Sarkozy veut diviser MAM et DDV

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Nicolas Sarkozy veut diviser "MAM"

 et Dominique de Villepin

par Philippe Ridet et Patrick Roger


Le ministre de l'intérieur cherche à diviser le front anti-Sarkozy au sein de l'UMP. Alors que Michèle Alliot-Marie et Dominique de Villepin entretiennent le mystère sur leur possible candidature, il souhaite se concilier la ministre de la défense tout en rejetant le premier ministre dans le camp des diviseurs. Une opération menée en deux temps.

Houspillée par le président de l'UMP et sifflée par une partie des cadres jeudi 16 novembre pour avoir critiqué le programme législatif du parti, Mme Alliot-Marie a vu revenir à elle un Nicolas Sarkozy mieux disposé. Conscient de s'être montré ce jour-là un brin "macho" - alors que dans le même temps le PS choisissait une femme pour porter ses couleurs - le probable candidat a invité sa rivale à le rencontrer mercredi 22 novembre, suite à la lettre qu'elle lui a fait parvenir. La ministre de la défense s'y plaignait amèrement de l'absence de débat dans le parti. Il a également consenti, devant les députés UMP, à repousser "jusqu'à la dernière minute" la date du dépôt des candidatures UMP à la présidentielle. Une question qui devait être discutée mercredi lors d'un bureau politique ainsi que les modalités de la campagne interne.

Officieusement ouverte le 23 novembre et close le 5 décembre, cette période obligeait la ministre de la défense à inscrire sa démarche hors du parti. Mme Alliot-Marie ayant toujours affirmé qu'elle se déciderait "début janvier". En repoussant la date plafond, M. Sarkozy permet à l'ancienne présidente du RPR, qui ne souhaite pas rompre ses liens avec les militants, de se caler dans le calendrier de l'UMP, quoi qu'elle décide. Dans l'entourage de M. Sarkozy, on estimait "à fin décembre, début janvier" l'ultime limite de dépôt d'une candidature.

M. de Villepin n'a pas eu droit à autant d'égards. Lors de la réunion du bureau du groupe mardi matin, à laquelle n'assistait pas le premier ministre, des députés ont vivement condamné ses propos, dimanche sur France 5 ("Rien n'est joué") et ceux du ministre de la recherche Jean-François Goulard, le lendemain dans Le Parisien ("le programme de l'UMP est un programme attrape-tout").

"Je conseille aux ministres de réserver leur flèches aux socialistes et non à notre projet", a d'emblée attaqué Bernard Deflesselles, député des Bouches-du-Rhône. "Il y une quinzaine de trublions qui veulent tuer Sarkozy, a renchéri Henri Cugnenc (Hérault), mais nous sommes trois cent à vouloir le soutenir". Expliquant que la "confiance n'existe plus", certains élus ont carrément menacé de ne pas voter le budget. De son côté, le ministre de l'intérieur a expliqué que la "primaire" au sein de son parti avait lieu "depuis plus de deux ans", en référence aux embûches dont il estime avoir triomphé.

Devant ce risque d'embrasement, le président du groupe UMP, Bernard Accoyer, a joué les démineurs : "laissez-moi le temps de tenter une conciliation", a-t-il lancé à ses troupes en tentant d'organiser une réunion "rapide" entre le premier ministre, le président de l'UMP et la ministre de la défense.

"C'est Accoyer qui verra le premier ministre", a fait savoir le président de l'UMP, enterrant de facto le projet de ce sommet. Selon Le Figaro du 22 novembre, Jacques Chirac en personne était intervenu dans la matiné pour ramener le calme entre les belligérants en recevant successivement Mme Alliot-Marie et M. Sarkozy.

Indifférents aux efforts tactiques de M. Sarkozy, les partisans du premier ministre s'en tiennent à leur credo : la présidentielle se jouera en mars, et pas avant. Leur tactique : délégitimer le processus de désignation du "candidat autoproclamé de l'UMP".

Jean-Pierre Grand, député de l'Hérault, explique que "Dominique de Villepin, est un homme politique neuf, à qui on doit laisser le temps de faire passer ses idées". "Il faut faire comprendre à l'opinion publique que Villepin est disponible pour être candidat", renchérit Hervé Mariton (Drôme). Georges Tron (Essonne) ajoute ce distinguo : "Le calendrier du parti n'est pas celui de la présidentielle."

Du coup le premier ministre ne devait pas assister au bureau politique de l'UMP. Echaudés par celui de décembre 2005, où ils avaient imprudemment approuvé la procédure qu'ils dénoncent aujourd'hui, le premier ministre et ses proches veulent "banaliser" cet événement pour ne pas se lier à la décision qui en sortira...

Jusqu'où durera cette tension alors que les éléphants du Parti socialiste se rangent sans barguigner derrière Ségolène Royal ? "Jusqu'à la défaite", risque avec un sourire ironique, Dominique Paillé (Deux-Sèvres). Tandis qu'Eric Woerth (Oise) tente de ramener les élus à la raison : "Sarkozy c'est la meilleure machine à gagner qu'on ait eu depuis longtemps, il ne faut pas l'abîmer." Un avertissement tardif.



Sources
Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt


Publié dans Villepin Sarkhozy

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