.
Si de nombreux pays occidentaux vous boycottent, n'est-ce pas plutôt parce qu'une commission d'enquête de l'ONU a pointé du doigt les responsabilités de dirigeants syriens et libanais dans l'assassinat de Rafic Hariri ? 
Dans aucun des cinq rapports de l'ONU n'est mentionné le nom du Président. Pourquoi le témoin clé dans l'assassinat de Rafic Hariri, Al Siddiq, qui est en France, n'a-t-il pas été extradé au Liban pour y être confronté aux quatre généraux arrêtés dans le cadre de l'enquête ? La France a d'abord dit que c'était parce que la peine de mort était en vigueur au Liban. Je me suis engagé à ce qu'il ne puisse pas être condamné à mort et, malgré tout, il n'a pas été extradé. Jacques Chirac craint une confrontation qui permettrait d'innocenter les quatre généraux.
Quel serait, en l'espèce, l'intérêt du président français ? 
Il cherche à renforcer ses amis personnels au Liban. Pourquoi depuis l'attentat qui a tué Hariri, personne ne s'intéresse aux véritables ennemis du Liban, à Israël, aux fondamentalistes extrémistes comme Al-Qaeda ? Je n'ai rien contre Chirac. Le problème, c'est qu'il prend les choses personnellement. On n'accepte ni mandat arabe, ni mandat français au Liban.
Vous avez pourtant très bien accepté la tutelle syrienne... 
 
 
Soyez sûrs que non. Qui était toujours en train de faire le beau devant les Syriens ? Messieurs Chirac et Hariri. Ce dernier allait là-bas trois fois par semaine. Chirac a demandé aux Syriens de rester au Liban jusqu'à ce qu'il y ait la paix au Proche-Orient. Je n'ai jamais tenu de tels propos.
Cette approche que vous qualifiez de «personnelle» de Jacques Chirac nuit-elle aux rapports franco-libanais ? 
Certainement. Avant, tous les Libanais étaient avec la France. Maintenant, la plupart ne le sont plus. Jacques Chirac n'a pas été juste dans son comportement envers les Libanais. Il a une politique partisane. Qu'il ait des amis, c'est son droit. Mais qu'il ne se mêle pas des affaires internes de notre pays.
Pendant l'été, la France a travaillé d'arrache-pied pour parvenir à un arrêt des hostilités au Liban... 
Dans le premier projet de résolution, elle s'est alignée sur la position américaine qui était contre le Liban. Le deuxième n'était pas juste non plus, mais nous l'avons accepté pour obtenir l'arrêt des hostilités.
Vous opposez-vous toujours au désarmement du Hezbollah ? 
Tout le monde sait que notre armée est incapable de faire face à l'armée israélienne. La seule façon de combattre et de vaincre Israël, c'est d'avoir une guérilla. Il faudrait être un traître pour vouloir retirer les armements à la résistance. Car le Hezbollah, c'est la résistance nationale.
La Finul doit-elle désarmer le Hezbollah ? 
L'armée libanaise prendra leurs armes si elle les voit mais elle n'ira pas les chercher. Les Israéliens vont quitter notre pays. D'abord parce que la résolution 1701 le leur demande, mais aussi parce qu'ils ne pourront pas dormir s'ils restent à l'intérieur du Liban face à la résistance nationale.
Qui pourrait vous succéder à la tête de l'Etat libanais ? 
J'espère que ce sera Michel Aoun. Car je suis sûr qu'il ne sera pas soumis à des intérêts personnels. Lui pense à notre pays.
Sources : Liberation

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans LIBAN

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