Le retour du shériff

Publié le par Adriana EVANGELIZT

Quand Sarkozy prend un service d'ordre de 1000 têtes pour se déplacer à Marseille, par exemple, pendant ce temps les voleurs courent...

Le retour du shériff

par Pierre Laurent

Une fois encore, le ministre candidat Sarkozy vient de se livrer à une manoeuvre politique indigne et dangereuse sur le dos des habitants des banlieues, en particulier de Seine-Saint-Denis. Le moment qu’il a choisi n’est pas anodin. Mis en difficulté sur le dossier des sans-papiers, cherchant à faire oublier son affichage un peu trop clinquant au côté de Bush, soucieux de détourner l’attention de la privatisation de GDF qu’il va voter des deux mains avec ses amis de l’UMP, et surtout de plus en plus incapable d’expliquer le bilan désastreux de sa politique sécuritaire, Nicolas Sarkozy cherchait à tout prix le moyen de remettre au premier plan ses thèses répressives. Il vient de le faire en montant en épingle une lettre du préfet de Seine-Saint-Denis datant de trois mois et miraculeusement ressortie du placard, et en instrumentalisant l’incident dramatique qui s’est produit dans la cité des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes.

Le ministre a donc mis en scène toute la journée d’hier les réponses qu’il avait décidé d’apporter à l’agression de deux CRS d’une part, à la lettre du préfet du 9-3 de l’autre, entretenant sciemment le parallèle entre ces deux événements, ce qui est déjà tout un programme.

Ce qui est grave dans l’attitude de Nicolas Sarkozy, ce n’est pas que le ministre de l’Intérieur dénonce avec vigueur l’agression qui s’est produite à Corbeil, elle est effectivement gravissime. C’est que, alors qu’une agression de ce genre révèle un grave problème de montée des violences qui ne peut être résolu que par une politique menée dans la durée et en profondeur, le ministre de l’Intérieur continue de faire des déclarations dignes d’un shérif de western - « Nous irons chercher les agresseurs un par un » - qui non seulement ne résolvent rien mais alimentent elles-mêmes la rhétorique de la violence.

Ce qui est grave dans l’utilisation faite par Nicolas Sarkozy de la lettre du préfet de Seine-Saint-Denis, c’est qu’une fois de plus le ministre s’en sert pour coller aux habitants, aux salariés, aux jeunes de ce département une image de délinquants, alors que ce département lutte avec courage et créativité pour résister aux effets destructeurs des politiques menées par le gouvernement.

Ce qui est grave dans les déclarations de Nicolas Sarkozy, c’est qu’elles cherchent de manière délibérée à décrédibiliser la justice de ce pays, sans laquelle aucune politique sérieuse de prévention de la délinquance ni aucun État de droit ne sont possibles.

Ce qui est grave et irresponsable dans les nouvelles promesses renouvelées hier par le ministre en matière d’effectifs de police dans ce département, c’est qu’elles ne sont jamais tenues, pas plus que celles faites il y a plus d’un an à La Courneuve, celles réitérées pendant et après la crise des banlieues, pas plus encore que celles que l’on pourrait lister en matière de logements, d’éducation, de créations d’emplois. Et cette politique de mensonges et de démagogie nourrit la colère et le feu du désespoir sur lesquels Nicolas Sarkozy vient encore de jeter de l’huile.

Terrible ironie : dans la lettre qui a servi de prétexte au ministre de l’Intérieur, le préfet de Seine-Saint-Denis dénonce entre autres l’immobilisation de nombreuses forces de l’ordre pour encadrer des visites ministérielles, plus de cent cinquante par an, ce qui place le département dans le peloton de tête au niveau national. La visite de Nicolas Sarkozy s’ajoute donc à la liste. Elle est encore une visite de trop. Le 9-3 n’en peut plus des provocations, il attend des engagements, sérieux, tenus, élaborés avec ses habitants et ses élus, contrôlés par eux. Le mépris, ça suffit !

Sources : L'Humanité

Posté par Adriana Evangelizt

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